En incipit de ma chronique j’ai traficoté une présentation sur la Toile du Camion bulgare * un roman du Roumain Dumitru Tsepeneag :
Un sénateur obsédé par l'amère question de la candidature de trop et de la cessation définitive d'activité en vient à s'éprendre d'un jeune gilet jaune camionneur de son état, dans le contexte d'une Europe dégonflée, toujours moins capable de répondre aux intenses défis de sa marge orientale.
Entre Marguerite Duras et les calendriers érotiques des routiers…
* ironie de ma référence
MARGUERITE DURAS UNE FIDÈLE DU RÉSEAU MITTERRAND.
Par Claire Devarrieux
— 4 mars 1996
De la Résistance à sa mort, elle lui a voué une amitié indéfectible.
En 1985, un an avant la publication des entretiens avec François Mitterrand dans l'Autre Journal, où ils échangent leurs souvenirs sur la guerre, Marguerite Duras publie la Douleur. Elle y raconte le retour de déportation de son mari, Robert Antelme, que François Mitterrand a sauvé in extremis, à Dachau, lorsqu'il a accompagné les Américains à l'ouverture des camps de concentration. Duras raconte aussi comment, auparavant, elle est entrée en relation avec un agent de la Gestapo, dans l'espoir de faire libérer son mari. Puis, sous le nom de Thérèse («Thérèse c'est moi»), elle se met en scène en train de mener l'interrogatoire d'un «donneur»: c'est-à-dire qu'elle dirige la séance de torture.
C'est en 1943 que Marguerite Duras fait la connaissance de Mitterrand (alias Morland) et de son Mouvement national des prisonniers de guerre, et c'est par lui qu'elle entre dans la Résistance. Jusque-là, Duras survivait comme beaucoup d'intellectuels parisiens pendant la guerre, ni résistante ni collaboratrice elle était cependant secrétaire de la Commission de contrôle chargée de répartir le contingent de papier pour l'édition.
Antelme et les siens (il y a aussi Dionys Mascolo) forment le groupe de la rue Dupin, où la famille a un appartement. Y loge Marie-Louise Antelme, sa soeur, s'y cachent Dominique Arban et des membres du réseau, de passage. C'est là qu'ont lieu les réunions, jusqu'au 1er juin 1944. La Gestapo arrête Robert Antelme, sa soeur, Paul Philippe et Minette de Rocca-Serra (ces trois derniers meurent en déportation). Il s'en faut de peu que Mitterrand-Morland soit pris dans la nasse. C'est dans le livre de Pierre Péan sur François Mitterrand, Une jeunesse française, qu'on trouve le plus de détails sur la suite de l'histoire. »
[…]
« Duras traverse mai 1968 avec exaltation, passe les années 70 à dire: «Que le monde aille à sa perte, c'est la seule politique.» Quand Mitterrand est élu, en 1981, elle devient, non pas socialiste, mais «mitterrandienne»: «Parce que c'est une personne à part entière. Il n'a rien derrière. Il n'a pas d'argent. C'est une sorte de seigneur. De sa personne il est seigneurial, je trouve.» C'est une amitié à laquelle elle aura été indéfectiblement fidèle (elle était aussi fidèlement anticommuniste et contre la droite, «la droite la mort»), retrouvant un peu de forces, en janvier dernier, pour réagir ainsi à la mort du Président: «J'embrasse François Mitterrand, encore et toujours.»…
Claire Devarrieux
L’intégrale ICI
Revenons à notre sénateur Mélenchon grand admirateur de Tonton :
« Ce n'est plus un plaidoyer, c'est quasiment une déclaration d'amour. Pendant que la France fêtait le réveillon du nouvel an, le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, publiait sur sa page Facebook un long texte à l'honneur, ou plutôt à la gloire, d'Éric Drouet, qu'il compare à longueur de lignes à un héros de la Révolution française.
« La révolution citoyenne des gilets jaunes est une des meilleurs choses qui nous soit arrivée depuis si longtemps. L'histoire de France a pris un tournant qui a déjà ses répliques dans nombre de pays. Quel bonheur c'est là. Je m'amuse des ironies de l'histoire. Il y en a tant ! La plus suave c'est de voir l'action de monsieur Éric Drouet », écrit le député de Marseille qui estime que le chauffeur routier a su, avec d'autres, « se tenir à distance des pièges grossiers qui leur sont tendus à intervalles réguliers par les terribles adversaires qu'ils affrontent à mains nues ».
« La France est pleine de ces personnages qui marquent son histoire comme autant de cailloux blancs. C'est pourquoi je regarde Éric Drouet avec tant de fascination », poursuit l'élu des Bouches-du-Rhône, qui dresse un parallèle entre ce porte-parole des gilets jaunes et Jean-Baptiste Drouet, un révolutionnaire français qui a participé à l'interception de Louis XVI à Varennes en 1791. « Il a reconnu le passager. C'était le roi Louis XVI fuyant Paris, le peuple et la révolution. Son sang n'a fait qu'un tour ! Il alerte un copain et les voilà qui chevauchent à travers bois pour atteindre Varennes avant le fuyard », narre Jean-Luc Mélenchon.
Filant la comparaison entre la Révolution et le mouvement des gilets jaunes, l'ex-candidat à la présidentielle poursuit: ‘Sur le seul tableau à l'Assemblée nationale montrant un épisode de cette Révolution française, on le voit, lui Drouet, un pistolet à la main, menaçant le président de séance un jour où les sans-culottes parisiens avaient envahi l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Les sans-culottes exigeaient l'arrestation des députés qui servaient la soupe à un gouvernement protecteur des riches, fermé aux demandes populaires, inerte devant l'envahisseur après avoir provoqué la guerre ».
Et Jean-Luc Mélenchon d'insister dans son parallèle: « Ce n'est pas légal', hurlaient les réactionnaires de l'époque. 'Et alors? », demande Robespierre. La chute de la Bastille non plus, réplique-t-il, la proclamation de la fin de la royauté pas davantage ! De nos jours nous pourrions argumenter à l'inverse : « l'esclavage c'était légal, le droit de vote réservé aux hommes c'était légal, la monarchie présidentielle c'est légal, les privilèges fiscaux c'est légal, la suppression de l'ISF c'est légal, l'usage du glyphosate c'est légal ».
En conclusion de sa démonstration historique, le chef de file de la France insoumise joue encore de l'homonymie des deux personnages.
« Monsieur Drouet, on vous retrouve avec plaisir. Puisse cette année être la vôtre, et celle du peuple redevenu souverain. Puisse-t-elle être celle de la fin de la monarchie présidentielle, et du début de la nouvelle république. Sur le seuil de ce début d'année prometteur, pour saluer tous les gilets jaunes et l'histoire dont ils sont les dignes héritiers, je vous dis « merci, monsieur Drouet ».
Mélenchon exprime sa "fascination" pour Éric Drouet par Romain Herreros Journaliste politique au HuffPost. ICI
Pour qui, comme moi, a suivi pas à pas la trajectoire politique, quasiment sénateur à vie, du Mélenchon je suis fasciné par son art de s’écouter et de se foutre de notre gueule… Il y a du Marguerite Duras chez cet homme-là.
L’essayiste et ex-journaliste Jean-François Kahn estime, dans une tribune au « Monde », que le temps est venu pour chaque grand média de « mettre ses erreurs sur la table » à propos du traitement d’un mouvement qui « charriait le pire à côté du meilleur ».
Tribune. Pas de faux procès : non, Le Monde, au-delà des ambiguïtés esthétiques, n’a jamais voulu comparer Macron à Hitler. Pas de faux-semblant non plus : non, concernant le phénomène « gilets jaunes », il n’y a pas eu dérive de dernière minute.
Depuis le début, pour qui l’a observé de près de rond-point en rond-point, le mouvement des « gilets jaunes », en partie, mais en partie seulement, spontané, non pas apolitique (ce qui ne veut rien dire), mais expression des colères et aspirations ambivalentes du pays profond, amplifié d’abord par les extrêmes droites puis, rapidement, grossi par l’extrême gauche, portait à la fois le pire et le meilleur, le rouge et le noir, une générosité ouverte et des rancœurs fermées, un lumineux besoin de communion et la haine assassine du hors-communion, le « sublime et l’abject » comme l’a fort bien exprimé Christiane Taubira, ou plutôt le poignant et le poisseux, le vécu et le fantasmé. (Macron, rageusement exécré, étant trop fréquemment rhabillé, non seulement en agent des riches, mais aussi en homosexuel, en juif et en franc-maçon !)
Depuis le début… Simplement il y eut, pendant quatre semaines, une obligation, que certains médias, de tous bords, se firent à eux-mêmes, d’occulter la part du réel qui les dérangeait. Le Monde ne nous offrit-il pas une description idyllique de la belle « fusion », sur certains ronds-points, de militants lepénistes et mélenchonistes ?
Un mouvement effectivement et réellement populiste émerge
dimanche, 24 février 2008 / François Duboisy
Mélenchon admire dans Drouet numéro 2 – celui qui appelait à "marcher sur l’Elysée"- le héros à poigne, le surmâle qui, pour faire triompher son combat, n’est pas homme à s’embarrasser du "légal". Dans l’affaire de Varennes, c’est le roi, qui, en fuyant son trône pour s’allier à des ennemis de la France, s’était mis hors la loi.
Drouet numéro 1 n’avait fait au contraire que s’y conformer en la faisant respecter. Par la suite, il est vrai, le bouillonnant maître des postes fut plus conforme aux fantasmes turbulents de notre néo-montagnard marseillais. Elu député à la Convention en septembre 1792, il devint un des ultra assoiffés de sang et de violence qui ont fait la triste réputation de la vingtaine de mois qui ont suivi.
Il vote bien sûr pour la mort du roi sans sursis, sans appel au peuple, sans recours.
Il est bien sûr parmi les défenseurs acharnés de Marat quand la justice, à raison, demande au publiciste haineux de cesser ses appels au meurtre.
Il est derrière les sans-culottes, ces justiciers auto-proclamés qui prétendent représenter le peuple et ne représentent en fait que des factions outrancières qui font le coup de main pour chasser de l’assemblée ceux qui ne pensent pas comme eux.
Il va avec tout ce qui fait 1793, le robespierrisme, la justice d’exception, le règne de la force, la terreur, la guillotine.
Il épouse la période sinistre qui, prétendant parachever la révolution française, a failli noyer dans le sang les nobles principes qui la gouvernent, la liberté, l’égalité, la fraternité.
A part les nostalgiques des aimables tyrans soviétoïdes susmentionnés, on ne croyait pas qu’elle eût encore des fans. Rappelons donc au passage que c’est pour ne jamais la voir renaître que notre pays a peu à peu établi la démocratie telle qu’elle existe aujourd’hui. Elle repose sur les vertus de la délibération, elle suppose le rejet absolu de la violence, elle donne à chacun le droit de manifester pour faire entendre ses idées, à condition que cela soit dans le respect de l’ordre public et dans la paix. Elle repose sur l’Etat de droit, ce bien commun admirable et fragile, sur lequel M Mélenchon vient de cracher, avec une désinvolture qui laisse pantois.
François Reynaert
Histoires de Timbres N°19 - Jean Baptiste Drouet
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