J’ai lu, et vu c’est l’avantage de la BD y’a des images, La vie de Palais : Il était une fois les avocats... de Richard Malka pour l’écrit et Catherine Meurisse pour illustration.
Un régal !
Catherine Meurisse dit dans ses remerciements :
« Merci à Miren et à Richard, sans qui je continuerais de de confondre assesseur avec ascenseur, peine plancher et parquet, correctionnelle avec fessée. »
Richard Malka est avocat ICI
J’ai porté la soutane rouge d’enfant de chœur, noire pour les enterrements, mais je n’ai jamais compté les boutons que, garnements que nous étions, nous nous ingénions à faire sauter en nous déshabillant pour obliger les bonnes sœurs à les recoudre.
J’ai résisté de toutes mes forces à l’embrigadement du « Grand Inséminateur » qui voulait faire de moi un prêtre tonsuré (j’ai une tonsure naturelle).
La première robe d’avocat que j’ai croisé, en images, fut celle de Me Isorni orateur enflammé, brillant pénaliste défenseur du Maréchal Pétain lors de son procès. Le pépé Louis, Verdun-Pétain, en pinçait pour le Maréchal et sa Terre qui ne ment pas. J’ai lu son bouquin Requête en révision pour Philippe Pétain, Flammarion, 1950.
En feuilletant Paris-Match chez les Remaud j’ai suivi Me Floriot qui « utilisait une équipe de six avocats, connu sous l'appellation de l'usine Floriot. Doué d'une mémoire prodigieuse, il était renommé pour sa maîtrise des dossiers et pouvait mettre à la portée des jurés les cas plus complexes. Il fut, à son époque, probablement le plus cher des avocats parisiens. Il intervint aussi bien pour la défense dans les procès Otto Abetz, du docteur Petiot »
Le personnel politique de la IVe République, comme celui de IIIe , était bien pourvu en avocats, François Mitterrand en étant la figure emblématique.
Lorsque j’ai décidé de faire du Droit ce fut, soi-disant pour préparer le concours de l’ENA, mais mai 68 passa par là et ma vie pris un virage à 180°. Pour autant je n’ai jamais envisagé d’embrasser la carrière d’avocat, et encore moins celle de magistrat. Et pourtant je bénéficiais des cours d’un grand civiliste le Pr Cosnard, et ceux du lubrique Pr Bouzat auteur d’une lourde somme de Droit Pénal. J’ai pioché le Carbonnier.
Les raisons, aucune, ça ne m’a jamais traversé l’esprit.
Bref, pour terminer ma litanie d’avocats j’en citerai 3 :
- Gisèle Halimi fraîchement élue en 1981 dans l’Isère que mon patron, Louis Mermaz, président de l’Assemblée, me chargea d’encadrer pour canaliser son tempérament boutefeu.
- Robert Badinter j’étais au bas de la tribune de l’Assemblée lorsqu’il prononça son grand discours pour l’abolition de la peine de mort.
- Roland Dumas, dans ses fonctions de Ministre, j’étais son conseiller agricole à Bruxelles lors de la conclusion du Traité d’élargissement à l’Espagne et au Portugal. Il me recevait dans son immense bureau du Quai pour parler de son grand projet d’Institut de la fraise en Dordogne.
J’ai dévoré tous les livres Hanelore Caire
Enfin, j’ai été cité par Isabelle Saporta lors de son proçès en diffamation devant la fameuse 17e Chambre et j’ai pu assister au naufrage de l’impérieux et méprisant avocat du premier jurat de St Emilion.
J’oubliais, dans mon job de Directeur de cabinet, j’ai croisé une floppée d’avocats d’affaires, dont le plus actif était celui de Michel Besnier, le papa d’Emmanuel, Me Patrice Gassenbach ICI . Dernier détail, Tony Dreyfus, pilier de la Rocardie, avait son cabinet Bd Victor Hugo où il me prodiguait ses conseils.
Je manquerais à tous mes devoirs en ne citant pas la star du barreau estampillé vin nu, Me Morain, twitter compulsif, qu je croise lorsqu’il fait ses emplettes à Terroirs d’Avenir.
Lea BD se présente sous une forme originale : planche de gauche un texte pour instruire les ignorants, style « Votre Honneur », planche de droite, la vie trépidente de notre avocate stagiaire exploitée Jessica Chaillette qui a un petit côté Sandrine Kiberlain : Ariane Felder magistrate dans 9 mois ferme réalisé par Albert Dupontel en 2013.
Désopilant !
Difficile de vous en faire une présentation panoramique, mieux vaut qu vous l’achetiez.
Je pioche :
- Les 33 boutons de la robe ?
Mystère !
L’âge du Christ au Golgotha : « La robe d’avocat est d’abord un costume clérical, une soutane classique portée comme telle sous l’Ancien Régime. »
L’ « épitoge » herminée sur l’épaule gauche pour tous sauf les avocats du barreau parigots tête de veau qui s’en sont dispensés.
Pourquoi ?
Je ne sais pas, vais demander à Me Morain.
- Les grands films mettant en scène « d’héroïques avocats, gladiateurs des Temps Modernes
Autopsie d’un meurtre d’Otto Preminger
Le Mystère von Bülow de Barber Schroder
Philadelphia de Jonathan Demme
Le procès Paradise d’Hitchcock
La firme de Sydney Pollack
- Les mots savoureux
Les délicieuses répliques d’audience :
- L’avocat d’une banque : « Comment ? L’inculpé prétend qu’il est ruiné au point de ne pouvoir indemniser ses créanciers ? Á qui fera-t-on croire cela quand on voit l’avocat qu’il a pu s’offrir ? »
- Son confrère : « À voir l’avocat que la banque s’est offert, devonsnous conclure qu’elle est insolvable ?
- Ma chambre de presse
La fameuse 17e chambre
Des procès historiques y ont eu lieu, comme celui du stalinisme, lorsque le dissident soviétique Kravchenko poursuivit en 1949 un journal du Parti communiste qui l’ait qualifié de traître. Après trois mois d’audience, Kravchenko gagna.