Depuis les confins de l’est, mon commentateur préféré, à juste raison, me fait remarquer que ces derniers jours je ne suis pas gai, mes chroniques sont graves. Alors, ce matin je me suis dit mon vieux tu vas tremper ta plume dans la langue du neuf.3 et tu vas vanner grave.
Le temps et l’humeur du temps se donne des airs de 1789, le « peuple » cher à Mélenchon, grand admirateur de Robespierre, les gueux, bizarrement vêtus d’un gilet jaune imposé dans les bagnoles par l’administration, rêvent d’abolition des privilèges, montent sur Paris pour faire tomber le monarque républicain.
Nous connaissons tous cette célèbre citation, attribuée à Marie-Antoinette, qui aurait été prononcée pendant la disette de 1789 : « s'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche ! »
Elle est totalement apocryphe, une fake news dirait-on aujourd’hui. ICI
Le pain, dans ma Vendée crottée, le pain c’était sacré ; avant de l’entamer on y traçait une croix ; le dimanche le curé distribuait du pain béni pendant la messe ; jamais au grand jamais on ne jetait du pain rassis : on le trempait dans la soupe ou on en faisait du pain perdu.
Affirmer que le pain perdu était un plat de pauvres est à la fois vrai et faux, en effet les pauvres, souvent, ne disposaient ni d’œufs ni de lait ; pour moi c’était un plat de gens de peu, gagnant leur nourriture à la sueur de leur front, respectueux, se souvenant des temps de disette, les mauvaises récoltes…
Je redeviens grave, au sens propre, alors un peu d’Histoire :
Le pain perdu dit-on remonterait à la Rome antique. On trouve une recette similaire dans le livre d’Apicius datant du Ve siècle avant Jésus Christ. Les romains trempaient des tranches de pain dans du lait (et parfois des œufs) avant de les faire frire: c’est ce qu’on appelait le « Pan Dulcis ».
On retrouve la trace d’une même recette au XVe siècle à la cour d’Henri V où le « lost bread », comme il est appelé alors, est très tendance. Mais ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle que le terme French Toast apparaît en Angleterre en 1660 ans un livre intitulé The Accomplisht Cook, selon The Oxford English Dictionary.
Après la Grande Famine (1845-1851), les colons irlandais se rendant aux Etats-Unis et au Canada emportèrent le terme dans leurs bagages. En effet, la phrase « French toast « apparaît pour la première fois dans l’Encyclopedia of American Food and Drink en 1871, même si des recettes semblables étaient aussi appelées « Egg toast », « Spanish toast » et même « German toast ».
Mais l’explication la plus convaincante est que les French toasts aurait été appelé de la sorte car la référence française rendait le mets plus raffiné et permettait d’ajouter un ou deux dollars à son prix. C’est ce qu’explique Stephen Block, rédacteur en chef du Kitchen Project, site spécialisé dans l’étude des origines des recettes. « Traditionnellement aux États-Unis, nous avons une admiration pour la cuisine française que nous considérons élaborée et gastronomique. Et c’est probablement pourquoi ce plat a été baptisé de la sorte. C’est simplement du marketing. Le nom sonne bien et l’adjectif French lui donne une connotation qualitative. Aucune chance en effet que « Lost Bread » ait pu marcher. Et comme le plat a eu du succès et que la recette était facile, l’appellation s’est propagée. »
Ce qui tendrait simplement à confirmer que, dans l’esprit des Anglais à l’époque et des Américains ensuite, cela devait forcement être français si c’était bon. En tout cas la popularité du pain perdu est maintenant bien plus grande aux États-Unis qu’en France (allez en trouver dans un café en France !). Les French toasts ont même droit à leur journée nationale, le 28 novembre.
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Le lundi perdu
L’origine de la recette est souvent associée à la religion. Le pain perdu aurait été principalement consommé le premier lundi qui suit l’Épiphanie, surnommé d’ailleurs le « lundi perdu», car étant alors un jour chômé.
La tradition veut que l’on trempe des tranches de pain rassis dans un mélange de l’ait et d’œuf afin de l’imbiber complètement, puis, une fois égouttées, qu’on les cuise dans le beurre à la poêle. Saupoudrées de sucre, elles sont ensuite prêtes à être dégustées.
Chaque région de France s’est approprié la recette.
Dans le Périgord c’est « pain crotté », « pain ferré » dans le nord où la cassonade remplace le sucre blanc.
L’Anjou connaît une variante, le pain perdu au triple sec (Combier ou Cointreau).
La Basse-Bretagne connaissait le boued laezh (« nourriture de lait »), c’est-à-dire du lait chauffé avec du pain.
En Charente, le pain perdu est parfois appelé soupe-rousse probablement à cause de sa couleur une fois cuit.
En Normandie le pain perdu est flambé avec du pommeau de Normandie et servi avec de la confiture de pommes.
Au Québec il est surnommé « pain doré » traditionnellement accompagné de sirop d’érable.
En Turquie, il est consommé notamment au petit déjeuner appelé « Kızartma Ekmek » mais sa recette ne contient pas de lait, seulement des œufs contrairement à la recette française. Une autre différence est que le pain perdu est cuit dans de l’huile et non du beurre. Les turcs l’apprécient accompagné de différentes confitures.
En néerlandais, il peut s’appeler « gewonnen brood » : « pain gagné » (puisqu’il est récupéré).
En Espagne, la torrija est une sorte de pain perdu, généralement associée à la période du carême ; il y a des formes régionales. La variante d’Argentine et d’Uruguay s’appelle torreja.
En Suisse, on appelle aussi ce mets « croûte dorée ». En Allemagne, on parle de « Armer Ritter », ce qui veut dire « chevalier pauvre » et qui désigne un repas pouvant être préparé avec peu de moyens financiers grâce aux ingrédients bon marché. Au Portugal, le pain perdu est un plat traditionnel de Noël qui s’appelle les « rabanadas ». Au Mexique, on parle de « Pan Francés », ce qui veut dire bien sûr « Pain Français ».
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Question rituelle : on boit quoi avec ça ?
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Le surprenant mariage de 3 fruits à pépins, avec le nez floral du coing, l'acidité vivante de la pomme et la douceur en bouche de la poire. Un beau voyage au milieu des vergers de la Région de Fribourg.