Scène de liesse sur la pelouse du stade France finale de la Coupe de la Ligue gagnée par le FC Gueugnon 2 à 0 contre le PSG
Dans mon dialogue avec mes lecteurs, un vigneron bourguignon, m’écrivait à propos d’un article "NOS CAMPAGNES SE MEURENT" : À TONNERRE, LES "GILETS JAUNES" FONT ACTE DE PRÉSENCE ET DE DÉSESPOIR ICI
« Moins de taxe, moins d'impôts, mais plus de service public. C'est bien parce que personne n'a voulu trancher ce dilemme qu'on en est là. Et puis, tu as beau financer du social, ça ne redonne pas vie à une ville, à un canton. En rentrant de Bretagne, j'ai évité l'autoroute et traversé de la France dans la grande diagonale du désert. Ce n'est pas nouveau : déjà sous de Gaulle, on en parlait. Elle aboutit dans l'Yonne. Un département de misère : le plus bas niveau général de France. Un élu m'en parlait une fois : culturellement le désert. Économiquement, le désert. Politiquement le désert. C'est le résultat aussi d'une approche un peu trop préservée : Auxerre en son temps a refusé le train. Il fait venir des ouvriers, des gauchistes. »
« La mort des campagnes : elle n'est pas nouvelle non plus. A quoi est-elle due ? Autant à l'attentisme des autochtones qu'à l'incurie des élus, qui ne savent plus quoi faire comme disait un artiste engagé. Mais les politiques n'ont pas à savoir quoi faire. Nous sommes tous des politiques. Un exemple : les beaux-parents de mon frère habitaient Gueugnon. Petite ville industrielle, en train de mourir. Est proposée l'installation d'une usine. Manif, pétitions : elle n'est pas construite. Revendication : les maisons aujourd'hui ne valent plus rien. Il y a une inculture économique consternante chez les Français : tout ne se résout pas par la tête et la volonté. »
De ma Vendée crottée j’ai connu Gueugnon bien avant la Bourgogne des vignobles renommés. Comment : par le football, le FC Gueugnon avec ses couleurs jaune et bleu.
Ce club, fondé en 1940 c’est le tissu industriel local qui est à la base de cette terre de football. Pensionnaire pendant 37 ans de D2 (un éphémère passage en L1 en 1995-1996) et vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2000 face au PSG (2-0). Le dernier moment de gloire avant une descente aux enfers inexorable.
Pelouse impeccable, 14000 places assises dont une tribune refaite à neuf en 2008. « Qu'on explique aux contribuables que la tribune à 11 M€ ne va servir à rien! » tempête Vairelles, l'ex-manageur-joueur-actionnaire principal.
« Je pense qu'on ne s'en remettra jamais. Déjà, quand les forges ont fermé les robinets, ça a fait mal. »
C'était il y a cinq, six ans, Arcelor-Mittal, propriétaire des usines, entamait alors un processus de désengagement dans le club. Puis son repreneur Aperam a poursuivi sur cette voie.
L’histoire du Football Club de Gueugnon ICI
Durant les années 1950, l’usine des Forges se modernisa et atteint le summum de sa renommée, devenant no 1 mondial de l’acier inoxydable et embauchant 3 750 salariés vers 1960. Ce qui permit à la ville de Gueugnon, intimement liée au dynamisme des Forges, de connaître, elle aussi, son âge d’or.
C’est à partir de 1950 et ce jusqu’à la fin des années 1960 que furent construits un groupe d’immeubles dans le quartier des Gachères, la cité HLM des Riaux, route de Toulon-sur-Arroux, et celle des Bruyères, route de Digoin, soit des centaines de logements qui vinrent s’ajouter à l’offre immobilière de la ville, ceci afin de répondre aux demandes qui affluaient. En effet, la population ne cessa de croître jusqu'à atteindre son maximum en 1975, avec près de 11 000 habitants.
Gueugnon a vécu, à cette époque, une grande période de constructions collectives et individuelles. Les finances de la commune étaient presque entièrement consacrées à ces travaux et aux aménagements nécessaires : eau, gaz, électricité, égouts et voies d’accès aux nouveaux quartiers.
En 1977, le gouvernement Giscard-Barre décida une prise de participation majoritaire de l’État sur l’essentiel de la sidérurgie française, afin de redresser cette industrie de base.
Cependant, face aux succès des résultats de l’usine de Gueugnon, contrairement à la plupart des autres usines sidérurgiques qui connaissaient un début de déclin, les de Wendel furent autorisés à conserver quelques entreprises regroupées au sein d’une holding appelé CGIP, dont les Forges de Gueugnon faisaient partie.
Cette situation porta alors un rude coup aux forges de Gueugnon. L’entreprise se trouvait désormais impliquée dans une politique sidérurgique nationale sans en recevoir les crédits d’aménagement. Rapidement, les Wendel tentèrent de se désengager de la branche sidérurgique. Une grande partie du parc immobilier des Forges, soit près de 1 200 logements, fut vendue. Une énorme part du patrimoine des Forges fut alors abandonnée.
En 1976, une page historique des Forges de Gueugnon se tourna. Le laminage à chaud qui avait marqué pendant plus d’un siècle l’histoire des Forges se termina avec la fermeture des deux dernières lignes employant ce type de production.
En 1980, la filiale « Equipinox », située près du quartier des Gachères et produisant des enjoliveurs et des plats en inox haut de gamme fut fermée. Le personnel, en majorité féminin, fut intégré aux Forges.
Le 1er janvier 1983, les Forges de Gueugnon furent intégrées à « Ugine Aciers », filiale de Sacilor, et prirent le nom d’ « Ugine Gueugnon SA », société au sein de laquelle la CGIP des Wendel ne détenait plus qu’une minorité d’actions.
Le 1er janvier 1991, Ugine aciers de Châtillon et de Gueugnon devint Ugine SA qui comprend, outre l’ensemble de la branche aciers inox et produits plats spéciaux du groupe, celle des produits longs inox : Ugine-Savoie et Imphy SA devinrent alors des filiales d’Ugine SA. Le nouvel ensemble, avec ses autres filiales françaises et étrangères, représentait 12 000 personnes employées et son chiffre d’affaires était d’environ 15 milliards de francs.
Le 28 janvier 2006, Mittal Steel Company fit une offre publique d'achat hostile sur Arcelor pour 18,6 milliards d'euros alors qu’Arcelor n’avait que 17,6 milliards d'euros de fonds propres. Fin février 2006, après une hausse d'Arcelor, la capitalisation boursière des deux groupes était presque identique.
Le nouveau groupe Arcelor-Mittal devenait ainsi le numéro un mondial de la sidérurgie, avec 320 000 employés dans plus de 60 pays. Son chiffre d’affaires passa à 70 milliards de dollars. Le groupe est dirigé par le milliardaire indien Lakshmi Mittal, cinquième homme le plus riche du monde selon le magazine Forbes en mars 2007.
Au 31 décembre 2006, les forges de Gueugnon comptaient 1 173 salariés
En septembre 2011, l'effectif demeure toujours en baisse à 940 salariés. La capacité de production est de 340 000 tonnes d'acier par an. La production se concentre sur les bobines d'acier (80 % de la production).
La société Aperam Stainless France SAS est implantée place des Forges, à Gueugnon. C’est l’un des plus gros employeurs du département de Saône-et-Loire, avec 750 salariés.
Aperam produit de l'acier laminé qui est utilisé notamment dans l'aérospatial, l'automobile, le secteur médical, le bâtiment…
L’usine Aperam mise en demeure pour des rejets polluants illégaux
Que reproche-t-on à la tôlerie industrielle Aperam ? ICI
Les Gilets Jaunes sont les victimes indirectes de la désindustrialisation de la France.
La nouvelle taxe sur les carburants menace de faire exploser le pays. De partout s’élève un même cri : « Trop, c’est trop ! ». Les Français se sentent écrasés par les impôts et les taxes, et 63 % d’entre eux déclarent « avoir du mal à finir les fins de mois » (baromètre Kantar-Sofres).C’est, en effet, en France que la pression fiscale est, aujourd’hui, en Europe, la plus importante, les prélèvements obligatoires atteignant environ 48% du PIB, alors que la moyenne des pays de l’UE est à environ 39 % .
Cette pression fiscale anormale est d’autant plus mal ressentie que le PIB /tête des Français est très loin d’être un des plus élevés d’Europe. Nous en sommes à 38.476 US$/tête actuellement, alors que l’Allemagne en est à 44.469 dollars, le Danemark à 56.307 dollars, l’Irlande à 69.330 dollars, et la Suisse à 80.189 dollars. La France, dans l’UE, se trouve seulement en 11e position, selon cet indicateur de richesse, après avoir été dans les 3 premiers de 1960 à 1974.
Les gilets jaunes qui ont déclenché cette Jacquerie ne comprennent pas les raisons pour lesquelles ils ont des problèmes de fin de mois, et ils se retournent donc contre le jeune président pour lui demander des comptes. Partout fleurissent des pancartes « Macron démission ». Notre Président a commis deux erreurs majeures : d’une part, il n’a pas pris la précaution d’expliquer aux Français, en prenant en charge les destinées du pays, l’état réel dans lequel se trouve l’économie du pays, et, d’autre part, pour lancer son train de réformes, il a pris le problème à l’envers.
La France paye chèrement, aujourd’hui, les erreurs des gouvernements qui, depuis la fin de la période des Trente Glorieuses, ont laissé décliner notre secteur industriel : celui-ci ne représente plus, aujourd’hui, qu’à peine plus de 10 % du PIB, alors qu’il devrait se situer à, au moins, 18 %, la norme européenne étant à 20 %. Les effectifs de notre secteur industriel sont passés de 6,8 millions de personnes en 1980 à 2,7 actuellement, et l’on doit considérer qu’il nous manque environ 1,8 million de personnes dans ce secteur. Si ces effectifs existaient, le secteur des services se trouverait renforcé de 3,6 millions d’emplois supplémentaires, les économistes considérant qu’un emploi dans le secteur secondaire induit, au moins, deux emplois dans le secteur tertiaire. Le PIB de notre secteur industriel se trouverait majoré de 180 milliards €, et celui des services de 232 milliards € (car ces derniers ne seraient pas au même taux horaire), soit au total 412 milliards €. C’est le montant qui manque actuellement au PIB de notre pays, du fait des erreurs passées. Le PIB/tête des Français se situerait ainsi au niveau de celui des Allemands. Tout ceci, malheureusement, n’est pas été dit aux Français, d’où la Jacquerie qui ébranle le pays. Emmanuel Macron n’a pas voulu expliquer la situation très difficile dans laquelle se trouve l’économie du pays, sans doute pour ne pas dégrader encore l’image de la France dans le monde.
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