Les fous sont mes voisins à Sainte Anne et, à une époque de ma vie, j’ai formé le projet de la finir là-bas comme jardinier. Ce n’était pas si fou que ça en a l’air et, quand je vois ce que je vois, lis ce que je lis, entend ce que j’entends, je me dis que les fous estampillés comme tels ont parfois bien plus de talents que ces gens, comme dit Méluche, que les réseaux sociaux propulsent sur le devant de la scène.
Leur déni de l’intelligence me déprime.
L’ignorance portée à sa quintessence, la lâcheté des intellectuels qui se refont une virginité sur le dos de ce peuple dont ils ne sont pas, l’élite ou celle qui se dit telle qui panique, s’affole, court derrière ce peuple insaisissable.
Désagrégation, délitement, effondrement, l’accessoire avant l’essentiel, triomphe du moi je, de l’auto-proclamation, du clic, de l’œil des caméras fixés sur ce qui fait de l’audience, du fric quoi !
Je n’en suis pas !
Alors, je préfère me tourner vers les fous.
Qui n’a pas de failles, de fêlures, d’invisibles plis pourtant béants, de plaies cachées mais ouvertes, des petits vides ou des abyssaux « Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » écrivait Samuel Beckett et pouvons-nous soutenir que ceux qui ne tiennent pas d’une main ferme le gouvernail de leur vie sur le cap tracé pour les gens sans histoire, les couleurs de muraille, le tout-venant, les gens normaux, sont ceux qui font avancer le monde ?
Je ne le crois pas !
Me suis toujours trouvé trop normal, trop lisse : sur mon lisse tout glisse, trop terne : sans doute est-ce pour cela que j’arbore des chèches de couleurs vives, trop distant : toujours me protéger, ne pas me commettre, trop cérébral : convaincre, expliquer, chiant, si raisonnable quoi !
Heureux, bienheureux…
Les Béatitudes ce n’est vraiment plus dans l’air du temps… où les gagnants sont ceux qui ne s’embarrassent guère de sentiments. C’est cul-cul la praline, ça fait ricaner tous nos nouveaux puissants qui nous font de l’ombre avec leur stature en carton-pâte. Je me fous des ricaneurs :
« Heureux sont les fêlés car ils laisseront passer la lumière »
La lumière c’est la vie, elle nous a tiré des ténèbres extérieurs, elle nous a mis debout, fait lever le nez vers le ciel et les étoiles.
Penser !
Pourquoi diable d’ailleurs ?
Aimer alors ?
Que voulez-vous, je n’aime rien tant que celles et ceux qui prennent bien la lumière, rayonnent, transcendent ma petite vie… Grâce à eux mes folies intérieures et bien ordinaires prennent du relief, des angles, des aspérités qui suffisent à me garder en vie.
Par bonheur restent encore quelques fous qui m’aident à vivre, nous aident à vivre, par leurs écrits, par leurs tableaux, par leur musique… leur génie… leur talent…
Marija Novakovic est née en 1885 à Zagreb d’une mère d’origine et d’un père austro-hongrois qui était officier.
Lorsqu’elle était enfant elle se serait montrée douée pour la peinture. L’histoire raconte qu’un jour, elle avait dessiné la tête d’un renard rouge et son oncle voyant le dessin lui aurait dit qu’elle serait un jour un peintre célèbre. Mais elle voulait avant tout se consacrer à la musique. Elle fit des études musicales au conservatoire de Viennes et devient professeur de piano.
Autodidacte en peinture elle a toutefois eu une formation artistique de musicienne, chanteuse, danseuse et professeur de piano. Elle consacra toute la première partie de sa vie à sa carrière musicale. Il semblerait que ce soit l’aggravation de sa maladie qui l’ait amenée à se tourner vers les arts plastiques.
[…]
C’est vers 1936, âgée alors de 51 ans que Marija Novakovic commença à dessiner et à peindre spontanément. La peinture fut pour elle l’unique moyen d’améliorer son état mental, n’ayant jamais eu de traitement médicamenteux ou d’autre thérapie, selon son entourage médical.
Le seul texte publié à son sujet, révèle que la peinture était pour elle une consolation dans la maladie. Elle était décrite comme très nostalgique de son existence créatrice, intelligente, très cultivée, dotée d’une fantastique mémoire, d’un grand sens de l’humour et d’une fabuleuse imagination.
[…]
Les sept œuvres que compte la Collection sont issues d’un don du professeur Dézidor Julius de Zagreb. Cependant deux écrits de Robert Volmat, de 1956 et de 1957, citent des œuvres et des titres d’œuvres que l’on ne retrouve pas dans la Collection.
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Musée d'Art et d'Histoire de l'Hôpital Sainte-Anne (MAHHSA)