J’attends en vain le retour des hirondelles, nos bobbies à nous, avec leur longue pèlerine bleu marin qui flottait au vent et leur bâton blanc.
Les agents cyclistes furent créés par le Préfet de Police Louis Lépine en 1900 pour assurer une surveillance de nuit dans les quartiers de Paris. Leur efficacité entraîna la création d'une Brigade cyclistes en 1901 et leur surnom « Hirondelles » leur fut donné parce que leur vélo de marque Hirondelle fabriqué par Manufrance.
La Manufacture française d’armes et cycles de Saint-Étienne, son célèbre catalogue, la triste fin de son histoire en 2001. Les hirondelles furent commercialisées des années 1900 aux années 1960. Des motocyclettes Hirondelle furent également fabriquées par Manufrance dans les années 1950.
Chaque arrondissement de Paris était pourvu de trois brigades cyclistes de quatre agents, placés sous l'autorité d'un sous-brigadier. Ils achetaient leur vélo pour lequel une indemnité leur était versée.
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« Mais, de son commissariat de Bagnolet, puis de Montreuil où il était hirondelle, il patrouillait dans les rues et les chemins de terre des Buttes à Morel pour maintenir la paix entre les bandes rivales, qui s'affrontaient à Montreuil et à Bagnolet. »
« Comme il tenait mal le pastis, il continuait son cirque en plein air, rue Fontaine ou rue de Douai. Des hirondelles l'encadraient et l'emmenaient au quart où on l'enchaînait, par les mains, au radiateur. »
« Les flics, on les appelait les « Hirondelles », toujours en couple, juchés sur leurs grands vélos. Deux pèlerines très vastes, filant à grande vitesse à califourchon sur un vélo grinçant, casquette de contrôleur SNCF à l'envers. »
Bien sûr, je croise sur le pavé de Paris des policiers en VTT, la brigade a été créée en 1990. Mon Dieu, doux Jésus aurait dit ma couturière de mère, qu’ils sont mal fagotés ! Ils se la pètent un peu, moins que ceux en rollers, et ils ne donnent pas aux citoyens le même sentiment de sécurité que les braves hirondelles du passé.
Après ce petit couplet souvenirs, revenons AUX AGENTS.
L’agent est ici un intermédiaire entre la production et la vente.
Les plus anciens sont les agents artistiques qui interviennent dans plusieurs domaines tels que la musique, le cinéma, le théâtre et la mode…
Les nouveaux arrivés sont les agents du football où l’argent coule à flots. Joueurs, entraîneurs, clubs ont des agents.
En clair, là où y’ a du blé à piquer sur le mercato y’a des agents par milliers.
10 % sur 180 millions d’euros ça fait un beau magot.
Le 31 août 2017, le Paris Saint-Germain arrachait le petit prodige à l’AS Monaco pour 180 millions d’euros.
L’agent se rémunère en effet à, l’aide d’une commission, un pourcentage sur le volume de ventes qu’il amène à son client.
Ce n’est pas nouveau mais la prolifération des agents dans le petit monde du vin, surtout nature, bio, biodynamie, intermédiaire entre des vignerons et des cavistes, loin des centrales d’achat de la GD ou des cavistes intégrés type Nicolas, m’interroge.
Bien sûr, l’éparpillement des vignerons et des cavistes, les petits volumes, la concurrence entre vignerons d’une même région – oui, oui, camarades ce mot honni traduit une réalité – celle entre cavistes, l’inorganisation qui se traduit par une absence d’allotement générant des coûts logistiques élevés, la recherche de notoriété, rendent la fonction d’agent utile.
Tous ces surcoûts mis bout à bout se retrouvent dans le prix des bouteilles ou, dit autrement, font que ce qui revient au vigneron est bien éloigné de ce que paye le consommateur final.
Est-ce une fatalité ?
Ce n’est pas simple ce qui ne signifie pas qu’on ne puisse pas y apporter des remèdes.
Le bon chemin pour les élaborer passe par ce qui fut l’une des armes des paysans face à la toute-puissance des intermédiaires : le mutualisme et la coopération.
Deux belles idées assassinées par les hiérarques des organisations professionnelles agricoles qui, malheureusement, agissent comme des répulsifs pour beaucoup de vignerons.
Pour autant, elles restent toujours des idées neuves pour qui veut bien les prendre et les utiliser à bon escient.
Délaisser la fonction commerciale, la confier à d’autres, a toujours été chez les paysans la pierre d’achoppement, la réinvestir fait partie du chantier de ce que l’on qualifie trop facilement de retour des circuits courts. Là encore, certaines belles âmes en profitent pour se sucrer au passage.
Mon pépé Louis détestait les intermédiaires, pour lui c’étaient rien que des maquignons, ceux qui lui mangeaient la laine sur le dos, le roulaient dans la farine en jouant de leur connaissance de l’état du marché, il leur réservait les injures les plus gratinées de son vocabulaire.
Pour les révolutionnaires assis bien au chaud je rappelle que dans l’Ouest, avec Bernard Lambert, la gauche paysanne, les Paysans Travailleurs ancêtres de la Confédération Paysanne, a lutté contre les cumulards, ces marchands de bestiaux enrichis qui trustaient les meilleures prairies au détriment des paysans.
De cette époque préhistorique je garde une forme d’aversion pour ceux qui, dans l’indispensable liaison entre le producteur et le vendeur final, se contentent de vivre sur la bête, prennent peu de risques, empochent une belle commission en rendant un service minimal, profitent de leur position pour privilégier certains de leurs clients.
Comme je n’ai ni les moyens, ni l’envie de réaliser une enquête sur la fonction d’agent dans le monde du vin et que ceux qui se targuent d’être des journalistes du vin n’auront ni le courage ni les moyens de la faire, j’en reste là.
Attention, lisez-moi bien, je ne mets pas tous les agents dans le même panier, ce serait alors, comme on dit, un vrai panier de crabes.