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27 novembre 2018 2 27 /11 /novembre /2018 06:00
Charles Huard Bouvard et Pécuchet

Charles Huard Bouvard et Pécuchet

Que Basile Tesseron du château Lafont-Rochet déclare haut et fort, pour que ça se sache, à la RVF, qu’il abandonne la culture en bio de son vignoble car il estime que l’utilisation du cuivre est nocive, c’est son droit le plus strict, et pour ma part, comme le disait finement le Grand Jacques « cela m’en touche une sans faire bouger l’autre. »

 

Je n’ai donc pas participé à la foire d’empoigne qui s’en est ensuivie, petite tempête dans un petit verre d’eau sans grand intérêt sauf pour les supplétifs, le menu fretin de la critique, qui y a trouvé l’occasion de monter au créneau pour pourfendre les défenseurs du label Bio officiel déjà bien à la peine avec le renouvellement de l’homologation du cuivre par les instances communautaires.

 

La première charge que j’ai lue est celle hallebardier qui mange à tous les râteliers : Lundi 19 novembre 2018 Basile, le bio et la patrouille  ICI 

 

J’ai adoré ce passage :

 

Panique électronique

 

« Le plus ennuyeux, c’est que la charge est menée par trois vignerons que j’aime beaucoup, autant que leurs vins respectifs, c’est dire. Des garçons intelligents avec des vraies convictions et toute ma considération depuis longtemps. Pour ne pas déclencher une nouvelle panique, je ne mentionnerai pas leurs noms. Il suffit de savoir que l’un est le roi du bordeaux sup’ de haut vol, le second est le king du bio très bon à Pomerol et le troisième, la nouvelle étoile qui brille dans le ciel de Saint-Émilion. Ceux qui savent, savent. Évidemment, leur notoriété et la qualité de leurs productions respectives agrègent autour de leur avis, une foule d’indignés en chewing-gum qui y vont tous de leur aigreur et n’ont pas de mots trop forts pour qualifier les propos de Basile. Je comprends bien que ces garçons défendent leurs convictions, mais Tesseron ne les attaquait pas et ce qu’il dit est mesuré, intelligent, lisible. On peut certainement en débattre, sûrement pas lâcher les chiens. Je connais Lafon-Rochet et Basile depuis plus de dix ans et je l’ai toujours vu se passionner pour plus de propreté dans ses pratiques culturales. »

 

La conclusion de ce bel esprit est à la hauteur de qui se dit journaliste dans le monde du vin « il n’y a pas de quoi fouetter un chat et ceux que le sujet intéresse pour de vrai, comme moi, adorerait lire un vrai débat sur le sujet. Dommage, il n’a pas eu lieu. »

 

Engagez-le donc ce débat camarade ! Qu’est-ce qui vous en empêche ?

 

Et puis le 24 novembre 2018, alors que le gris du ciel et les gilets jaunes me maintenaient cloîtré chez moi je suis tombé sur un monument, que dis-je une pépite, un besogneux exercice d’un plumitif qui fait des phrases boursouflées, bardé d’une culture très Wikipédia. Le titre de ce plaidoyer :

 

De la légèreté des débats – le cas Lafon Rochet

 

Je vous laisse le soin de lire ce plaidoyer qui fleure bon le réquisitoire ICI mais je ne résiste pas au plaisir de citer la chute qui vire à la défense et illustration de l’auteur. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. En plus, pour une fois, c’est gratuit.

 

Quelle que soit la cause, l’idée ou la rengaine, n’est-il plus possible dans notre mondovino de dire les choses sans être conspué par la politique de la pensée, la Stasi vinaire, la bien-pensance oenophilie ? D’autant que les commissaires sont souvent les défenseurs d’une cause commerciale que la sainteté dans laquelle les ont drapés leurs thuriféraires aveugle bien des consommateurs plutôt sincères.

 

Que l’on soit pour le bio, ce qui semble être un mouvement de fond et totalement dans l’esprit du temps, ou contre le bio, ce qui en soit est respectable, peu importe. Le seul élément de discussion que nous devrions avoir est la qualité du vin, sa force, son impression, sa beauté. En se conspuant ainsi, les acteurs du monde du vin jouent le jeu des abstèmes de l’ANPAA qui doivent rire à gorge déployée et attendre sagement que les consommateurs, dégoutés par tant d’engeances, se tournent vers d’autres cultures vivantes.

 

J’ose à nouveau en guise de conclusion, mettre en avant les mots du poète romantique Heinrich Heine. À son ami qui lui demandait pourquoi l’on ne bâtissait plus d’édifices comme la cathédrale d’Amiens, il répondit : « dans ces temps-là, les gens avaient des convictions. Nous, les modernes, avons des opinions. Il faut plus que des opinions pour construire une cathédrale ».

 

En s’écharpant sur la toile, en dénaturant le propos d’autrui, en conspuant le camp adverse, en accusant qui de collusions, qui d’infatués publicitaires, nous nous apercevons que le mondovino est mu par des opinions de pensées aussi futiles et éphémères. Guidé par la pensée, par les opinions par nature éphémères, le débat est un encéphalogramme plat. C’est bien dommage. Alors que nous avons besoin de profondeur, nous nous satisfaisons de légèreté.

 

 

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