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1 décembre 2018 6 01 /12 /décembre /2018 06:00
L’antre du Lapin Blanc mène à tout y compris à l’Ecole Normale supérieure de la rue d’Ulm, j’y étais hier au soir pour 1 colloque Sauvegarde de la biodiversité et démocratie : les enjeux d’une transformation et, à mon grand regret, je n’y ai pas croisé le fantôme d’ « Althusser à rien »

Parmi la foule immense de mes lecteurs fidèles se détache un certain PAX qui, accompagné de sa légitime épouse, se hissa un beau soir jusque en haut de la côte de Ménilmontant pour se restaurer au Lapin Blanc de la Claire qui maintenant s’initie à la culture des carottes et des navets.

 

En ce haut-lieu incertain, aujourd’hui disparu, autour de verres de vin nu, de solides nourritures, se tissèrent des amitiés, se nouèrent des liens entre des « gens », comme le dit Mélenchon, qui ne se seraient jamais rencontrés si cette tanière d’altitude, ce bouiboui, ce rade, n’avait pas existé.

 

C’est ainsi que votre serviteur y a rencontré un bel esprit, de la bonne graine d’intellectuel, répondant au nom de Jérémie Ferrer­ Bartomeu, pour faire court : comment un vieux rocardien non révisé pouvait-il cohabiter avec un jeune tenant de la nuit debout ?

 

Mystère des atomes crochus, d’une forme de respect mutuel, de jeu de l’esprit, bref le sieur Jérémie Ferrer ­Bartomeu et moi sommes amis sur Face de Bouc où nous échangeons des plaisanteries de garçon de bain à propos du poireau du 78 rue de Varenne.

 

L’autre matin, ce coquin m’a hameçonné sur Face de Bouc pour que j’aille à un colloque :

 

Sauvegarde de la biodiversité et démocratie : les enjeux d’une transformation

 

Le Jeudi 29 novembre à 19h00 Salle Dussane, 45 rue d’Ulm à l’Ecole Normale Supérieure

 

Avec :

Bruno David, paléontologue et président du Museum national d’histoire naturelle

Barbara Pompili, députée LREM de la Somme et présidente de la Commission du développement durable et à l’aménagement du territoire

 

Après moult échanges j’ai cédé en me disant qu’aller respirer l’air de Normale Sup me ferait du bien.

 

D’un côté, les populations de vertébrés ont diminué de 60% depuis 1970 et les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse, une baisse d’environ un tiers depuis 1990. Un océan de plastique est né au milieu du Pacifique. Le dernier rapport du GIEC explique, lui, que même si l’accord de Paris était respecté, les conséquences du réchauffement climatique seront catastrophiques.

 

De l’autre, la programmation pluriannuelle de l’Énergie va être révélée, la loi Alimentation a été votée, mais pas l’interdiction du glyphosate, qui le sera cependant d’ici la fin du quinquennat si l’on en croit les engagements de l’exécutif. Quant à la hausse des prix des carburants polluants, elle suscite une levée de bouclier d’une ampleur inattendue.

 

Le politique a-t-il pris la mesure de l’enjeu ? Dispose-t-il seulement des leviers pour mener une action réellement efficace lorsqu’il s’agit de sauvegarder l’avenir de l’humanité en préservant son milieu naturel ?

 

En effet, face à cet enjeu global, que peut le politique à l’échelle nationale ? Peut-on encore changer de modèle agricole ? Faut-il mettre en cause le modèle économique dominant comme l’a déclaré Nicolas Hulot lors de sa fracassante et médiatique démission ?

 

Sommes-nous réellement entrés dans l’ère de l’anthropocène, ce nouvel âge géologique où les activités humaines sont le principal moteur du changement ? Peut-être faut-il même parler de « capitalocène », où le capitalisme serait seul responsable, et appeler à un changement radical des modes de production ?

 

En matière d’environnement, comme sur les autres sujets, il faut que les différents secteurs de la société puissent faire valoir leurs intérêts particuliers auprès des décideurs politiques. C’est le propre du débat démocratique et de l’élaboration des normes communes. Mais quelle est la limite entre la légitime prise en compte des intérêts privés et la soumission à des groupes de pression organisés qui détournent l’action politique à leur profit par un lobbying intense et toujours plus efficace ?

 

Autant de questions qui touchent non seulement aux fondements de nos sociétés démocratiques, mais à la possibilité même de leur pérennité. L’enjeu, au fond, c’est notre disparition en tant qu’espèce. L’effondrement a-t-il déjà eu lieu, peuton encore nourrir quelque espoir de changer le cours des choses ?

 

ICI 

 

 La rue d’Ulm est à 10 mn à vélo de chez moi.

 

Cette rue éveille en moi des souvenirs personnels, l’Institut Curie, j’arrive devant le 45 et je constate que les jeunes pousses au crane bien fait sont des adeptes du vélo, ça me rassure.

 

J’entre dans le Saint des Saints, fais une photo avant de gagner le couloir où s’étend une queue d’attente.

 

 

Sur le mur une belle affiche. Je plaisante avec les deux jeunes, une fille et un garçon, qui me précèdent « Faire la queue ça me rappelle les beaux jours de l’URSS… » J’ajoute pour rassurer le garçon « Bien sûr vous n’avez pas connu l’URSS… » Il sourit avant de me répondre « Vous êtes libéral… » Je lui réponds que non, et lui offre un petit laïus sur le socialisme réel au bilan globalement positif. La jeune fille ne dit rien, c’est le garçon qui me pose des questions et j’y réponds volontiers sans me la jouer vieux sage.

 

Bref, nous pénétrons enfin dans la salle, madame Pompili nous annonce-t-on aura un peu de retard.

 

La salle s’emplit de  jeunes têtes bien faites, je dois être le patriarche de la séance.

 

Le colloque commence par les présentations d’usage, très universitaires, je me dis que je vais prendre des notes. Ce que je fais.

 

 

Le Président du Muséum est précis et concis ; madame Pompili, pour être gentil, nous sert un petit discours d’élue de la majorité après avoir été secrétaire d’Etat à la biodiversité sous le mandat du gros Flamby qui fait maintenant l’intéressant avec les gilets jaunes ; normal pour un pratiquant assidu de scooter.

 

Ce discours, très jérémiades, me chauffe les oreilles, je rumine et lorsque vient le temps du dialogue avec la salle je dégaine une question qui ravit ce diable de Jérémie. Je ne vous en donnerai pas la teneur afin de satisfaire ceux qui me reproche de trop ramener ma fraise et d’étaler mon expérience, de nos jours ce n’est plus de saison.

 

 

Les questions des jeunes gens sont pertinentes, je goûte sans retenue le plaisir de me faire du bien à la tête.

 

Tout à la fin, je salue Nicolas Iommi Amunategui le frère d’Antonin et Olivier Christin, directeur du CEDRE, ancien élève de l’ENS, professeur d’histoire moderne à l’Université de Neuchâtel, Directeur d’études à l’EPHE et ancien président de l’université de Lyon 2.

 

Et puis Jérémie me dis, et si tu venais dîner avec nous ? J’hésite, me retrouver au milieu de si beaux esprits. C’est au Mauzac , alors je dis oui.

 

On se met à table, nous sommes rejoints par Ariane Chemin du Monde et, bien sûr, l’essentiel de la conversation tourne autour des gilets jaunes. J’écoute, oui j’écoute, ça m’arrive, je me dis qu’ils ont la même fraîcheur et naïveté que moi en 68 mais les temps ont bien changé.

 

Les vins un Côtes-du-rhône et un Bordeaux estampillés bio sont très patapoufs, ça m’évite de picoler.

 

Je rentre chez moi requinqué.

 

C’est bien joli tout ça mais à quoi ont servi tes notes camarade ?

 

À rien, à les relire ce ne sont que des scories et je ne sens pas la force d’y mettre du liant, trop gros travail pour un résultat qui sera décevant.

 

Et puis, je me dis pourquoi tu te décarcasses pour te voir ensuite accusé par les éternels contempteurs de la Toile de te complaire dans l’évocation de ta vie, ton oeuvre...

 

Bosser gratos c’est déjà pas mal mais je dois avouer que certains me gonflent avec leurs œillères, je ne plaide pour aucune chapelle, je tente de proposer, à qui veut bien prendre la peine de lire, des pistes de réflexion.

 

Bien sûr c’est plus chiant que de s’envoyer des horions sur les réseaux sociaux.  

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commentaires

P
N'a t il pas de la gueule notre cher Taulier, le micro à la main ? Si, déjà souvent cité, Frédéric Schiffter observe et conclut que la beauté des femmes éclot à l'automne on peut rétorquer que l'homme n'est pas en reste. Regarder les gueules plus que grisonnantes des Peter O'Toole, Michael Caine , du regretté Jean Rochefort ou encore ce fou de Jean Pierre Marielle mais aussi Claude Rich. Ils ne s’y trompent pas les metteurs en scène qui comme Patrice Lecomte les réunis dans Les Grands Ducs ou continuent à leurs trouver des emplois. Faisons mentir Gabriel Garcia Marqués : « Nous sommes vieux. L'ennui c'est qu'au-dedans on ne le sent pas, mais qu'au dehors tout le monde le voit. » ( in Mémoires de mes putains tristes – 2004)<br /> La classe vous dis je !
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