Pierre Laurent, premier 1er secrétaire du PCF a être mis en minorité sur sa motion, avec son phrasé lent et doux hérité de son père Paul, déclarait jeudi matin sur France Inter : « Mélenchon n’a pas respecté les Communistes. »
Poussé gentiment dehors
Le Parti communiste lors de son trente-huitième congrès à Ivry-sur-Seine s’apprête à faire ses adieux à Pierre Laurent. Invités à se prononcer sur les quatre textes en lice pour servir de base commune à l’orée du Congrès national, les militants ont mis en minorité le sénateur de Paris, secrétaire national depuis 2010. Une première pour le PCF depuis les changements des statuts du Congrès de Martigues en 2000. A la place, les 110 000 adhérents revendiqués (dont la moitié est à jour de cotisation) ont préféré le "Manifeste pour un Parti communiste du XXIe siècle", porté par le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne.
Un congrès de crise comme les communistes n'en ont encore jamais traversé en cent ans d'existence, depuis leur fondation, au congrès de Tours en 1920. De premier parti de France à la Libération, le P.C.F est devenu un parti résiduel.
Pour quelles raisons?
Je ne vais jouer à l’Historien que je ne suis pas, ni analyser les causes idéologiques de la marginalisation du P.C.F, mais je vais tenter de mettre, à grands traits, les différentes stations du chemin de croix des communistes qui risque de les mener à rejoindre le cimetière des éléphants.
En ce cas je me dis en passant à vélo Place du Colonel Fabien « mais que va devenir le monument érigé par Oscar Niemeyer, une coquille vide ?
Rassurez-vous, contrairement à la rue de Solférino, le monument est classé monument historique depuis 2007, et malgré la perte de vitesse électorale du PCF ces vingt dernières années, la vente de son bâtiment, n'a jamais été sur la table. Le parti, qui loue en partie ses locaux ou les privatise pour des événements, en tire même une substantielle source de revenus.
Dénoncer depuis plus d'un siècle les «errements du grand capital» ne les a pas empêchés de dompter les subtilités de l'économie de marché. Pour preuve, alors que les trésoriers des différentes formations politiques s'arrachent les cheveux pour financer leur quartier général, au Parti communiste, le problème est soldé de longue date. Entretenir les 15.000 m² de leur imposant siège parisien place du Colonel-Fabien - légué par le fameux architecte brésilien Oscar Niemeyer - ne relevait pas de la sinécure. «Nous nous sommes professionnalisés dans la location de tout ou partie des étages, sur du long terme comme plus ponctuellement, pour des événements particuliers», explique Jean-Louis Frostin, membre du comité exécutif du PCF et administrateur du siège.
Louer à un bureau d'architectes et à une boîte de production. Le lieu accueille ponctuellement des défilés, des expositions, et des tournages de films et de clips, même si la monétarisation de ce temple du communisme reste une question sensible.
Les trésors perdus du Parti communiste français
Exposée au Centre Pompidou de Metz, « Les Constructeurs » de Fernand Léger est l’une des milliers d’œuvres d’art qui passèrent un jour entre les mains du PCF. Des joyaux aujourd’hui disséminés, dont le destin raconte les heures de gloire, puis l’inexorable déclin, du parti.
Par Pascale Nivelle Publié le 30 juin 2017
Les stations du chemin de croix des communistes :
- 1er station : Le choc de 1958 avec le retour de De Gaulle
- 2e station : mai 68
- 3e station : l’irruption du PS de Mitterrand et sa stratégie de l’Union de la Gauche
- 4e station : le 10 mai 1981 l’élection de Mitterrand et les Ministres communistes dans le gouvernement Mauroy
- 5e station : l’effondrement du bloc communiste
- 6e station : Mélenchon piège le PCF
- 7e station : l’effondrement du PS prive le PCF de sa bouée de sauvetage
- 8e station : Mélenchon largue les communistes pour la présidentielle
- 9e station : le PCF force d’appoint de qui lors des prochains scrutins ?
François Mitterrand et le Parti communiste (1945-1981) par Anicet le Pors
Quand bien même je puisse nourrir pour l’homme et ses qualités personnelles une admiration certaine, il ne me revient pas devant cette assemblée de me livrer à un discours hagiographique sur la personne au sujet de ses rapports avec le parti communiste français. J’ai beaucoup apprécié le travail sérieux des rapporteurs et notamment l’analyse des documents d’archives du PCF par Philippe Buton.
Comment le PCF s'est arrangé pour tourner la page Pierre Laurent en douceur
"C'est un désaveu pour la direction sortante et pour Pierre Laurent", souligne Elsa Faucillon, députée des Hauts-de-Seine qui décrit toute l’ambiguïté qui flotte autour du futur ex Secrétaire national. "Sa modération est appréciée dans ce monde politique de plus en plus violent où l’invective a remplacé le débat. Ce n’est pas sa personnalité qui est remise en question, mais l’incohérence ou, pire, l’absence de stratégie du parti ces dix dernières années."
Ian Brossat, adjoint au logement à la mairie de Paris abonde à pas feutrés : "Il y a, dans ce vote du 6 octobre, une forte conscience chez nos adhérents de nous dire qu’on ne peut pas se permettre de se planter une fois supplémentaire." Dans son vaste bureau du cœur de Paris, celui qui a été nommé chef de file du PCF pour les européennes explique que "2017 a été vécu, au-delà même de l’échec, comme une humiliation". En novembre 2016, le PCF avait décidé à l’issue d’un vote très discuté (53,6 % des voix pour) de se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle de 2017. "Au moment où nous avons fait ce choix, nous n’avions plus le choix en réalité de porter notre propre candidature", regrette aujourd’hui M. Brossat.