Je ne vais pas vous faire un dessin, vous connaissez les tenants et les aboutissants du dossier :
23 septembre 2016
Pour le rédacteur-en-chef d’En Magnum la justice de classe est passée : Hubert de Boüard débouté de ses demandes à l’encontre d’Isabelle Saporta.
En conclusion de ma chronique j’écrivais : « Je signale à l’imprécateur qu’une autre enquête est menée par la Gendarmerie, dont les conclusions ont été données à l’audience par la Présidente, je suppose que nos gendarmes sont tous d’affreux suppôt de la gauche aussi.
Bref, Hubert peut faire appel.
Attendre et voir.
Hubert de Boüard a fait appel et a été débouté.
Et pendant ce temps-là les gendarmes de la section de recherches de Bordeaux ont continué leur enquête commencée depuis 2013.
Médiapart indique : Il a fallu cinq ans et trois juges d’instruction successifs pour que la justice ose mettre en examen ces deux personnalités influentes.
« Placé en garde à vue le 28 février dernier, Hubert de Boüard a expliqué ne pas avoir pris part aux délibérations de l’INAO relatives à Saint-Émilion et a contesté toute influence sur le classement 2012. Entendu le même jour par les gendarmes de Bordeaux, Philippe Castéjà a lui aussi nié le moindre mélange des genres. »
« Trois vignerons de Saint-Émilion avaient en effet porté plainte auprès du procureur de Bordeaux dès le 15 avril 2013. Sans réponse du parquet, ils avaient déposé une plainte avec constitution de partie civile le 29 juillet suivant. Pierre Carle (château Croque Michotte), André Giraud (château La Tour du Pin Figeac) et Jean-Noël Boidron (château Corbin Michotte), ayant été rétrogradés ou évincés du classement 2012 des grands crus de Saint-Émilion, ont à la fois attaqué le classement devant le tribunal administratif (le dossier est encore en appel) et porté plainte au pénal pour « prise illégale d'intérêts ». Certains de ces vignerons avaient déjà contesté le classement précédent, datant de 2007, et obtenu son annulation. »
« Cette fois-ci, les plaignants assurent que certains paramètres du classement 2012 ont été modifiés pour favoriser les grandes exploitations : domaine d'un seul tenant, salle de séminaire, chambres pour recevoir des clients, sol peu hydromorphe, notamment. Ils soutiennent d'autre part que plusieurs critères du classement ont été arrêtés après le dépôt des candidatures, et à leur insu. En outre, l'absence de pesticides dans les vignes, comme le respect du terroir et la qualité du vin, n'auraient pas été suffisamment pris en compte dans le classement, selon les plaignants.»
Affaire à suivre donc…
Enfin, la seconde cause qui porte sur le soupçon de prise illégale d’intérêt de quelques voisins plus connus (je devrais dire plus « reconnus ») me semble indigne d’une communauté de vignerons civilisée. Deux des personnalités soupçonnables et, en tout cas, assez vite identifiées par les avocats et les journalistes, ne sont coupables que d’avoir donné de leur temps et de leur énergie au service de la réputation des crus de l’appellation. Cette procédure vraiment excessive va certainement décourager tous les bons viticulteurs de s’intéresser à leurs appellations et de prendre part à la gestion et à la défense de celles-ci.
Si j’étais le large sous-ensemble des crus ayant conservé leur classement ou conscients de l’avoir obtenu par leur travail, je porterai plainte nominalement contre les crus cherchant à faire croire au public que ce classement est l’œuvre d’un grand complot destiné à enrichir quelques notables du secteur.
Après le fiasco du classement de 2006, l’appellation Saint-Émilion Grand cru est contrainte d’en éditer un nouveau à l’automne 2012. Sa préparation a fait l’objet d’une véritable lutte de pouvoir entre vignerons. ICI
Artisan de ce futur classement, Hubert de Boüard est considéré comme un stratège politique : il est à la fois le copropriétaire de château Angélus, premier grand cru classé B, qu’il espère bien faire monter en A aux côtés de château Ausone et de château Cheval Blanc, et le président de la section Saint-Émilion et Saint-Émilion Grand cru au sein du Conseil des vins de Saint-Émilion. Enfin, il préside également le bureau régional de l’Inao, l’instance qui gère ce classement.
Beaucoup reprochent également la précipitation qui entoure ce nouveau projet. « Le gouvernement a voté une loi qui nous donne trois ans pour refaire ce classement. La date limite, ce sont les vendanges 2012. On doit aller vite, sinon on perd le classement », reconnaît Jean-François Quenin, président du Conseil des vins de Saint-Émilion et propriétaire du château de Pressac, candidat au classement. « C’est vrai que le temps dont nous disposons est très court, mais il faut établir un nouveau classement solide et verrouillé dans le délai imparti », renchérit Hubert de Boüard.