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20 octobre 2018 6 20 /10 /octobre /2018 06:00
Les nuisibles « Toute plante a son ou ses parasites et nous ne récoltons que ce que les parasites nous laissent. » Eugène Roux premier directeur de l’IRA ancêtre de l’INRA 1938

Lors du débat sur l’interdiction du glyphosate, un célèbre avocat naturiste, posa sur Twitter la question : « Comment faisait-il avant le Roundup ? »

 

Je lui répondis : « Ils bêchaient… », souvenirs de la mémé Marie et de la tante Valentine « besochant » sous le soleil dans les champs, et ma pomme guidant Nénette notre jument dans les sillons de betteraves, le pépé Louis aux manchons de la décavaillonneuse.  Et je ne vous parle pas du doryphore dans les patates.

 

Bref, les mauvaises herbes, les nuisibles, les ravageurs, rappelons que la myxomatose a été importée, par un professeur de médecine *, pour lutter contre la prolifération des lapins de garenne qui ravageaient les champs de sa propriété, c’était l’ennemi du paysan.

 

« Toute plante a son ou ses parasites et nous ne récoltons que ce que les parasites nous laissent. » Eugène Roux premier directeur de l’IRA ancêtre de l’INRA 1938

 

Un peu d’histoire autour de ce que l’on nomme les pesticides : insecticides, fongicides et herbicides, cette chimie dont on dit, de façon simpliste, qu’elle est issue de la seule course au rendement, de l’agriculture intensive, alors que, comme le montre le langage guerrier : exterminer les ennemis des cultures, elle trouve son origine dans une demande forte de protection de la part des paysans.

 

Le poids des mots est important , depuis l’irruption de l’agriculteur-éleveur, celui-ci a dû protéger ses cultures contre des espèces causant des dommages aux récoltes ou concurrençant les variétés cultivées.

 

Les nuisibles, symboles inamovibles de l’utilitarisme agricole ? Rémi Fourche Dr en histoire Lyon 2

 

« Les parcelles cultivées correspondent à des lieux anthropisés qui ne laissent qu’une place restreinte à la diversité biologique. »

 

La fin des années 1860 correspond en France à l’identification de Phylloxera vastatrix.

 

À la même époque, outre-Atlantique, le premier brevet d’un insecticide arsenical est déposé en vue de la destruction des doryphores

 

C’est le début de l’ère de la rationalisation des méthodes de destruction, à grande échelle, des organismes considérés comme nuisibles.

 

Utilisation aisée et efficacité immédiate.

 

Parmi les premiers produits, nous pouvons citer les matières actives à base de soufre et de cuivre pour limiter les dégâts de certains cryptogames et les arsenicaux pour contenir les insectes.

 

Un siècle plus tard, les pratiques phytosanitaires initiées à la fin du XIXe se trouvent remises en question.

 

L’interdiction du DDT montre les limites des méthodes entièrement chimiques.

 

Des myriades de nuisibles

 

Les organismes commettant des dégâts ne correspondent pas à un nombre fixe d’espèces. Ils tendent à augmenter depuis la fin du XVIIIe siècle. Plusieurs facteurs se trouvent à l’origine de cette évolution. L’amélioration des connaissances scientifiques permet de préciser les causes de certaines affections virales, bactériennes, cryptogamiques… L’accroissement du nombre d’espèces cultivées explique également l’augmentation quantitative des nuisibles à l’agriculture. Outre les aspects biologiques et scientifiques il faut prendre en compte des facteurs liés à l’intensification agricole : augmentation de la taille des parcelles, monocultures, sélections variétales, suppression des rotations… À ces éléments s’ajoutent, après 1945, les phénomènes imputables à l’usage même des produits phytosanitaires : pullulations d’espèces autrefois discrètes (Panonychus ulmi pour les vergers et les vignes par exemple), in version de flore entre monocotylédones et dicotylédones en culture céréalière…

 

Mais les causes d’accroissement la plus spectaculaire résulte des échanges commerciaux. L’exemple de l’évolution du cortège parasitaire de la vigne au XIXe est remarquable. L’arrivée successive de trois nouveaux cryptogames met en danger temporairement cette culture. Ainsi, l’oïdium (1845), le mildiou (1878) et le black-rot (1885) s’acclimatent en France. Des produits simples tes que le soufre et le sulfate de cuivre permettent en quelques années de les contenir. Aux cryptogames s’ajoute un insecte, Phylloxera vastatrix, lui aussi originaire d’Amérique du Nord, qui ravage rapidement le vignoble français. La vigne n’est qu’un exemple et, pour la seule classe des insectes, une vingtaine d’espèces s’acclimatent en France entre 1800 et 1940. Cet ordre de grandeur est identique pour la période 1945-1975.

 

L’entre-deux-guerres : de la notion de nuisible à celle d’ennemi des cultures.

 

Cette terminologie permet d’englober la totalité des organismes considérés comme nuisibles, plantes adventices comprises.

 

De la Libération à 1958, le temps des illusions

 

Dès la Libération, l’apparition des produits de synthèse, en particulier les insecticides organochlorés (HCH, DDT…) constitue un espoir sans précédent dans la lutte contre les déprédateurs. Certains, les apiculteurs par exemple, y voient même la fin des effets secondaires imputables aux substances utilisées depuis la fin du XIXe siècle. Parfois, le titre même des articles de la presse spécialisée laisse apparaître cette manière de considérer les problèmes phytosanitaires. C’est ainsi que, tout en reconnaissant les limites des sciences appliquées, La défense des végétaux, organe de la Ligue nationale de lutte contre les ennemis des cultures, publie à l’automne 1949 un article intitulé « Alerte ! Il faut exterminer les ennemis des cultures en intensifiant la lutte ». Résultat de réponses précises à des difficultés phytosanitaires particulières, l’approche chimique de la protection des végétaux se heurte à de nombreux problèmes. C’est ainsi que l’usage massif d’un produit, ou de substances proches, entraîne des phénomènes de résistance, une prolifération et/ou vacance d’une niche écologique, ou encore aboutit à une destruction du cortège d’auxiliaires. Or, cette situation conduit à terme les agriculteurs à une impasse. La première réponse de l’industrie consiste à augmenter le nombre de familles chimiques et de molécules utilisables. Si, en 1937, les agriculteurs disposent d’une cinquantaine de matières actives, ces dernières sont une centaine en 1960.

 

La suite est connue…

 

Et maintenant : Qu'est-ce que le biocontrôle ?

 

Le biocontrôle est un ensemble de méthodes de protection des végétaux basé sur l’utilisation de mécanismes naturels. Seules ou associées à d’autres moyens de protection des plantes, ces techniques sont fondées sur les mécanismes et interactions qui régissent les relations entre espèces dans le milieu naturel. Ainsi, le principe du biocontrôle repose sur la gestion des équilibres des populations d’agresseurs plutôt que sur leur éradication.

 

Les produits de biocontrôle sont définis à l'article L. 253-6 du code rural et de la pêche maritime comme des agents et des produits utilisant des mécanismes naturels dans le cadre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures. Ils comprennent en particulier :

 

  • les macroorganismes

 

  • les produits phytopharmaceutiques qui sont composés de microorganismes, de médiateurs chimiques tels que les phéromones et les kairomones, ou de substances naturelles d’origine végétale, animale ou minérale.

Les macro-organismes utiles aux végétaux sont essentiellement des invertébrés, notamment des acariens, insectes et nématodes, utilisés pour protéger les plantes des bio-agresseurs via la lutte biologique.

 

Les produits phytopharmaceutiques de biocontrôle sont des produits phytopharmaceutiques autorisés à l'issue d'une évaluation complète des risques pour la santé humaine, la santé animale et l'environnement et conforme aux exigences européennes. Leur spécificité est liée à leur caractère naturel ou leur mode d'action reposant sur des mécanismes naturels.

 

Ils constituent des outils de prédilection pour la protection intégrée des cultures.

 

La suite ICI 

 

* C'est en 1950 que la première introduction réussie fut effectuée en Australie. En France, le Professeur Armand-Delille introduisit le virus dans sa propriété de Maillebois en Eure-et-Loir le 14 juin 1952. Compte tenu des résultats enregistrés auparavant, le Professeur Armand-Delille pensait que l'épidémie se limiterait à sa propriété close de murs. Pourtant, dès l'automne 1952, des foyers de myxomatose étaient enregistrés dans plusieurs départements français et, à la fin de l'année 1953, la totalité du territoire français était déclarée contaminée. Le virus gagnait l'Angleterre en octobre 1953, l'Italie et l'Espagne en 1955-1956 et, à la fin des années 1950, toute l'Europe était contaminée.

 

Source :

 

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commentaires

P
Dans les années cinquante, à l'école primaire, il y avait les " leçons de choses " En ce sens étaient accrochées aux murs de la classe, à coté des cartes de géographie Vidal Lablache ( avec un verso muet pour les interrogations !) diverses illustrations dont celle du doryphore dont on nous enseignait les méfaits et ravages et qui illustrait le mot nuisible en démontrant qu'il n'y avait pas que le renard.<br /> C'est sans doute l'envahissement de cet insecte qui à fait qu'il fut donné ,comme surnom, aux fridolins par ailleurs grand bouffeur de patates, quand ils ont envahi la France.
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P
Je passe souvent à Maillebois. Les héritiers Armand Delile sont toujours là.
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R
Cher Monsieur Berthomeau. Ma première lecture du matin est bien souvent pour votre blog, même si un certain nombre d'articles sur le vin ne m'intéressent pas toujours, mais j'apprécie la diversité de vos sujets, votre esprit critique et polémique, vos retours nostalgiques sur votre passé à la Mothe Achard.'<br /> Ce matin, vous revenez sur le binage à l'ancienne, avec un ' besochon' ( un marochon, chez nous, à Thorigny) et sur votre guidage de la jument tirant la décavaillonneuse dans les betteraves. Pour le spécialiste de cette tâche que j'ai effectué dès mes six ans, assis à cru sur notre bon ''Fend l'air'', vous ne citez pas le bon outil pour le binage des betteraves. Chez nous , c'était la "becheuse" , avec cinq ou six palette, et derrière, une queue d'hirondelle qui raclait les herbes qui avaient échappé aux palettes. La décavaillonneuse, pour moi, est une sorte de petite charrue qui servait dans la vigne. Elle permettait de la déchausser en la passant dans un sens et de la chausser en passant dans l'autre sens. Ainsi, il ne restait guerre d'herbe à bécher dans la vigne. Je n'aimais pas conduire le cheval en décavaillonnant la vigne. Si l'outil accrochait un cep, c'était toujours la faute au conducteur du cheval, et il recevait, de la part de celui qui tenait les manchons de l'outil, une bordée d'injures pas forcément méritées.<br /> Je ne vous aurais pas écrit cela si je n'avais trouvé cette semaine en vidant la maison de notre mère entrée en maison de retraite, un petit agenda agricole et viticole de 1938 ayant sûrement appartenu à mon père. On y retrouve les méthodes de lutte de l'époque contre les ravageurs des cultures, une multitudes d'autres renseignements, quelques publicités dont une pour une ... décavaillonneuse . Si ce petit agenda vous intéresse, je veux bien vous l'expédier si vous me donnez une adresse ou venir le prendre à la maison, si vous venez prochainement à la Mothe;;<br /> Ps : une info : le Potager extraordinaire va quitter les Marres
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