Sur Twitter, je crois, alors qu’on annonçait la chute de Travers, un agriculteur, suggérait pour le poste : un agriculteur. Je lui répondis, une fois n’est pas coutume, « on a déjà donné avec François Guillaume, ce ne fut pas une réussite… »
J’avoue avoir été injuste avec lui, son bilan à l’Agriculture ne fut ni meilleur ni pire que celui de ses prédécesseurs de droite, mais je garde une dent contre lui, il se comporta vis-à-vis de Michel Rocard lors du Congrès de Narbonne d’une manière indigne (j’y étais), nous étions en pleine négociation d’élargissement à l’Espagne et au Portugal, démagogie, outrances, le populisme dans toute son horreur.
Lorsque Jacques Chirac, premier Ministre de la première cohabitation nomme François Guillaume président de la FNSEA depuis 1979, ministre de l’Agriculture, les dents grincent tant au RPR qu’à la FNSEA. L’homme est dur, intransigeant, méprisant.
Il privatisera la CNCA, Crédit Agricole, pour les beaux yeux d’Yves Barsalou et Lucien Douroux, qui vireront Huchon de la direction, ce même Huchon qui se retrouvera directeur de cabinet du Premier Ministre Rocard opposera son veto à la nomination de Lucien Douroux comme directeur, le coup de pied de l’âne. On vivait une époque formidable, à l’ancienne.
Il lancera avec Michel Noir, Ministre du commerce extérieur, le cycle de négociations du GATT, dit Uruguay-Round, à Punta del Este.
Causeur, feuille de droite écrit à son propos :
« Mais c’est à la tête de la FNSEA qu’il a donné sa pleine mesure en usant de sa forte personnalité pour faire reconnaître l’autorité syndicale, y compris à l’arrivée au pouvoir de la gauche qui prétendait « briser ce monopole de représentation du monde agricole ». En réponse, 120 000 paysans défilèrent dans Paris. Du jamais vu, complété par une autre démonstration de force, lors des élections aux Chambres d’Agriculture en écrasant toute opposition au leadership « de la toute puissante FNSEA »
Sa popularité incita Jacques Chirac vainqueur des élections législatives en 1986 à lui proposer le ministère de L’Agriculture ; il l’accepta sous le double challenge d’appliquer la Politique agricole qu’il revendiquait à la tête du grand syndicat paysan et de défendre bec et ongles les intérêts agricoles français menacés à Bruxelles et face aux Etats-Unis. Pari réussi mais remis en cause par la défaite de Jacques Chirac à la présidentielle de 1988. Poursuivre son combat autrement l’oblige alors à engager une carrière politique au Parlement européen puis à l’Assemblée Nationale. Il y découvre le dessous des cartes ignoré du grand public ; les intrigues, les coteries, les dérives coupables de certains élus insuffisamment sanctionnées, les promotions trop rapides qui faute d’être éclairées par des expériences professionnelles et civiques confirmées portent préjudice à la saine gestion des affaires et aux intérêts de l’Etat. Rigoureux et direct, il n’a plus la cote auprès de Chirac qui se radical-socialise pour entrer à l’Elysée et s’y installer pour deux mandats peu convaincants. François Guillaume tient sa place au Palais Bourbon et s’irrite des tergiversations et de l’abdication de la Droite frileuse alors que le péril est à la porte. »
Il finira à Debout la France de Dupont-Aignan.
Pour l’anecdote, j’ai assisté à son arrivée triomphale rue de Varenne, Nallet (ex-FNSEA viré pour gauchisme par Debatisse) est Ministre depuis la démission de Rocard et, deux après, à son départ rageur, Nallet étant à nouveau Ministre. Raymond Lacombe, l’aveyronnais, avait repris le flambeau d’une FNSEA en pleine turbulence.
Bref, François Guillaume n’a pas laissé un souvenir impérissable rue de Varenne, il eut le mérite de coller avec les ambitions présidentielles de Chirac, avec lui la couleur était claire : il venait de la FNSEA et entendait bien résister aux européistes du gouvernement, ce qu’il ne réussit pas toujours à faire.
Le nouveau Guillaume me semble être une nouvelle erreur de casting de Macron : il y eut le fugace Mézard, rade-gauche, puis Travers pur produit du PS à convictions variables mais marcheur de la première heure, voilà Didier Guillaume sous-produit du PS ramollit.
Mais où est le nouveau monde ?
Ce type n’a pas la queue d’une idée, il vient de recevoir son bâton de maréchal, sa seule ambition sera de durer, de passer au travers des gouttes, ne pas froisser madame la présidente de la FNSEA, un boulet.
Première saillie : Didier Guillaume, ministre de l’agriculture, demande aux scientifiques de « faire la preuve » des conséquences des pesticides sur la santé
Contrairement à ce qu’affirme Didier Guillaume, la loi dispose que c’est au producteur du pesticide de prouver que son produit n’a pas d’effet sur la santé.
Mais par-delà ce sujet important, c’est la mue de l’agriculture qui va rester en jachère, les beaux discours de Macron seront doucement enterrés et la primauté restera à une vision de l’alimentation datant du siècle précédent.
Pour ma part j’estime que dans ces conditions le Ministère de l’Agriculture n’a plus sa raison d’être, il reste le ministère des agriculteurs, plus précisément celui du syndicalisme majoritaire, il faut le supprimer pour le remplacer par un vrai Ministère de l’alimentation. Les enseignants la moitié des effectifs, les vétérinaires, les forestiers, les agents des établissements publics, type INAO, peuvent vivre leur vie rattachés à d’autres entités ministérielles.
Le nouveau monde est là ! Vaste programme que j'aurais appliqué dès ma nomination, ça aurait eu de la gueule !
Portrait GUILLAUME : pdt FNSEA
Portrait de François GUILLAUME nouveau président de la FNSEA interview de F. GUILLAUME parlant de sa mission auprès des agriculteurs. Différents plans de l'ancien président de la FNSEA Michel ...
L'ancien président du groupe PS au Sénat entre enfin au gouvernement, après des années de frustration et ces derniers mois dans le creux de la vague.
« J'ai décidé de quitter la vie politique. Je vais démissionner de mon mandat de sénateur dans les semaines qui viennent. Cette décision est mûrement réfléchie. » Qui aurait cru, ce 16 janvier 2018, que le Didier Guillaume qui publiait ces lignes sur son profil Facebook atterrirait, neuf mois plus tard, jour pour jour, quasiment heure pour heure, au ministère de l'Agriculture pour remplacer Stéphane Travert ? Personne. Ni à gauche ni à droite. Pas même lui. Ni dans le vieux monde, ni dans le nouveau. À quoi, à qui l'ancien président du groupe socialiste au Sénat, vice-président de la chambre haute sous la présidence Hollande, doit-il cette opportunité ? Les avis divergent, mais au fond, se recoupent.
Pour certains de ses détracteurs, dont d'anciens amis, Didier Guillaume doit son salut ministériel à sa cupidité. Ce 16 janvier 2018 donc, peut-être las du travail parlementaire, sans doute aussi désabusé par l'effondrement du Parti socialiste, ce passionné de ballon ovale annonce son retrait de la vie politique pour relever un nouveau défi : prendre la tête du Groupement d'intérêt public de la Coupe du monde de rugby France 2023. Un poste bien moins exposé, probablement plus divertissant. Mais, également, simplement honorifique... et donc bénévole. Cet aspect, qu'il ne soupçonnait pas, le refroidit et l'amène à renoncer. « Pas question de se contenter de couper des rubans, je suis un homme d'action », se justifie-t-il. Le Drômois retourne donc au Sénat, mais change de fauteuil : l'ancien directeur de campagne de Manuel Valls durant la primaire de la gauche, ouvertement Macron-compatible, quitte le groupe socialiste pour s'installer avec les Radicaux. « Il arrive quelques fois que les enjeux alimentaires l'emportent sur les considérations idéologiques. Les politiques sont des êtres humains comme les autres... » plaisante Bernard Poignant, ex-maire de Quimper et ancien conseiller intime de François Hollande. Didier Guillaume tire de l'épisode une nouvelle réputation peu flatteuse, ainsi que des inimitiés dans son ancienne famille.
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