Comme la Françoise Giroud à propos de Chaban j’ai pour principe de ne pas tirer sur les ambulances.
Il est de bon ton dans les cercles de ses affidés de souligner que François Mitterrand, qui s'intéressait à lui, confiait volontiers : «Jean-Luc Mélenchon est l'un des plus doué. Il ira loin à condition que sa propre éloquence ne l’enivre pas.»
Permettez-moi de sourire, ayant fréquenté chaque jour pendant deux ans un mitterrandiste de la première heure et du premier cercle, Louis Mermaz, je sais que le Mélenchon et son alter-ego de l’époque Julien Dray de la Gauche Socialiste étaient considérés par Tonton comme les idiots utiles qu’ils pouvaient jeter dans les roues des réformistes, Rocard en tête, pour se refaire la cerise de la vraie gauche. Mais, et ce mais est de poids, il n’a jamais au grand jamais proposé à Mélenchon d’être Ministre alors que celui-ci en rêvait le jour et la nuit. Il lui faudra attendre l’arrivée de Jospin, ancien trotskyste comme lui pour accéder au maroquin de Ministre et de le soutenir à la Présidentielle où il s’est vautré… Tout le Jean-Luc est là.
Et même si ça déplaît à ceux qui croient benoîtement qu’il incarne une «opposition humaniste, écologiste et sociale», Jean-Luc Mélenchon est « l’homme de toutes les ruptures : rupture avec la Ve République, qu’il veut remplacer par une VIe République, régime d’assemblée piqueté de démocratie directe, rupture avec l’Union européenne, rupture avec le FMI, rupture avec l’OMC, rupture avec l’économie de marché, rupture avec le monde réel.
Jean-Luc Mélenchon reprend la place qu’occupait Georges Marchais au début des années 70, une place dont François Mitterrand a délogé le PCF. C’est l’inverse même de la démarche de l’homme de Latché, et c’est la voie qui se dessine. Le Parti socialiste n’est pas mort mais il est très gravement atteint et il lui faudra des années pour se reconstituer, se réunifier, se relever. En somme, le PS se retrouve dans la position qu’il occupait durant les années 60, avant que François Mitterrand le ressuscite. Et Jean-Luc Mélenchon a repris le rôle de Georges Marchais à l’orée des années 70 : la longue impasse de la gauche de rupture. »
Donc, comme je n’ai nulle intention de me cailler le lait pour les déboires de Jean-Luc et de Sophia, ce dimanche encore ensoleillé j’ai décidé de vous parler d’une votation chez nos voisins helvètes.
« Ces Helvètes n’ont pas fini de nous «surprendre», s’exclame Le Dauphiné libéré. Journal pour lequel «après la libre circulation des personnes, le renvoi des étrangers, la fin du nucléaire… le maintien des cornes sur la tête des vaches semble un sujet quelque peu décalé».
Décalé?
Pas tant que ça. Car s’il est un organe animal qui fait débat aujourd’hui, c’est bien la corne de vache. Même si l’initiative populaire «Pour la dignité des animaux de rente agricoles (Initiative pour les vaches à cornes)» sur laquelle le peuple suisse est appelé à se prononcer le 25 novembre et qui pose la question des limites de la démocratie directe en matière de bonheur des bovidés fait bien sourire un certain nombre d’acteurs médiatiques. Sur le fond des propriétés de la kératine. Ou dans le traitement du sujet.
«C’est vrai qu’une vache sans cornes, c’est moche», se doit de constater la radio RTL. «Et on en voit de plus en plus, y compris en France. Mais il y a une raison, les éleveurs les leur enlèvent par sécurité, pour éviter de prendre des coups de cornes et pour que les vaches qui se bagarrent parfois entre elles ne se blessent pas.»
Les initiants, sur ce point, sont clairs: ils «disent vouloir redonner leur dignité aux animaux, ils ne demandent pas l’interdiction de l’écornage, mais une subvention pour les éleveurs qui arrêtent de le faire». Soit 190 francs par vache et 38 par chèvre. (On oublie souvent que les caprins sont aussi concernés.) Le sujet est «sérieux», dit la journaliste française, il faut donc bien qu’«on en parle»:
Mais vous savez, «nous, les Français, regardons plus souvent le doigt qui montre la lune, alors que les Suisses qui sont bien plus pragmatiques et intelligents… un monde nous sépare!!» répond @JonquetBernard sur Twitter. Il réagit, lui, à une chronique chafouine de La Matinale de RTS, selon laquelle «il y aurait des bons et des mauvais sujets de votation, des objets de première classe et d’autres qui ne mériteraient pas la réflexion et le vote populaire». Ainsi, ces fameuses cornes ne seraient «pas un sujet assez sérieux pour la Constitution»:
La suite ICI
Spécial votation - La vache est-elle un homme comme les autres ? - Vidéo - Play RTS
Une vache digne de ce nom doit-elle avoir des cornes? C'est la question existentielle sur laquelle vous vous prononcerez le 25 novembre. Vous êtes appelés aux urnes pour dire si oui ou non vous ...