Mes œuvres sont méconnues : je suis l’accoucheur de l’IDAC, interprofession des Appellations Cidricoles, je n’ai jamais aimé ce nom mais mes électeurs en ont décidé ainsi. J’enterrais par la même occasion le vieux Bureau National Interprofessionnel du Calvados et je succédais à un monument national, armoire normande : Jean Pinchon, à côté duquel Éric Boschman aurait fait figure d’un petit poussin.
Bref, chaque semaine je prenais le turbo-train partant de la gare Saint-Lazare, toujours en retard, brinqueballant, pour Caen où mon directeur venait me chercher. Cette jeune interprofession était normando-bretonne, c’est l’une des raisons pour lesquelles les professionnels m’avaient sollicité. Le p’tète bien oui, p’tète bien que non des normands n’est pas une légende, les faire accoucher d’une décision relevait.
Après une période au cours des fameuses 30 glorieuses où le Calvados du petit matin, le Calva, coulait à flots, la pente des ventes étaient savonneuse. Fini le Festival du film américain de Deauville repris en mains, la honte, par les gens du Cognac.
Restait comme événement phare : le Calvados Nouvelle Vogue.
C'était encore très chic...
Et puis le 18 janvier 2006 j’écrivait :
Ne me dites pas...
Ne me dites pas : et pour moi ce sera un Calva... Même si c'est pour me faire plaisir, je n'aime pas ça car ça sonne la condescendance avec une petite pointe de mépris : du genre ça sent la bouse des vaches normandes et la rincette du pépé dans la tasse de café. Bien sûr je n'ai rien contre la rincette et le trou normand mais entre nous ce n'est pas avec de telles images qu'on se fait une petite place dans l'univers impitoyable des spiritueux. Alors dites-moi : et si prenions un Calvados !
Le Calvados j'en préside l'interprofession depuis 5 ans et si ce matin je consacre ma chronique à cette belle eau-de-vie d'appellation c'est que j'ai le sentiment du devoir accompli. La maison est en ordre et, grand bonheur, après de longs palabres, mes chers professionnels se sont mis d'accord pour que l'un d'entre eux se présente à ma succession. C'était mon souhait. Il a fallu du temps, mais comme aimait le dire un président de la République : il faut laisser le temps au temps...
Si je tiens tant à ce que l'on nomme par son nom le Calvados c'est parce que depuis qu'il a quitté le zinc des comptoirs il se cherche un second souffle et, même si ce n'est pas facile tous les jours, le produit a un bel avenir, surtout à l'exportation qui représente déjà la moitié des ventes. Alors permettez-moi amis du vin de vous conseillez de ne pas opposer alcool fort et vin, car ce sont les usages que l'on fait du produit qui peuvent conduire à l'addiction.
Voilà c’est dit et je passe la plume au vrai belge des 5 du Vin Marc Vanhellemont, dit Marco comme Verratti.
Pour vos cocktails, pensez Calvados…
L’essor du marché des cocktails, qui voit fleurir de nouveaux bartenders à chaque coin de rue, entraîne un engouement pour les alcools parfois bien supérieur à celui qu’on les amateurs pour le vin. Déjà, bartender a remplacé barman, je ne sais pas pourquoi, si quelqu’un sait, cela nous éclairera sur : pourquoi changer un anglicisme par un autre?
Les gins se comptent aujourd’hui par milliers, les rhums ne sont guère en reste, les vodkas, n’en parlons pas, de même que les tequilas et autres eau-de-vie, distillats et cie. Mais le positif de l’histoire, c’est la recherche de l’originalité. Quand on veut briller derrière son comptoir, il faut innover. Et comment innover ? En trouvant un cocktail avec un alcool moins usité par ses confrères.
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C’est tout à la gloire du sieur Éric Boschman qui ne liche pas que de la glace…
Au fait de qui ce cocktail a-t-il le nom ?