Les services de presse me causent parfois du souci, recevoir un livre sans l’avoir choisi et payé ça équivaut à ce que les agences de communication raffolaient au début de mon blog : me faire porter des boutanches gratuites ou à me faire rincer la dalle dans un restaurant en mal de notoriété. Je n’ai jamais goûté à ce pain-là alors que faire pour les livres ?
Les lire !
Certes, c’est ce que je fais et, si ça me plaît, je chronique, mais, le seul bémol à cette manière de faire, c’est lorsque l’auteur ou l’éditeur se fend d’une dédicace écrite de sa blanche main. C’est une forme d’imploration que je comprends aisément, eu égard à mon immense pouvoir d’influence, qui me touche, flatte mon ego, mais ça ne me fait pas fléchir.
Mais pourquoi diable évoquer mes états d’âme ce matin ?
Tout simplement parce que rentrant de mon séjour en Corse j’ai rangé, pour la énième fois, mes piles de bouquins en instance et je suis tombé sur un opus, envoyé en service de presse, par un petit éditeur que je connais bien et que j’avais oublié.
Cet oubli, je dois l’avouer, n’étant pas tout à fait innocent, le livre mal foutu, m’était tombé des mains, mais un peu honteux je me suis dit « fait un petit effort, c’est un petit éditeur, je ne connais pas l’auteur, feuillette, cherche, tu vas bien trouver un petit bout sur lequel tu vas pouvoir pondre une chronique… »
Les thèmes abordés étant classés par ordre alphabétique j’ai donc pioché sans pouvoir tomber sur une quelconque pépite. Bien au contraire, soit c’était chiant, soit sans grand intérêt pour moi car je suis à cent lieues des centres d’intérêt de l’auteur, ce qui ne signifie en rien que ceux-ci ne soient pas dignes d’intérêt mais, comprenez-moi, même si je suis tout prêt à tout comprendre je n’ai pas le cœur à donner un quelconque avis sur des sujets qui ne m’intéressent pas. Son monde du vin n’est pas le mien, je n’ai ni à m’en excuser ou à m’en glorifier, chacun sa route, chacun son chemin, la culture du rétroviseur sur la base d’anecdotes, de souvenirs personnels, n’apporte rien à l’histoire du vin. Je trouve cette « littérature vineuse » d’une ringardise absolue. Le vieux monde n’est toujours pas derrière nous.
Mais, je dois vous concéder que j’étais encore prêt à faire un petit effort, pour le petit éditeur qui rame pour survivre, lorsque je suis tombé sur une tirade qui m’a fait bondir « … les fiers vignerons su Bugey Cerdon en Savoie, producteur d’un pétillant rosé anecdotique et sucrailleux, heureusement produit en quantité infime, aussi inintéressant que traditionnellement barbant. Les montagnards ont un argument massue : le Die rosé n’est pas traditionnel, n’a pas d’histoire, c’est contraire aux principes de l’AOC qui reposent sur des usages et des pratiques historiquement éprouvés. Vous noterez, qu’éprouvés ne finit pas par deux e, mais un seul, car le masculin l’emporte sur le féminin, ce qui défrise beaucoup nos consœurs en un seul mot, qui voient le mâle partout, comme à Bugey. »
La messe est dite :
- Le Bugey est dans l’Ain pas en Savoie mec qui sait tout !
- Le Conseil d’Etat a eu raison ducon, l’INAO reconnaîtrait une AOP du Sahara si celuici faisait encore parti de notre vieux pays aux terroirs que le Monde entier nous envie.
- Quant à l’impertinence avancée dans le titre elle patauge dans le grivois et le gras.
- Je dirai au petit éditeur de mieux choisir ses auteurs…
Voilà, je viens de réussir l’exploit de pondre une chronique sur un livre que vous ne trouveriez même pas en librairie si je vous en avais donné le titre.