Actes Sud doit m’aimer – est-ce compromettant ? Je n’ai pas de mezzanine sauvage dans mon appartement – j’ai droit à des services de presse. Ainsi, tout à la fin du mois d’août dans ma boîte aux lettres matérielle – c’est tout de même mieux que de recevoir un e-mail dans lequel une ou un gratte-papier vous dévide des éléments de langage sur un bouquin – le facteur a déposé un paquet renfermant « Le Goût retrouvé du Vin de Bordeaux » écrit par Jacky Rigaux et Jean Rosen aux éditions Actes Sud.
Fort bien me dis-je, mais, dans la mesure où j’avais pris deux décisions radicales à propos de mon séjour annuel en Corse : bagage minimal et pas de bouquins sur le vin – cure de désintoxication – cet opus prit place dans la pile en attente.
Pour être totalement honnête avec vous je me dois d’ajouter que lorsque j’entends parler de goût retrouvé j’ai des doutes qui se lèvent dans mon esprit caustique de non-dégustateur : en effet que savent-ils du goût d’avant ces deux éminents spécialistes, dont l’un baigne dans la néo-science dénommée dégustation géo-sensorielle ?
Pas grand-chose !
Mais que voulez-vous le monde du vin n’aime rien tant que de se payer de mots et, par les temps qui courent en ce domaine, c’est le prélèvement à la source qui est à l’ordre du jour.
Faire bouger les lignes : « Agir afin de changer les choses, rompre avec d'anciennes pratiques. »
Une quasi-révolution à Bordeaux, ça m’ébourifferait !
Bref, j’ouvre et je lis.
C’est long.
C’est élogieux.
Même qu’on sort le Stéphane Derenoncourt figure de Bordeaux et de Saint-Emilion, qui conseille une centaine de domaines dans le monde et signe la préface de ce livre : « c’est une mission bien singulière à laquelle s’accroche avec acharnement Loïc Pasquet », c’est presque un moine-soldat au service du terroir, qui a pourtant eu des déboires suscitant jalousies et vacheries comme avoir rasé ses pieds de vigne. (Une plainte avait été déposée aussitôt).
Ouille, ouille Jacquouille tu n’es pas dans le coup, ton silence va te priver de prendre la roue de ces révolutionnaires dont je ne soupçonnais pas l’engagement quasi-naturiste.
« D’emblée les auteurs précisent que « le but de ce livre n’est pas de lui faire une publicité dont il n’a nul besoin, mais de démontrer que, en dehors des pratiques actuelles, sans l’apport d’intrants plus ou moins nuisibles au vigneron, au consommateur et à la planète, et sans le secours de l’œnologie, le nouveau vigneron pourra non seulement faire parler son terroir et produire de l’excellent vin en pratiquant une autre viticulture, mais aussi y gagner sa vie correctement. »
Alors, démuni, nu, avant d’aller rendre visite aux poissons de la baie, je prenais deux décisions :
- La première de poster un lien sur la chronique de Jean-Pierre Stahl ICI
- La seconde de vous livrer des citations extraites de la chronique :
« Ce sont des cépages qu’on a retrouvé dans des conservatoires nationaux ou dans les vieilles parcelles, ces cépages constituent Liber Pater ; pour les rouges on a 11 cépages assemblés et pour les blancs 3 cépages », Loïc Pasquet.
« L’idée, c’est de retrouver le goût du lieu ! Ces cépages-là étaient associés à un lieu typique…Quand on remet la vigne franche de pied sur son terroir qui l’a vu naître, on retrouve le vin du lieu, le cépage sert simplement de fusible qui exprime le terroir », Loïc Pasquet
« Ce vin là aujourd’hui, c’est vrai qu’on va plutôt aller le vendre sur des marchés américains, russes, asiatiques, et pourquoi pas le faire découvrir à ceux qui en ont envie : le tout est de trouver les amateurs qui ont envie de redécouvrir un vin tel qu’il était produit, c’est vrai que c’est une histoire, quelque chose de différent et c’est cela qui m’a plu dans cette histoire », Fabrice Bernard PDG de Millésima.
« Le goût du consommateur a évolué, les vignerons, et le climat, ont évolué, c’est une évolution perpétuelle et ce dont je suis sûr c’est que la qualité des vins de Bordeaux est bien meilleure qu’il y a 10 ans, il y a 20 ans et encore plus qu’il y a 50 ans » Christophe Chateau CIVB.