Dans son livre Besoin de Vélo Récits Paul Fournel évoque le vélodrome de Saint-Étienne, où quand il était petit, il allait voir Coppi, Anquetil, Rivière…
« Il était tout en bois, comme un vieux rafiot, et craquait de toutes ses jointures. Il était plein de fumée et de poussière, plein de mégots. On y était assis sur des bacs de galère parmi de gros gaillards qui gueulaient fort par-dessus le brouhaha… »
« Saint-Étienne était une des rares villes à en posséder un, il était si vétuste et si dangereux qu’il a été détruit… » Jamais reconstruit…
Le mien, celui de la Roche-sur-Yon, n’était pas un vélodrome au sens du Vel’d’Hiv., il avait une piste en béton en plein air, et il l’a toujours car il est toujours en activité il porte le nom d’Henri Desgranges, qui est à l’origine du Tour de France en 1903.
Tour de France 1936 - Arrivée à La Roche-sur-Yon
« Il y a près de cent ans à La Roche-sur-Yon, à défaut de vélodrome, les courses cyclistes avaient lieu autour de la place Napoléon. Pour éviter les chutes, les virages des quatre angles étaient alors relevés au moyen de terre battue.
Il faut attendre 1927 pour voir réalisée une piste en terre à usage de vélodrome au sein du stade créé en 1921 pour les militaires.
L’équipement, après un réaménagement et l’ajout de tribunes, devient municipal et est inauguré le 12 novembre 1933. La piste est entièrement refaite par le Véloce club yonnais (VCY) entre 1934 et 1947. »
Fournel parle de la piste bien mieux que moi, même si malgré son vif désir il n’a jamais pu en faire faute de piste.
« J’ai un goût » pour les « écureuils ». Ils sont l’écume virtuose du cyclisme. Je les imagine un peu dingues, un peu autistes, les yeux fixés sur la roue avant, concentrés sur leur effort, murés dans la virtuosité, puissants et félins, tirés en avant par leur pignon fixe (ils ne peuvent pas arrêter de pédaler), sans frein, ayant choisi d’être ce que le vélo est le plus radicalement : la vitesse pure.
Le vélo sur piste, c’est l’essence de bicyclette, de l’intériorité cycliste, du contraire. Des vélos aux lignes pures, dépouillés de tout, des règles simples et intenses, un spectacle changeant et soûlant, un fond de tristesse chez ces coureurs privés du grand air et du paysage, privés du jour et de la nuit. Un spectacle mystérieux qui a été du goût de tous et que plus personne n’aime, sans que l’on puisse savoir qui est morte la première, de l’offre ou de la demande. »
« Dans ce vélodrome stéphanois, j’ai vu Coppi vieux, j’ai vu Anquetil, j’ai vu Rivière se batailler entre eux. J’ai vu les stayers fous derrière leur moto qui ajoutaient un goût de pétrole au nuage de tabac – en fin de réunion, on aurait dit qu’ils pédalaient en rond dans une pipe. J’ai vu les relayeurs se lancer par le fond de la culotte ; les spécialistes de l’américaine, si nombreux en piste que l’on finissait par ne voir que l’ivresse ; les sprinters purs plantés en haut de leurs vertigineux virages, les maîtres des lieux.
J’aimais me tenir en haut du virage, précisément, à l’endroit où la pente est la plus forte, là où les sprinters montent pour faire du surplace avant de plonger vers la ligne de corde et surprendre leur adversaire.
Qui se souvient du Vélodrome de Saint-Etienne 1925-1961 ? ICI
Si comme moi vous avez eu la chance d’écouter les histoires du passé stéphanois, racontés par un grand père ou une grand mère, le “vel d’hiv” de Saint-Etienne, était un lieu mythique pour cette génération qui malheureusement a fermé ses portes en 1961…