Madame la maire,
Je ne veux en rien ajouter un souci à vos nombreux soucis : votre campagne « pas pipi dans Paris » fait l’objet de railleries, de moqueries… faut dire que vous l’avez bien cherché… mais pire encore que la chasse aux débraguettés sauvages voilà qu’un de vos adjoints, le premier adjoint et adjoint à la culture, Bruno Julliard, vous rentre salement dans le lard.
C’est du lourd et c’est ICI
Mais ce n’est pas l’objet de mon courrier du jour.
Pour vous interpeller je n’ai pas eu à beaucoup me fouler je suis allé piocher dans mes archives et j’ai retrouvé mon courrier du 21 mai 2007 adressé à Bertrand Delanoë :
Lettre au maire de mon village
Monsieur le maire de Paris,
Mes amis du Gers ont coutume de dire de leur colombard sec et nerveux : " sitôt bu, sitôt pissé..." Chez nous, dans notre charmant village, nous n'avons pas les mêmes aises qu'à Condom, car ici nul bouts de champs, ni chaintre, ou autre lieu de plein air où l'on peut, en toute tranquillité, sans nuire à l'environnement, soulager sa vessie en toute sérénité. Même nos compagnes, à la campagne, à l'abri d'un fourré, peuvent elles aussi prendre cette liberté.
Je vous sais soucieux, comme vos prédécesseurs, un corse monté à Paris, dont l'un, corse monté à Paris, s'illustra, avec les motos-crottes, des aises de nos amies les bêtes. Même qu'un certain Contassot, vert de son état, un jour menaça ma vieille voisine et son chien incontinent d'une amende pharaonique pour levage de patte non prévu par ses règlements. Bref, faudrait que votre Contassot, avec son pote Baupin qu’aime pas les autos mais qui dit aimer les vélos – depuis il a élargi sa panoplie aux jupons –, se préoccupât de mes aises de cycliste : « où puis-je pisser, en toute liberté, cher Bertrand Delanoë ? »
Dois-je, avant de me soulager, m'envoyer un caoua dans un bar pour pouvoir accéder à la résolution de ce besoin pressant ?
Cercle infernal, car le petit noir ainsi ingurgité me poussera quelques kilomètres plus avant dans un autre établissement.
Alors que faire ?
Me précipiter dans un Grand Magasin, une Gare ou je ne sais quel lieu public, où la signalétique est aussi compréhensible que la lecture de Teilhard de Chardin et, où, une fois atteint le lieu d'aisance me retrouver coincé en une longue queue ?
Dois-je aller au cinéma ou me résoudre à rechercher une new sanisette aussi rare sur le territoire de notre charmant village qu'une femme souriante dans le métro. Si j'ai la chance d'en trouver une – pas une femme bien sûr – à tout coup elle sera hors d'usage ?
Dois-je alors me résoudre à pisser le long d'un tronc d'arbre ou sous un porche? Non, monsieur le maire, c'est franchement dégueulasse et je vous invite à faire un petit tour sous le métro aérien entre St Jacques et Glacière pour apprécier les effluves de ces épanchements clandestins.
Dans le même temps je vous invite aussi, flanqué de Contassot et de vos services techniques, à venir contempler un édicule classé : la dernière Vespasienne parisienne sise sur le bord du boulevard Arago. C'est une honte de traiter ainsi une vieille dame. Ne me dits pas que vous z'avez plus de ronds les gars pour lui donner un p’tit coup de jeune ? Pour des mecs soucieux d'économiser l'eau la pauvre s'épanche comme une Perrette qu’aurait cassé son pot (tiens ça rime avec Contassot)
Bien sûr, je sais que ces lieux furent le siège de débauches nocturnes mais peu me chaut, si je puis m'exprimer ainsi, ce n'est pas une sulfureuse réputation qui saurait vous empêcher de vous colleter à ce service public du besoin pressant.
Dois-je, pour faire pression, créer le Mouvement de Restauration des Vespasiennes : M.R.V à ne pas confondre avec le MRG qui lui se réunit dans une cabine téléphonique – avec Tapie ça ne doit pas être aisé ?
Avant d'en arriver à cette extrémité, car je suis un homme de bonne volonté, je vous suggère d'ouvrir un grand concours d'architecte mobilisant les ressources des technologies modernes pour répondre à ma demande. Paris innoverait. Les touristes, provinciaux ou étrangers, apprécieraient cette délicate attention. Sachez aussi, monsieur le maire, sans vouloir être vulgaire, que le pisseur est aussi un électeur.
Je m'en tiens là pour aujourd'hui, monsieur le maire de Paris.
J'attends votre réponse avec sérénité, car j'en suis sûr mes écrits vous ont montré l'urgence qu'il y a de prendre en compte la satisfaction de ce besoin naturel, si bien traité par les Romains, et qui ne saurait plus encore être repoussée aux calendes grecques. L'approche des échéances électives devrait vous voir attentif à mes suggestions. Trop longtemps, à Paris, on a brocardé les dames pipis. L'érection de nouvelles vespasiennes, à la pointe de la technologie, nous permettrait de faire naître une nouvelle industrie qui porterait haut le prestige de la France dans toutes les grandes métropoles urbaines. Bref, laissons libre court à notre génie.
En vous remerciant du temps que vous venez de me consacrer, je vous prie d'agréer, monsieur le maire de Paris, l'expression de mes salutations les meilleures et empressées.
A vous lire, entendre, ou voir.
Jacques Berthomeau du boulevard Saint-Jacques
Depuis cette date, bien sûr je n’ai jamais reçu de réponse et surtout rien n’a changé, c’est pire : vos édicules technologiques qui parlent sont de plus en plus défaillants, puent, c’est scandaleux. Seule initiative notable il y a deux ans la mise en place temporaire d’entonnoir à pipi haut perché, pendant l’été, sur les berges du canal de l’Ourcq, ça cocotait sec sous le soleil, tout le charme de Paris en plus du vomi des gens bourrés.
Enfin, pour être dans l’air du temps, en 2018, sont apparues des pissotières écologiques un nouvel « uritrottoir » a été installé à la fin du mois de juillet sur l'île Saint-Louis, dans le très chic 4e arrondissement de la capitale. Le dispositif, originaire de Nantes, permet la fabrication d'un compost grâce à l'urine masculine, compost qui est ensuite utilisé pour faire pousser des plantes, précise le quotidien.
Une jardinière est en effet posée sur un réceptacle rouge dans lequel l'urine est filtrée grâce à de la paille, notamment pour pouvoir limiter les mauvaises odeurs. L'azote et le phosphate présents dans l'urine des hommes sont récupérés pour produire le fameux compost et ainsi servir de fertilisants naturels pour les fleurs. Le concept de cette pissotière écologique séduit particulièrement Paris, en quête d'un développement de plus en plus vert. »
Le Figaro rappelle que depuis le mois de mars, la mairie socialiste tente de développer le dispositif « uritrottoir » dans différents quartiers de la ville, afin notamment d'agir sur la propreté des rues. Avant l'île Saint-Louis, trois autres pissotières écologiques ont été installées dans Paris : sur le boulevard de Clichy (18 et 19e arrondissement), dans le jardin Tino Rossi sur le quai Saint-Bernard (5e arrondissement) et sur la place Henri Frenay (12e arrondissement).
Les critiques abondent ICI
Ce qui me fascine dans cette affaire c’est cet acharnement à chercher des solutions compliquées alors que dans d’autres capitales on se contente de mettre en œuvre des solutions simples en incitant l’ouverture de lieux d’aisance privée à petit prix ; et qu’on ne vienne pas me faire chier avec la privatisation puisqu’elle est déjà en œuvre via les cafés où il faut raquer entre 3 et 5 euros pour pisser.
Autre question avant d’en finir : pourquoi le lavatory Madeleine, situé place de la Madeleine à Paris dans le 8e arrondissementest aujourd'hui fermé ? « Construit en 1905 par les établissements Porcher sur le modèle des lavatories existant dès les années 1880 en Angleterre, il s'agit du premier édifice de ce type en France. Son architecture fait appel à de beaux matériaux : acajou verni pour les portes et les boiseries, vitraux, céramique décorée de motifs, mosaïque, robinets en laiton, etc. On y trouve également la chaise d'un cireur de chaussures. Les établissements Porcher-Revin en font la vitrine de leur savoir-faire.
« L'ancien lavatory des femmes et son accès, ainsi que l'accès du lavatory des hommes, sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 16 mars 2011. Malgré l'opposition du maire du 8e arrondissement qui y voit une forte opportunité touristique, les toilettes publiques ferment en mai 2011, faute, pour la ville de Paris, d'une fréquentation suffisante (350 passages/jour) pour justifier le maintien d'un agent d'entretien et du non-respect des normes d'accessibilité aux personnes à faible mobilité. »
Bravo la mairie, et pour suivre notre cher Président, qui n’en rate pas une, je propose :
1- que notre Bern verse son obole pour la remise en état du monument historique.
2 - que l’on fasse traverser la rue Royale à un chômeur pour qu’il fasse le job payé par le concessionnaire…
La propreté a un coût madame Hidalgo, la stigmatisation des pisseurs-debouts est inefficace, on ne peut traquer toutes les quéquettes à l’air, mettre un fonctionnaire derrière chaque libre-pisseur. Augmentez l’offre pour répondre à la demande !
Pendant que j’y suis madame, le cycliste que je suis vous demande de faire boucher les trous béants, les nids de poule gigantesques, qui ornent la chaussée de la capitale, demandez à vos services techniques de réfléchir à la bonne géométrie des ralentisseurs qui sont de véritables pièges pour le cycliste, 11 jours à Cochin ce fut pour moi le prix.
Merci.
La référence au film Chantons sous la pluie Singin'in the rain de Stanley Donen et Gene Kelly, sorti en 1952 n'est pas incongrue puisque l'on dit : il pleut comme vache qui pisse...