Sourcilleux le Guillaume, si tu oses écrire le régime de Vichy à propos de l’État français du père Pétain « Travail-Famille-Patrie », il est vénère ; Á juste titre il fait remarquer qu’associer l’opprobre de ce régime à la ville de Vichy est une infamie, même si cette vieille canaille de Pierre Laval, qui possédait un château à Chateldon y est pour quelque chose...
Pour moi, où je ne suis jamais allé, c’est mon ami Jean-Michel Belorgey que le 1er Secrétaire du PS, le François de Jarnac, envoya, lors d'une législative partielle, affronter à Vichy, un vieux radical : Gabriel Perronnet et qui me demanda si je pouvais l'éclairer, lui l'intello parisien, membre du Conseil d’État, sur les questions agricoles et rurales de ce fin fond de la France, le Bourbonnais. J'acceptai bien sûr.
Et me voilà à lui rédiger des fiches sur les vaches allaitantes afin que Jean-Michel puisse résister aux quolibets de Perronnet, vétérinaire de son état, l'accusant de ne pas savoir distinguer un viau d'une vache. Jean-Michel est battu avec les honneurs mais en mai 1981, la vague rose emporte les vieux élus, Perronnet est du lot et Jean-Michel se retrouve à l’Assemblée Nationale. Il sera celui qui imaginera le RMI.
Jean-Michel Belorgey écrira Vichy-Tombouctou dans la tête aux éditions Bleu maison d’édition située avenue Pasteur, à Saint-Pourçain-sur-Sioule.
« Plus qu’à la nature vierge, j’ai assez manifesté que j’étais sensible à la nature transformée par l’homme, et au premier chef aux villes, aux villes qui sont vraiment des villes, les villes orientales en particulier, Le Caire, Fès, Istanbul, avec leurs marchés couverts et leurs souks, dont ne sont qu’un pâle reflet, mais un reflet tout de même, les passages, parisiens ou vichyssois, turinois et milanais, ou bucarestois, etc. De cette préférence il ne faut pas cependant déduire une quelconque indifférence à l’égard de ce vers quoi elle n’est pas tournée. Les hommes d’un seul goût, d’un seul penchant, d’un seul livre, d’une seule idée, sont plus qu’ennuyeux ; ils sont redoutables. »
« J’aime beaucoup Vichy. C’est gai. C’est gai, il y a un petit côté station balnéaire… »
« Quand on se promène dans les rues, on ne pense pas à la guerre et à ses horreurs, les esprits de Laval et de Pétain ne hantent pas le quartier des parcs où la plupart des palaces ont aujourd’hui disparus. »
« …on y respire encore le parfum de Madame de Sévigné… »
« … Vichy c’est surtout Napoléon III, la Belle Époque et les années 30. Dans la galerie des Sources on s’attend à croiser des élégantes en robe longue, leur gobelet à la main, qui viennent prendre les eaux. »
« Il y a de quoi s’occuper à Vichy, il y a le casino, l’opéra Art nouveau, quelques musées, une médiathèque et même un observatoire des poissons migrateurs ! […] En revanche, l’été, j’aime bien aller déjeuner dans une des guinguettes des bords de l’Allier, près de la plage de sable fin et des pédalos. Vichy est une ville douce et sucrée, ça sent le bonbon partout. Je crois que je ne connais pas de ville où il y ait autant de confiseries ! L’une d’elles, « Les Marocains », est classée monument historique. »
Véronique de Bure Un clafoutis aux tomates cerises.
Aux Marocains ICI
Mais revenons à la Vichyssoise dont la paternité est attribuée à Louis Diat, un cuisinier originaire de Montmarault. Ce fils d'un marchand de chaussures se passionne pour la cuisine et, à 14 ans, il entre en apprentissage de pâtissier à Moulins. Puis il rejoint le Ritz, à Paris, comme chef potager, avant de gravir les tous échelons dans celui de Londres.
Lors de l’ouverture du Ritz à New-York, en 1910, le voilà chef à part entière.
Louis Diat raconte l'histoire dans le magazine New Yorker en date du 2 décembre 1950.
« Au cours de l'été 1917, alors que j'étais depuis sept ans au Ritz, j'ai réfléchi sur la soupe aux poireaux et pommes de terre de mon enfance que ma mère et ma grand-mère avaient coutume de faire. Je me rappelai comment, en été, mon frère aîné et moi y versions du lait froid pour la rafraîchir et combien elle était délicieuse. Je décidai de faire quelque chose de semblable pour les clients de l'hôtel Ritz »
« Dès le premier jour, la soupe connaît un succès immédiat. Louis Diat aimait raconter que le premier client à l'avoir goûtée en avait recommandé illico. D'abord servie uniquement l'été, elle sera, devant la demande, intégrée annuellement à la carte en 1923. L'hiver, on la servira chaude. La soupe s'arrache, Sara Delano Roosevelt, la mère du président, l'appellera même en pleine nuit pour se faire envoyer des conserves. En cadeau, il lui offre la recette, qu'il publiera ensuite dans le livre Cooking à la Ritz. La soupe changera de nom à la carte dans les années trente, anglicisée en cream vichyssoise glacée. Et elle se propagera dans tout le pays, sous le nom la vichyssoise. »
La vichyssoise, itinéraire d’une soupe passée partout… sauf à Vichy publié le 25/11/2014 dans la Montagne
« Retour dans le Morvan… En 1954, la soupe franchit l'Atlantique dans l'autre sens, mais évite toujours soigneusement la cité thermale, même si la Société d'histoire et d'archéologie de Vichy entend alors parler de son existence via un industriel d'Autun, auquel un gros importateur américain demande de grandes quantités de cream vichyssoise soup. Ne connaissant pas la recette, l'industriel du Morvan demande un échantillon, le fait analyser, et découvre un potage de pomme de terre, poireaux, oignon, carottes, avec du lait et des épices.
« On déguste la vichyssoise aussi bien en Asie qu'en Espagne, où les soupes froides ont toujours eu la cote, jusqu'en Russie. Il existe même un « vichyssoise day » dans les pays anglophones. Mais nul n'est prophète en son pays : s'il y a un endroit où la soupe est méconnue, c'est en France. Ici, on la trouve à certaines tables, dont au N3, où elle est cuisinée à l'eau des Célestins. Enfin un ingrédient vichyssois dans cette histoire, près d'un siècle plus tard. »