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22 juillet 2018 7 22 /07 /juillet /2018 07:00
Les valets à propos de la bande d’Alexandre Benalla au cabinet du Président de la République

Le texte ci-dessous est un extrait d'un article « Typologie des cabinets » publié dans la revue Pouvoirs en 1986 par Guy Carcassonne.

 

Il s’agit des cabinets des Ministres mais il colle assez bien à la conception qu’a Emmanuel Macron de sa gouvernance verticale.

 

Affaire Benalla : quand la « bande d’Alexandre » suit Macron à l’Elysée ICI  

 

Ce que la polémique sur l’affaire Benalla révèle d’Emmanuel Macron  ICI 

 

L’affaire Benalla, fruit d’un mélange des fonctions pourtant prohibé ICI  

 

Les 2 premiers articles sont du Monde abonnés si vous souhaitez accéder au texte intégral il suffit de me le demander.

 

« Fondamentalement, un ministère se compose du ministre et de ses services. Le cabinet n'est nullement un protagoniste à part entière, ayant en propre sa légitimité, sa compétence et sa fonction. Il n'a que celles que lui octroie le type de relations entre ministre et administrations. Tantôt le premier est assez sensiblement assujetti aux secondes, et les conseillers sont les interprètes plus ou moins fidèles des directions, davantage que les courroies de transmission de la volonté gouvernementale. Tantôt ils impriment effectivement la logique politique, mais alors ils parlent et agissent au nom et pour le compte de leur "patron". Car la fonction de ministre, en fait, n'est jamais individuelle. Il n'est de ministre que collectif : " le titulaire du poste+son cabinet ".

 

Qu'on ne s'y trompe pas : une telle affirmation ne signifie nullement que les membres du Gouvernement seraient des personnes sous influence aux mains d'une équipe qui les manipulerait. Plus prosaïquement, une part considérable du temps qu'un ministre consacre à son activité est dévorée par des fonctions tenant de la représentation, réduisant ainsi à la portion congrue - ou plutôt incongrue - les moments disponibles pour le travail de fond. Aussi, et parce que l'adoubement présidentiel ne suffit pas à conférer l'omniscience, le ministre se démultiplie en autant de parties que son cabinet compte de membres.

 

La question essentielle n'est donc pas de savoir comment l'équipe se situe entre le ministre et ses services - elle est le ministre collectif - mais porte sur la manière dont les membres du Gouvernement utilisent les moyens que leur offre cette démultiplication. En exigent-ils des informations, des conseils, des décisions ? Veulent-ils accaparer ou déléguer ? Toutes les combinaisons, avec tous les dosages, sont possibles entre ces divers éléments. "

 

Les valets

 

   C'est évidemment la forme la moins aguichante, pas obligatoirement la plus rare ni la moins efficiente.

 

    Dans ce système, les recrutements, à une ou deux exceptions près (généralement le chef de cabinet et l'attaché parlementaire), sont laissés à la discrétion du directeur de cabinet.

 

     Celui-ci occupe une place stratégique, non qu'il se substitue au ministre mais parce que ce dernier a décidé de l'avoir comme interlocuteur unique, par lequel tout doit impérativement passer et qui est le véritable responsable de l'équipe.

 

     Les conseillers, réputés techniquement compétents, ne communiquent avec leur patron que par des notes dont ils ont rarement l'occasion de défendre personnellement le bien-fondé. Ils doivent toujours être prêts à exécuter les ordres, adopter une attitude respectueuse à laquelle une certaine obséquiosité ne nuira pas.

 

     Vis-à-vis des services, deux variantes sont possibles. Dans l'une, le ministre entretient des relations plus suivies avec les directeurs qu'avec son propre cabinet. Celui-ci ne peut alors exercer de véritable autorité sur ceux-là et son rôle se borne à veiller à l'application de décisions prises en dehors de lui. Dans l'autre, les responsables de l'administration sont également privés de contacts directs et fréquents avec le ministre, le cabinet regagne alors un peu de son aura dans la mesure où il est l'intermédiaire obligé, mais sans vraiment pouvoir s'imposer car son audience est connue limitée.

 

Dans certains départements ministériels, ceux dont la conduite est la plus politique, cette substitution d'une brigade de valets à des conseillers personnels peut ne pas présenter de grands inconvénients et donner des résultats.

 

     Dans les autres, elle a deux défauts graves. Parce que le ministre ne veut voir personne et que le directeur de cabinet ne peut voir tout le monde, des frustations naissent rapidement, tant chez les membres du cabinet, dont la fonction est trop peu gratifiante pour provoquer la mobilisation souhaitable, que chez les fonctionnaires qui apprécient peu d'être de simples exécutants. En outre - et c'est le second défaut - le sentiment d'un travail d'équipe, et de la solidarité correspondante, est impossible à susciter lorsque chacun ignore non seulement ce qui sera fait de son avis mais aussi ce que font les autres membres du cabinet. 

 

     Il est, enfin, un indice qui ne trompe pas pour déceler cette situation : la plupart des cabinets fonctionnant sur le mode ancillaire tiennent leur réunion hebdomadaire, quand elle existe, le mercredi matin, c'est-à-dire au moment où les obligations gouvernementales interdisent toujours la présence physique du ministre.

 

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commentaires

J
Bonjour monsieur Berthomeau<br /> <br /> Ainsi que vous le proposez aimablement, il m'intéresserait de recevoir les deux articles auxquels vous faites référence concernant l'affaire Benalla.<br /> <br /> Je vous en remercie par avance.
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