J'abandonne sur une chaise le journal du matin
Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent
J'attends qu'elle se réveille et qu'elle se lève enfin
Je souffle sur les braises pour qu'elles prennent
Cette fois je ne lui annoncerai pas
La dernière hécatombe
Je garderai pour moi ce que m'inspire le monde
Elle m'a dit qu'elle voulait si je le permettais
Déjeuner en paix, déjeuner en paix…
… OÙ LA MORT RODE.
06/06/2018
Au milieu de cette beauté printanière, le mildiou, nous guette, comme un coupe-jarret au détour d’une ruelle.
C’est la mauvaise nouvelle de l’année. On lutte. On est équipé. On est prévenu. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Ici, bien des vignerons pensent que le Mildiou, c’est une sorte de légende. Un truc du Nord. D’au «delà du mur»… Et cette année, pour certains qui ne l’ont pas vu venir, cela pourrait bien être la dernière saison. J’espère me tromper…
Le Mildiou, c’est une vraie saloperie. Un truc vicieux qui, comme le phylloxera, a des cycles, bizarres et différents, sexués et asexués. La seule chose qu’a ce truc, cet omycète (une insulte ciblée, entre deux hommes cultivés qui aiment le vin…), ce pseudo-champignon, c’est qu’il ne supporte pas le cuivre. Même à dose infime, ça le tue. Sinon, il n’y aurait plus de vignes telles qu’on les connaît depuis longtemps. Et plus de ce vin-là. Un autre truc, sans doute, mais moins bon.
Bon, depuis une trentaine d’années, il y a autre chose, au niveau produits phyto, que du cuivre – uniquement préventif -, en curatif. Des produits qui ont sauvé bien des vignes. Mais je ne vous en parlerai pas, l’époque ne… le permet plus.
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Et un commentaire
« Je confirme, au Pic Saint Loup la météo nous a laissé la même fenêtre aussi avons-nous traité l’ensemble du vignoble en deux jours au lieu de quatre en travaillant 14h par jour ( et pas avec du cuivre désolé!) . Pas avec du cuivre, mais sans vent et avec des appareils performants qui autorisent des faibles doses. Le principe énoncé par Paracelse suivant lequel » c’est la dose qui fait le poison « reste fondamentalement vrai pour les produits « chimiques »‘que l’on nomme aussi au choix : « pesticides » « produits phytosanitaires » « médicaments » famille à laquelle appartient bien sur le sulfate de cuivre (capable lui aussi de stériliser les sols notamment les sols acides quand il est utilisé à trop forte dose. Ceci étant dit, il est bien sûr nécessaire que nous les agriculteurs nous puissions travailler avec les chercheurs pour être encore plus des « acteurs » dans le grands théâtre de la nature et non pas des destructeurs. »
Le texte est d’Hervé Bizeul et le commentaire de Jean Orliac
Pourquoi suis-je troublé ?
Pour 2 raisons :
- La première c’est que lorsque j’étais en responsabilité au 78 rue de Varenne, dans les années 90, j’ai fait une confiance totale en l’avis des experts scientifiques du Ministère (Protection des Végétaux et Services vétérinaires).
- La seconde c’est que je sors d’un séjour en soins intensifs dans le service de pneumologie de l’hôpital Cochin où je n’ai d’autre choix que de m’en remettre aux décisions thérapeutiques de l’équipe médicale donc d’absorber une grande palette de médicaments.
Je ne déjeune pas en paix et j'ose écrire : « Je ne sais pas… en ajoutant… sur quelles bases puis-je me forger une opinion ? »
Sur ce thème le combat fait rage, l’objectivité des scientifiques est remise en question, les conflits d’intérêts fragilisent leurs avis, le puissant lobbying de l’agrochimie sème le doute, le modèle d’intensification des cultures et de l’élevage piloté par l’aval : les IAA et la GD est remis en question sans être ébranlé, les politiques n’ont plus de boussole, naviguent à vue…
J’avoue découvrir Paracelse et «LA DOSE FAIT LE POISON»
Je cherche sur la Toile et le premier article sur ce thème émane du blog de Marie-Monique Robin qui expliquait en 2011 notamment « le rôle joué par Paracelse dans le système d’évaluation des poisons chimiques qui contaminent notre alimentation. »
Très impliquée dans le combat contre Monsanto elle écrit :
« En effet, le médecin suisse du XVIe siècle qui est cité à toutes les sauces, est l’auteur d’une phrase, qui constitue le dogme central de l’ « idéologie de la dose journalière acceptable », pour reprendre les termes de René Truhaut, considéré comme l' « initiateur de la DJA » : « Rien n’est poison, tout est poison: seule la dose fait le poison. »
Né Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim, celui qui est entré dans l’histoire sous le nom de « Paracelse » était un alchimiste, astrologue et médecin suisse, à la fois rebelle et mystique, qui a dû maintes fois se remuer dans sa tombe, en voyant comment les toxicologues du XXe siècle ont abusé de son nom pour justifier la vente massive de poisons. Parmi les coups de gueule légendaires du « médecin maudit » [1], l’un mérite d’être médité par tous ceux qui sont chargés de la protection de notre santé : « Qui donc ignore que la plupart des médecins de notre temps ont failli à leur mission de la manière la plus honteuse, en faisant courir les plus grands risques à leurs malades ? » [2], s’emporte le professeur de médecine, alors qu’il vient de brûler les manuels classiques de sa discipline devant l’Université de Bâle , ce qui, on s’en doute, lui valut quelques solides inimitiés.
« Allergique à tout argument d’autorité » [3] – chose que semblent aussi avoir oublié ceux qui appliquent les yeux fermés le principe qui porte son nom – Paracelse est à la fois considéré comme le père de l’homéopathie et de la toxicologie, deux disciplines qui, aujourd’hui, ne s’apprécient guère. La première revendique l’une de ses phrases les plus célèbres, dont s’est d’ailleurs aussi inspiré Pasteur, lorsqu’il inventa le premier vaccin : « Ce qui guérit l’homme peut également le blesser et ce qui l’a blessé peut le guérir. » La seconde en préfère une autre, somme toute complémentaire : « Rien n’est poison, tout est poison: seule la dose fait le poison. »[4]
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Les insectes et les bactéries comme alternative aux pesticides
A Antibes, des chercheurs de l’INRA préparent la sortie des pesticides chimiques. La lutte biologique s’organise à l’aide d’insectes, bactéries, champignons et phéromones.
LE MONDE | 05.06.2018 à 06h27 • Mis à jour le 05.06.2018 à 15h26 |
Par Alexis Riopel
« Pas la moindre mouche ne sort d’ici sans invitation. Entre les deux portes d’Entomopolis, des pièges collants et une lampe à rayons ultraviolets interceptent tout insecte en liberté. La précaution est de mise dans ce pavillon de l’Institut Sophia Agrobiotech à Antibes (Provence-Alpes-Côte d’Azur), car on y trouve des insectes invasifs qui font des ravages en France et d’autres espèces exotiques qu’on songe à introduire dans les campagnes afin de combattre les premières. On y organise la lutte biologique.
« Actuellement, la protection des cultures repose largement sur des substances chimiques de synthèse. Les méthodes du biocontrôle permettent une défense beaucoup plus respectueuse de l’environnement et de la santé humaine », avance Thibaut Malausa, coordinateur scientifique du biocontrôle à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), auquel l’Institut Sophia Agrobiotech est rattaché. Le biocontrôle consiste à opposer des insectes, des bactéries, des virus ou des champignons aux organismes nuisibles, à disperser des molécules odorantes pour les éloigner, à épandre des substances naturelles pour les tuer ou à réaménager le paysage pour favoriser la présence de leurs ennemis naturels
« La lutte biologique existe depuis la fin du XIXe siècle, mais elle s’est peu développée parce que les pesticides chimiques étaient très abordables. Aujourd’hui, on y revient », souligne Christian Lannou, le chef du département Santé des plantes et environnement à l’INRA. Les efforts du centre de recherche méditerranéen se concentrent surtout sur la protection face aux insectes nuisibles. Cela tombe à point, puisque les insecticides de la famille des néonicotinoïdes seront interdits en France le 1er septembre, et que les agriculteurs ont un besoin urgent d’alternatives à ces neurotoxiques décimant les abeilles. Or, dans un avis publié le 30 mai, l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) relevait que les méthodes du biocontrôle apparaissent « les plus aptes à remplacer immédiatement, efficacement et durablement les néonicotinoïdes ».
Pour l’instant, le recours au biocontrôle se fait rare dans les cultures françaises. Malgré une croissance rapide (10 % à 15 % par an), cette approche ne représente que 5 % du marché des insecticides, et son emploi se concentre surtout en serre.
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MERCREDI 06 JUIN 2018 À 17:31
Sortie du tout pesticide : « Il y a des alternatives mobilisables et qu’il faut combiner »
Représentants d’agences nationales, de ministères ou du monde agricole étaient réunis avec les sénateurs pour une table ronde sur les produits phytosanitaires. La question de réduction dans l’utilisation de ces substances chimiques a été au cœur des échanges.
Guillaume Jacquot
« C’est en plein passage de relais sur le texte Agriculture et Alimentation entre les deux chambres que le Sénat a organisé ce mercredi une table ronde sur le thème des produits phytosanitaires. L’actualité est brûlante sur les herbicides et les pesticides, quelques jours après la controverse sur la sortie du glyphosate.
La question des mutations des pratiques agricoles et surtout de la réduction de la consommation des produits phytosanitaires ont été de très loin l’un des thèmes centraux. Avec une interrogation centrale : les solutions existent-elles ? L’enjeu est sanitaire et environnemental, mais aussi économique et technologique.
Concernant le glyphosate, l’un des herbicides les plus employés au monde, et dont l’utilisation s’est élevée à 9200 tonnes en France en 2016, le gouvernement s’est donné pour objectif une sortie en trois ans. Des alternatives existent. Des impasses aussi. Le PDG de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), explique que les « situations techniques d’impasse totale » représentent « 15% des volumes de glyphosate consommé ».
Philippe Mauguin insiste : « Il n’y aura pas une seule solution, il ne faut pas se bercer d’illusions ». « Le message de la recherche, c’est qu’il y a des alternatives qui sont mobilisables et qu’il faut combiner. Avec à chaque des approches différentes selon les territoires. »
« Le réveil est difficile aujourd’hui. L’histoire était écrite, cela fait cinq ans que l’on dit que ces produits sont condamnés, compte tenu de leur réminiscence et de leurs effets sur l’environnement », déclare Patrick Dehaumont, le directeur général de l'alimentation, au ministère de l'Agriculture.
Des « perspectives un tout petit peu optimistes »
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Pourrions-nous échanger en paix sur ces sujets ?