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24 mai 2018 4 24 /05 /mai /2018 06:00
Moi qui suis né péquenot je me revendique comme 1 homme de luxe : plaidoyer en défense d’une manière d’être   « Les jours de mélancolie, le vin est un merveilleux compagnon »

Prétentieux en plus !

 

Pas si sûr, je ne suis pas tendance « Si à 50 ans on n'a pas une Rolex, on a raté sa vie», je n’ai aucun goût pour les grosses, cylindrées et villas qui se foutent du POS, aucune appétence pour le jéroboam de champagne à 30 000 euros à Ibiza, aucune attirance pour les bijoux de la Place Vendôme pour madame, je trouve les fringues Gucci et Louis Vuitton vulgaires, pas envie de poser mes fesses dans les draps des suites au Ritz, nul besoin de m’acheter un club de foot pour faire mes courses en millions d’euros…

 

Vous allez me rétorquer que de toute façon je n’en ai pas les moyens, que je fais le ramenard à bon compte, que je m’envoie des fleurs sans grands risques, que je verse dans la démagogie mélanchoniste.

 

Je conviens que je ne dispose d’aucun argument concret en défense. Tout ce que puis écrire simplement c’est que, depuis le temps de mes culottes courtes, mon ambition a toujours été de me sentir bien dans mes baskets, de faire honneur à mon père, et que ma manière d’être soit respectueuse de là où je viens.

 

Je ne tire aucune gloire de mes modestes origines, ni n’en tire une quelconque absolution moi le péquenot du Bourg-Pailler, qui a gardé les vaches du pépé Louis, des normandes bien sûr !

 

Oui, j’assume ma part d’orgueil, mon front ne se couvre d’aucune honte lorsque je me revendique homme de luxe.

 

Robert Colonna d'Istria définit le luxe comme une manière d'être, un certain type de visée, plutôt que comme un état lié à certains objets de prix.

 

« Le luxe apparaît alors comme ce qui est tout à la fois inutile et essentiel. C'est-à-dire qu'il répond à une tendance inhérente à l'homme qui consiste à vouloir s'élever, à se dépasser, à refuser l'état présent. Le luxe ne réside pas dans les choses, mais dans l'homme lui-même en ce qu'il porte une exigence d'absolu, de perfection et d'harmonie avec lui-même, au-delà des choses bassement matérielles, utiles, au-delà de ce qui lui est donné. Aussi tout peut contribuer au luxe : l'eau, le temps, la soie, le beau » Matthieu Guével.

 

« Beaucoup d'objets considérés comme luxueux parce qu'ils coûtent très chers, ne sont que du domaine de l'ostentation, c'est-à-dire qu'ils sont à la fois socialement utiles, et du point de vue de la volupté, de l'exaltation des qualités les plus importantes de soi, parfaitement inessentiels » (p 18).

 

Suivez mon regard, chers lecteurs, la conjonction des nouveaux riches et des vendeurs de luxe ostentatoire, les noms vous les connaissez aussi bien que moi, me rend allergique aux donneurs de leçon grands bénéficiaires de ce monde du paraître.

 

Mon luxe, ma façon d’être, n’en déplaise aux ouvriers de la 25e heure, c’est de joindre le geste à la parole, c’est le moyen le plus simple et le plus efficace pour sauver ceux qui résistent à la banalisation, à l’uniformisation, à l’extension du domaine de la GD.

 

Faire ses courses, prendre le temps de faire ses courses, de choisir, c’est découvrir et acheter Champ Secret, l’un des derniers camemberts au lait cru AOP fermier, de n’acheter que du bon pain chez un boulanger qui boulange à l’ancienne, de siffler que des vins de vignerons soucieux de ne pas massacrer la nature et de laisser au jus sa liberté.

 

Ce luxe, m’objecterez-vous, coûte cher, c’est un luxe de vieux bobo parisien…

 

Faux, mon budget alimentaire est raisonnable, je fais des choix, je cuisine les restes, je n’ai aucun recours aux plats tout prêts, manger des pâtes et des patates c’est aussi pour moi un luxe à la portée de tous les porte-monnaie.

 

Le texte de Robert Colonna D'Istria extrait de son essai : «  L'art du luxe »  Court traité du luxe éditions transbordeurs, en 2007, a le parfum d’un monde en voie d’immersion, mais il garde sa part de vérité, reste que seule la conjonction de ceux qui font bon et de ceux qui achète bon sauvera le vrai luxe

 

« L'homme de luxe ne boit que deux types d'alcool : des vins, y compris de champagne, et des eaux-de-vie. Le reste n'existe pas.

 

      Aucun autre alcool n'offre la richesse et la variété du vin. A partir de procédés schématiquement comparables, cette production connaît, en fonction des terroirs, des climats, des cépages, des méthodes de vinification, une variété à peu près inépuisable. Le luxe du vin réside d'abord dans cette diversité.

 

       Il réside ensuite dans la qualité des produits eux-mêmes, dans les émotions que chaque cru peut apporter, dans les subtilités de chacun, qui se mesurent à mille éléments, la force, la couleur, l'arôme, le raffinement des parfums, la puissance, le charme. Peu de productions humaines, à un tel niveau de qualité et d'émotion, présentent pareille variété.

 

       Les jours de mélancolie, le vin est un merveilleux compagnon : un chambertin d'une belle année a sauvé plus d'un homme de luxe  de tracas passagers. Les jours de joie, rien, au contraire, ne met mieux en valeur la liesse qu'un excellent vin, rien ne fait mieux chanter les sentiments heureux. Les vins de Moselle, d'Alsace ou de Hongrie sont, par exemple, des vins de lumière et de gaieté. Et pour rompre simplement le quotidien, ce que le poète appelait les « jours machinaux », sans tristesse à combattre ou joie à célébrer, les hommes, depuis des siècles, connaissent les pouvoirs du vin. Chacun peut les apprécier à la sagesse, toujours gaie et généreuse, des habitants des régions qui en produisent.

 

       Par rapport aux autres produits de la vigne et du travail des hommes, né dans les profondeurs crayeuses, le champagne est d'invention récente. À son origine, il y a une espèce de fantaisie, et à son succès, croissant depuis deux siècles, un comportement qui relève de la mode. Car, par rapport aux volumes produits, il y a peu d'excellents champagnes. Il y a beaucoup de produits grossiers, capiteux, qui n'ont rien des qualités lumineuses que l'on doit attendre de cette prestigieuse invention. L'inconvénient de cette réalité - commune - est qu'elle touche un produit qui ne souffre pas la médiocrité. Si un bordeaux de deuxième zone peut être un vin à peu près acceptable, un champagne approximatif, comme s'il était éventé ou tiède, doit être directement vidé dans l'évier ; il ne vaut rien.

 

        Les eaux-de-vie constituent la dernière catégorie que l'homme de luxe peut envisager pour la célébration de son culte. Il suffit d'en prescrire une dégustation religieuse. »

 

Robert Colonna D'Istria   " L'art du luxe " Court traité du luxe Essai éditions transbordeurs

 

 

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