Georges Clemenceau, le Tigre, était un médecin qui durant ses études de médecine accomplira une partie importante de ses stages dans des services prenant en charge les malades mentaux. En plus de son passage à Saint-Jacques, à Nantes, qu’il avait illustré par quelques exploits, il ira, à Paris, à la Salpetrière et surtout, comme il le rappellera à plusieurs reprises, il « vivra une année de sa jeunesse » – l’année universitaire 1862-1863 – à Bicêtre, « au milieu des fous, des idiots et des crétins ». Comme toujours, en parlant ainsi, il ne pouvait s’empêcher de jouer les provocateurs, mais, soulignons-le, il avait choisi ces terrains de stage et il se montrera toujours attiré par la maladie mentale.
À Bicêtre, en 1864, il avait été interne en même temps que Valentin Magnan qui deviendra l’un des grands aliénistes de la Troisième République ; devenu ministre de l’Intérieur et surtout président du Conseil, il appuiera le combat de ce dernier contre l’alcoolisme et en particulier il demandera que soient effectuées des études précises sur les ravages causés par l’absinthe. Mais Clemenceau n’était pas un partisan de la prohibition, ni même d’une répression aveugle. Assurément sobre, lui médecin – et dans le XVIIIe arrondissement, médecin des pauvres – considérait « que la question posée par l’usage et l’abus de l’alcool n’était autre que le problème social tout entier ». Pourtant, poursuivait-il : « même dans la société la plus parfaite qui soit, vous ne supprimerez pas le besoin de rêve ».
« La consommation d’alcool et de boissons alcoolisées fait courir à l’heure actuelle au pays tout entier des dangers auxquels le gouvernement a le droit de porter remède d’une manière énergique, tant pour la discipline que pour la santé de tous. »
«Il y a en moi un mélange d'anarchiste et de conservateur dans des proportions qui restent à déterminer.»
« En 1906, Armand Fallières, élu président de la République, invita ses amis en vue de la composition du gouvernement. Il fit servir à boire et demanda à Clémenceau :
- Qu’est-ce que vous prenez ?
- L’Intérieur, répondit l’autre.
Qui l’obtint… »
Dans la Vendée calotine, baignant dans l’eau bénite, soumise à la génuflexion, Clemenceau, ardent républicain, anticlérical affirmé, mais hostile au socialisme, il entend défendre la propriété et les libertés individuelles et voit dans « le socialisme une idéologie de caserne », était respecté par tous.
Avec mon père j’ai visité sa maison de Saint Vincent sur Jard où il se retire en 1920 quittant la vie politique. «Entre l’océan et la maison qu’il loue, Georges Clemenceau, grand ami de Claude Monet, réalise le pari de créer un jardin sur la dune » ICI
Sa stature m’a marqué et le récit de ses obsèques, sobres et altières, m’a fasciné :
« Au lendemain de sa mort, conformément à son testament qui excluait tout « cortège ni cérémonie d'aucune sorte », son corps - auprès duquel avait été placé selon ses instructions l'humble bouquet que lui offrirent en Champagne le 6 juillet 1918 deux soldats d'avant-poste promis à la mort - fut transporté dans sa voiture et à 12 heures 30, arriva à Mouchamps au « bois sacré » où reposait depuis 1897 son père, en présence de 200 gendarmes et de nombreux paysans accourus malgré les barrages routiers et la fermeture du chemin du manoir-ferme du « Colombier », domaine où ses ancêtres avaient vécu du début du XVIIIe siècle à 1801.
Il fut porté en terre par son chauffeur Brabant, son valet de chambre Albert Boulin, deux fossoyeurs et deux paysans, sur le bord d'un ravin boisé dominant une boucle du Petit Lay, terrain donné à la commune en avril 1922 par Clemenceau et ses cinq frères et sœurs, dans une grande simplicité, celle des funérailles protestantes traditionnelles. Un de ses familiers, le jeune lieutenant d’infanterie Jean de Lattre de Tassigny, futur maréchal de France, fut avec son épouse parmi ses rares amis vendéens à assister à ses obsèques.
La copie de la Minerve casquée dite « de Samos » par Sicard surplombe les deux sépultures jumelles, sans dalles ni inscriptions, seulement entourées de grilles ombragées par un grand cèdre de l'Atlas, « arbre de La Liberté » planté en 1848 par son père. »
Ce long préambule pour vous dire que, ce qui est devenu quasiment un marronnier de la presse du vin, du moins ce qu’il en reste, Denis Saverot de la RVF l’usant jusqu’à la corde, la partie de bras de fer entre les défenseurs de la boisson nationale fraîchement convertis à la modération et les prohibitionnistes masqués de l’alcoologie, me gonfle de plus en plus.
Le Monde, jamais en reste d’un bon sujet qui caresse dans le sens du poil ses annonceurs, ce qui ne l’empêche pas dans le même mouvement de la faire avec les hygiénistes, titre Macron aime le vin et le fait savoir, au grand dam des médecins
« Emmanuel Macron a régulièrement banalisé la consommation du vin et multiplié les gestes en faveur de la filière viticole. Une posture inédite pour un chef de l’Etat, qui met en émoi les acteurs de la santé. »
LE MONDE | 28.04.2018 à 12h15 • Mis à jour le 30.04.2018 à 12h17 | Par Ophélie Neiman
« La filière viticole ne pouvait rêver d’un meilleur ambassadeur : un président de la République qui aime le vin. Mais surtout, un président qui ne craint pas de le faire savoir. Même s’il boit avec beaucoup de modération. Une position inédite dans la Ve République, révélée dès la campagne présidentielle et qui ne s’est jamais démentie depuis. Un pari risqué, aussi : pour beaucoup d’électeurs, le vin est d’abord un produit nocif pour la santé. Du reste, nul autre président, avant lui, ne s’était risqué à faire une telle déclaration d’amour au vin.
Emmanuel Macron a trois raisons de casser ce tabou : le vin est le deuxième secteur d’exportation, cumule 13 milliards de chiffre d’affaires et génère près de 500 000 emplois. C’est le symbole de la réussite française par excellence. Et puis… et puis, ça tombe bien, il le connaît bien. Deux vidéos sont là pour le prouver, réalisées quand il était encore candidat, en décembre 2016, à l’occasion d’un entretien avec Sud-Ouest et Terre de vins. On y voit le président goûter des vins lors d’une dégustation à l’aveugle : « On sent le cuir, le sous-bois. On peut aller vers Pauillac… c’est un bordeaux en tout cas. Le nez ne trompe pas ! » ICI
Tout y est : la dégustation surprise de Macron, son « N’emmerdez pas les Français », le « Vu du foie, le vin est bien de l’alcool « d’un collectif de médecins dans Le Figaro, l’ « Entrée d’une lobbyiste au gouvernement » (sic) Audrey Bourolleau ex-directrice de Vin&Société n’est que conseillère technique au cabinet du Président, l’ « Entrée de la filière sur le terrain de la santé » (re-sic), et bien sûr le couplet de Reynaud, professeur en psychiatrie, addictologue et président du Fonds Actions Addictions, le grand danger du vin est d’avoir réussi à faire entrer de fausses informations dans les consciences : « On veut nous faire croire qu’une consommation modérée est bonne pour la santé, mais c’est faux. La vérité est que le risque augmente dès le premier verre régulier, que l’alcool est la première cause de démence précoce, la deuxième cause de cancer. Et source de nombreuses violences familiales. Au lieu de cela, on nage dans un bain d’informations positives. »
Fermez le ban !
A-t-on dans cette relation purement factuelle fait avancer la juste cause de la lutte contre l’alcoolisme ?
La réponse est non !
Bataille de communication, vaine bataille entre les réparateurs des corps meurtris et les cajoleurs des âmes en désarroi, je me sens proche du médecin Clemenceau, pourfendeur de l’alcoolisme mais conscient que nous ne supprimeront jamais le besoin de rêve.
Mon passage à Cochin me renforce plus encore dans l’appréhension de la lutte contre l’alcoolisme, je suis et je reste un Olivier AMEINSEN.
LIRE 19 janvier 2012
Portrait d’Olivier Ameisen dans Libération « Arrêter l’alcool, ce n’est rien. Découvrir la vie, c’est extraordinaire»
« En novembre 2004 j’ai publié une chronique sur le livre du Dr Olivier Ameisen « Le Dernier Verre » Je commençais ma chronique en écrivant « Olivier Ameisen, l’auteur du livre « Le dernier verre » chez Denoël, est un médecin sensible et talentueux. Deuxième enfant d’une famille parisienne aisée, d’origine juive polonaise, son parcours scolaire est fascinant. En 2009 je commettais une autre chronique « Les alcoologues sont un peu comme ces maris ou femmes trompés depuis des années… » à propos du livre du Dr Ameisen Le titre de ma chronique était extrait d’une libre expression du Dr Michel Marty, psychiatre, psychanalyste, président de l’ANPAA 64. J’ai donc suivi le parcours du combattant d’Olivier Ameisen avec beaucoup d’attention. Nous ne nous sommes jamais rencontrés mais j’ai eu l’occasion de discuter avec son frère Jean Claude Ameisen médecin, immunologiste, chercheur en biologie à l’INSERM dont il préside le comité d’éthique depuis 2003 et surtout pour moi, l’auteur d’un livre fondamental, à lire absolument, La Sculpture du vivant. Le suicide cellulaire ou la mort créatrice aux éditions du Seuil, 1999. »
Qui mieux que lui, aujourd’hui disparu, brillant médecin pourri de dons, alcoolique invétéré qui triompha de son addiction, pouvait nous indiquer les chemins à suivre ?
Surtout pas les professionnels de la profession qu’ils soient alcoologues ou défenseurs du vin boisson culturelle, comme Clémenceau, que je parodie, je persiste et je signe : « l’alcoolisme est chose trop grave pour la confier aux alcoologues… »
Je verse au dossier :
Santé. Les effets cachés de l’alcool sur le cancer
Diagnostiquée d’un cancer du sein, une journaliste de Mother Jones a découvert un facteur de risque qu’elle ignorait : la consommation d’alcool, même modérée. Elle a enquêté sur ses conséquences et sur les efforts des industriels pour vanter les bienfaits des boissons alcooliques.
« L’alcool m’a-t-il donné le cancer du sein ? »
Telle est la question que pose une journaliste de Mother Jones, atteinte d’un cancer du sein à 47 ans – soit quinze ans avant l’âge médian pour ce diagnostic aux États-Unis –, sans aucun facteur de risque connu.
Bien sûr, reconnaît Stephanie Mencimer, il est impossible d’attribuer avec certitude le cancer à un facteur, « comme d’essayer de prouver qu’un certain événement météorologique a été causé par le changement climatique » Pourtant, poussée par la curiosité, cette journaliste s’est plongée dans la littérature scientifique et a découvert un risque dont elle n’avait jamais entendu parler : l’alcool. « Je ne suis pas une grosse buveuse, raconte-t-elle, mais comme la plupart des femmes que je connais, j’ai consommé une grande quantité d’alcool au cours de ma vie. »
Depuis 1988, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe l’alcool parmi les cancérogènes du groupe 1 (“avérés” ou “certains”). Il serait impliqué dans au moins sept types de cancer, en particulier celui du sein. “Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) estime que pour chaque boisson alcoolique consommée quotidiennement, le risque de cancer du sein augmente de 7 %.”
Un lien peu connu
Alors qu’elle s’intéresse beaucoup aux questions de santé, la journaliste du magazine californien ignorait tout du lien entre alcool et cancer, mis en évidence par “plus de 100 études au cours de plusieurs décennies”. “J’avais entendu que le vin rouge était censé protéger des maladies cardiaques, pas provoquer le cancer”, raconte-t-elle.
Je me suis mise à me demander comment je pouvais être au courant du risque associé à tant d’autres choses mais pas à l’alcool. Il s’avère qu’il y avait une bonne raison à mon ignorance.”
Dans la suite de cet article fleuve, la journaliste détaille les effets cancérogènes de l’alcool et montre comment l’industrie des boissons alcooliques s’est employée à faire oublier ses dangers.
C’est dans les années 1970 que les épidémiologistes ont commencé à observer une connexion entre cancer et consommation d’alcool. Des chercheurs ont estimé récemment que l’alcool serait responsable d’environ “15 % des cas de cancer du sein et des décès associés aux États-Unis”, écrit Mother Jones.
Plusieurs explications biologiques ont été avancées. Ainsi, des enzymes transforment l’alcool en acétaldéhyde, une substance cancérogène. La consommation d’alcool induit aussi des déficits nutritionnels favorables à la cancérogenèse.
D’autres mécanismes spécifiques de certaines locations ont été identifiés : dans la bouche, le pharynx, le larynx ou l’œsophage, l’alcool peut modifier la perméabilité de la muqueuse, favorisant l’absorption d’autres cancérogènes comme le tabac. Dans le foie, il peut entraîner des pathologies hépatiques comme la cirrhose, avec un risque cancéreux.
L’alcool provoquerait enfin des cancers du sein en augmentant le taux d’œstrogènes dans le corps de la femme, ce qui engendrerait des divisions cellulaires plus rapides à l’intérieur du sein, avec à la clé de possibles mutations génétiques.
Le “paradoxe français”
Alors que les preuves s’accumulaient à la fin des années 1980, le secteur des boissons alcooliques a contre-attaqué. Les industriels ont lancé une audacieuse campagne de marketing pour vanter les bienfaits d’une consommation modérée d’alcool.
En 1991, un épisode de l’émission grand public 60 Minutes, regardé par 20 millions de personnes, mettait en avant le “paradoxe français”. Pour quelle raison les Français, avec leur alimentation riche en viande rouge, en fromage et en crème, étaient-ils moins sujets aux maladies cardiaques que les Américains ? Le présentateur de l’émission soulevait un verre de vin rouge et déclarait : “La réponse à cette énigme, l’explication de ce paradoxe, pourrait bien se trouver dans ce verre si engageant.”
Même si “les chercheurs ont rapidement infirmé l’idée que le vin aurait des effets bénéfiques pour la santé cardiaque des Français”, le lien s’est imposé dans l’esprit de nombreux Américains. En 1995, cédant au lobbying des industriels, le ministère de l’Agriculture a affirmé dans ses recommandations nutritionnelles pour les Américains qu’une consommation modérée d’alcool pourrait réduire le risque de maladie cardiaque.
Le secteur des boissons alcooliques a aussi imité les grandes firmes du tabac en finançant des recherches mettant en avant les bénéfices supposés de l’alcool, ou contredisant le lien avec le cancer.
Certains pays ont agi
Ces dernières années, plusieurs pays ont pris des initiatives pour mettre en garde les consommateurs, explique Mother Jones. L’Australie a lancé en 2010 une campagne de publicité soulignant le caractère cancérogène de l’alcool. En Angleterre, une ONG a fait de même en 2013. Aux Pays-Bas, les autorités recommandent désormais de ne pas boire du tout et, si l’on boit, de ne pas consommer plus d’une boisson par jour.
Pour la journaliste américaine, c’est d’autant plus pertinent que l’alcool est l’un des rares facteurs de cancer du sein sur lesquels une femme ait prise. “Réduire ma consommation d’alcool, en particulier quand j’étais jeune, est à peu près la seule chose que j’aurais pu changer dans mon mode de vie pour éviter ce cancer, si j’avais été pleinement informée”, écrit-elle. Elle ne saura jamais si une meilleure information l’aurait poussée à ne pas boire, ni même si cela aurait changé quelque chose. Mais au moins, elle aurait “eu le choix”.
Les médecins pro-baclofène contre-attaquent après l'avis négatif du comité scientifique temporaire de l'ANSM
Damien Coulomb
| 30.04.2018
Plusieurs médecins et psychiatres ont vivement contesté l'avis négatif du comité scientifique spécialisé (CSST), chargé d'évaluer le bénéfice risque de l'utilisation du baclofène dans l'indication du traitement de l'alcoolodépendance, dont des extraits ont été communiqués par l’Agence nationale de sécurité de médicament (ANSM). Ce CSST, mis en place dans le cadre du traitement de la demande d'autorisation de mise sur le marché déposée par le laboratoire Ethypharm pour une nouvelle formulation du baclofène, avait conclu à un « rapport bénéfice risque négatif » et jugé que l'efficacité du baclofène dans la réduction de la consommation d'alcool est « cliniquement insuffisante ».
« L'ANSM se déconsidère », réagissent dans un communiqué plusieurs médecins soutenant le baclofène, dont le Pr Amine Benyamina, président de la fédération française d'addictologie, le Dr Renaud de Beaurepaire, chef du pôle addiction de l’hôpital Paul-Guiraud, à Villejuif, le Pr Bernard Granger de l’Université Paris Descartes, Pr Jean-Roger Le Gall de l’Académie nationale de Médecine, le Pr Philippe Jaury, principal investigateur de l'étude Bacloville ainsi que le Pr Didier Sicard, de l’Université Paris Descartes.
Un comité contesté
Ces praticiens contestent la légitimité du CSST « composé d'experts dont aucun n’est en réalité spécialiste de l’addiction à l’alcool » et qui a, selon eux, « rapidement effectué sa mission sans entendre ceux qui contestent avec des arguments scientifiques solides et plus d’une décennie de pratique professionnelle, l’évaluation des risques mise en œuvre par la CNAMTS, l’ANSM et l’INSERM. »
Ils remettent aussi en question l'interprétation des études Alpadir et Bacloville, les deux principales sources de données exploitées par le CSST. « Pour ne citer que les erreurs les plus grossières concernant la tolérance, les décès dans le groupe baclofène n'ont pas été imputés au traitement par le comité scientifique indépendant de l'étude Bacloville, et dans Alpadir il y a eu davantage d'effets indésirables graves dans le groupe placebo que dans le groupe baclofène », expliquent les signataires du communiqué, qui dénoncent un « travail téléguidé et superficiel ».
Rappelons que, dans les 2 études, il avait été observé un fort effet du placebo sur la réduction de la consommation, et que la différence entre la consommation d'alcool dans le groupe baclofène et le groupe placebo n'était pas statistiquement significative dans l’étude Alpadir et significative dans l'étude Bacloville.
Des praticiens de terrain montent au front
Ces critiques s'ajoutent à celles formulées par un autre groupe de 31 médecins dans une tribune qui sera publiée cette semaine dans la revue « LE FLYER ». Les auteurs exercent en ville ou en CSAPPA, et se présentent comme n'étant « ni collectif militant, ni baclo-sceptiques mais tout simplement cliniciens accompagnant au quotidien des patients alcooliques ». Ils affichent leur incompréhension face à la conclusion du CSST : « Nous ne remettons pas en cause les conclusions du CSST, précisent-ils, mais nous mesurons au quotidien les risques imputables à l’alcool. »
Les auteurs rappellent que, selon un rapport de la société française d'alcoologie de 2013, environ 400 000 Français sont hospitalisés chaque année pour des causes liées à l'alcool (comas éthyliques, hépatites, cirrhoses…). L'alcool serait en outre responsable de 50 000 décès par an, dont 15 000 par cancer. « Les évaluateurs du rapport bénéfices-risques ont-ils inclus ces données ?, questionnent les signataires. Il faudrait tenir compte du poids de cette maladie. Il ne s’agit pas d’un traitement de la migraine ou de la fatigue passagère pour lequel la survenue d’effets indésirables délégitimerait une demande d’AMM. »
Ils citent également les résultats de l’étude OBADE, présentés en avril 2018 au congrès de l’association nationale des hépato-gastroentérologues des hôpitaux généraux, et menée entre mars 2012 et décembre 2016 sur 202 patients dont 77 souffrant de cirhose. Au bout du suivi, 70 % des patients avaient une consommation nulle ou inférieure à 30 g par jour et aucun évènement indésirable sévère n'a été rapporté, y compris dans le groupe cirrhose.
Pour les signataires de la tribune, « l’efficacité du baclofène ne fait guère de doute, comparée aux autres traitements existants [...] On dispose probablement pour la première fois d’un traitement créant une demande de soins venant de patients en grande difficulté [...] Nous espérons des Autorités de santé, ANSM en tête puis HAS, stimulées pas les "politiques" responsables de la santé publique, qu’elles donnent un nouvel élan. C’est une opportunité de faire entrer dans le soin des dizaines de milliers de patients en difficulté avec l’alcool. »
Koko Productions & Photography/AFP
L’encre de cette chronique n’était pas encore sèche que Jacques Dupont du Point – ne pas confondre avec le de Nemours – dégainait son mousqueton pour arroser les tranchées d’en face où s’étaient planqués les hygiénistes masqués. Ensuite, toujours vaillant, pugnace, notre Jacques twittait sec, argumentait, terrassait la piétaille des alcoologues et addictologues, et, tel Joffre, vainqueur en taxis parisien de la bataille de la Marne – y’avait pas encore Uber, pas de Boüard, mais l’amerloque – il pouvait savourer, d’un gorgeon d’Irancy bien frais, les délices de l’enivrement du vainqueur.
Bref, le bas-bourguignon, la plume à vif, enclenchant la surmultipliée, entrait dans le sujet par un brutal masculin « Notre confrère du Monde Ophélie Neiman », pauvre miss Glou-Glou, elle qui maintenant s’escrime à faire des risettes à tout le monde, qu’a Tellement Soif avec Gerbelle, le Paul du chemin de Damas tombé de cheval, la voilà rangée dans le clan majoritaire des mâles dominants le monde du jaja gaulois.
C’est écrit, je m’efface, je laisse la place Jacques Cœur :
Bataille du vin : qui a gagné ?
Face au mépris affiché par une partie des alcoologues, le monde du vin s'échine à montrer sa bonne foi et choisit de faire profil bas.
PAR JACQUES DUPONT
Modifié le 01/05/2018 à 15:34 - Publié le 01/05/2018 à 14:03 | Le Point.fr
« Notre confrère du Monde Ophélie Neiman relatait, samedi 28 avril, les différents gestes et déclarations en faveur du vin d'Emmanuel Macron. De quoi satisfaire la filière viticole et mettre en émoi la partie du monde médical – les alcoologues et addictologues notamment – directement concernée. Une indignation de toute bonne foi chez certains, pas toujours chez d'autres… Les querelles autour des bienfaits ou des dangers du baclofène – ce médicament dont les vertus en matière de lutte contre l'alcoolisme avaient été mises en évidence par le docteur Olivier Ameisen – démontrent, s'il en était besoin, que certains praticiens n'ont pas que le souci des malades comme priorité et que les affaires d'influence et de gros sous n'épargnent pas toujours ceux qui ont prêté serment à Hippocrate… Tel opposant farouche au baclofène, par exemple, participant à des recherches sur un médicament concurrent financées par un laboratoire également concurrent… »
Twitter, ces temps derniers, en est le plus visible témoin. La colère du professeur Bernard Granger (professeur de psychiatrie à l'université René-Descartes et patron de l'unité de psychiatrie de l'hôpital Tarnier), à la suite des avis du CSST (Comité scientifique spécialisé temporaire) et de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) en défaveur du baclofène, n'est pas nouvelle : « La médecine ne se fait pas que dans les bureaux des agences. Le CSST n'a pas auditionné les experts du baclofène ni les experts en épidémiologie. C'est une honte. » Bernard Granger n'est pas le seul à dénoncer pareil scandale. »
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