Un chroniqueur vin ne devrait pas écrire ça…
Sont doués les producteurs de rosé pour caser leur camelote, tout le monde s’y mets : les dernières nouvelles d’Alsace, le Bien Public, le Dauphiné, le Progrès, Ouest France, France Soir, les Echos qui a levé le lièvre, le Figaro, tous les médias qui jacassent sur les écrans : c’est une traînée de poudre…
J’avoue que ça ne bouleverse pas outre mesure, la seule rareté que je craigne c’est celle des rosés authentiques, les biens nus, les pur jus, gaulois ou d’autres contrées…
Le pompon est attribué au Figaro, ça devrait faire hurler les pétitionnaires du vrai camembert AOP au lait cru :
« Véritable vin à la française, le rosé a connu une petite récolte en 2017. L'offre est donc limitée. La demande, quant à elle, est toujours plus élevée.
Le rosé est très plébiscité par les Français! Et cette année, l'offre pourrait être inférieure à la demande, révèlent Les Échos. Vingt-quatre millions d'hectolitres - soit 10,6 % des volumes des vins tranquilles consommés dans le monde - ne vont probablement pas suffire à contenter les consommateurs: au total, l'ensemble de la consommation a augmenté de 31% en quinze ans selon l'AOC, et le nombre de pays importateurs a crû de 16%! Le rosé est un véritable succès à la française. La France est le premier producteur mondial de rosé, avec un tiers des volumes. C'est aussi le premier exportateur, avec 32 % des rosés exportés. Mais la France est aussi le premier consommateur: chaque Français en consomme en moyenne une vingtaine par an!
Les rosés français sont très diversifiés: 45% d'AOP, 45% d'IGP, 10% de vins de France. Idem pour les expressions déterminées par les cépages et les vinifications... Le succès du rosé commence à rattraper les producteurs. La France commence à manquer de vins, spécifiquement sur le millésime 2017 dont les volumes sont en recul, dans un contexte général de récolte historiquement faible. Et ce, malgré 6,4 millions d'hectolitres produits par an!
Le Languedoc, grand producteur de rosé
Quels terroirs dominent la production?
Le Languedoc produit 320 millions de bouteilles, le double de la Provence et trois fois plus que la Loire. Dans le Languedoc, la production de rosé a crû de 35% en seulement... sept ans, précisent Les Échos. En deuxième position, la Provence. En 2017, la récolte a baissé de 12% selon le Conseil Interprofessionnel des vins du Languedoc Conséquence direct: les prix ont grimpé et la production a compté 20 millions de bouteilles en moins... Fâcheux pour les clients, qui sont fort nombreux! États-Unis en premier lieu, Royaume-Uni, Allemagne... Le rosé made in France a énormément de succès.
En dix ans, l'exportation a été multipliée par 6,5 en volume et par 11,5 en valeur. Au total, le marché a généré 226,2 millions d'euros en 2017. Ces chiffres ont engendré - évidemment - une hausse du prix de la bouteille de rosé. En moyenne, il faut compter 4,44 euros. »
Le 27 juillet 2013 je rendais déjà une chronique qui fâchait :
Les rosés pâles tout comme les pantacourts sont un mauvais compromis… il faut choisir !
Le 2 juillet 2015 itou
Le rosé est-il un vin moderne ?
Je persiste et je signe : suis Anglore à 200 %
« Et puis il y a la manière d'Eric Pfifferling, vigneron au domaine de l'Anglore à Tavel, appellation réputée dans cette couleur, "entre le plus jamais blanc et le pas encore rouge", comme il aime à la définir. Chez lui, les raisins sont ramassés à la main et en caissettes mises à refroidir en conteneur frigo à 10°C. Ils sont ensuite manuellement placés en cuve pour une période de macération carbonique (méthode beaujolaise) qui peut aller de 5 à 10 jours et plus. "Goûter les raisins sur le haut de la cuve, ça c'est bonbon." Eric ne s'en prive pas pour décider le moment capital où il va stopper cette macération et passer à l'étape suivante : le pressoir pneumatique, où les grappes encore entières sont à nouveau transportées manuellement. "Il n'y a aucune intervention mécanique pour ne pas traumatiser la vendange." Le "gros coup de feu de la fermentation" a lieu dans des cuves en béton au frais et, "quand elle s'est calmée", le jus est transféré en pièces ou en fût tronconique pour achever sa fermentation alcoolique et enchaîner sur la fameuse "malo" (lactique), qui permet la stabilisation et l'assouplissement du vin. »
L'article ICI
L’encre de cette chronique n’était pas encore sèche, alors que je revenais en bus, le 68, bondé, 12 mn d’attente, mais assis, du restaurant les Climats où j’avais savouré une Tête de Veau Maison Vadorin, « En fines tranches assaisonnées d’une sauce Chimichurri. Asperges blanches croustillantes » et une Raie des Côtes Bretonnes, « Raidie au beurre ; fricassée de légumes printaniers et bouillon relevé d’un pesto aux herbes fraiches. » arrosé d’un Hautes-Côtes de Nuit 2014 de Claire Naudin (je ne suis pas bas-bourguignon mais je carbure à 100% dans son terroir), mon petit insecte goulu des réseaux sociaux affichait : Pénurie de rosé ? Ou prétexte...
Un article des « Échos », largement relayé, alerte sur un éventuel manque de rosé cet été et une « mécanique » hausse des prix. Mise au point.
PAR JACQUES DUPONT
En forme notre bas-bourguignon, faut dire que le rosé n’est guère pissé dans les Climats, que Bordeaux s’échine à en faire alors que le Clairet, qui est un rouge qui à la gueule du rosé, peut-être un must, qu’en Champagne on ne prend pas de gants pour mélanger les raisins blancs et les raisins rouges pour faire du champagne rosé, il sort sa sulfateuse au risque de choquer le petit peuple des insoumis.
Le rosé « il est devenu une boisson toute saison, notamment chez les jeunes, à l'apéritif. Le rosé « Mimile » en « cubi » chargé de magnifier les chipolatas charbonneuses du barbecue spécial Patrick Chirac a perdu la partie. Place aux bouteilles « design » qui font parfois ressembler une Saint-Gobain 75 cl à un flacon de chez Chanel. »
Je suis taquin, l’article du Jacques est très sérieux, il rassure, avec son compère Bompas ils ont dégustés pour le Spécial vins d'été (sortie 28 juin) quelque 300 rosés de cette région et pas un des producteurs ne nous a spécifié une « quantité limitée ».
Lire ICI http://www.lepoint.fr/vin/chroniques/penurie-de-rose-ou-pretexte-22-05-2018-2220369_582.php#xtor=CS2-239