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12 avril 2018 4 12 /04 /avril /2018 06:00
Le faux-nez, un grand classique du Carnaval de Paris (Le Petit Parisien, du 19 Février 1893).

Le faux-nez, un grand classique du Carnaval de Paris (Le Petit Parisien, du 19 Février 1893).

Une agence de com – dans un fichier un jour, dans un fichier toujours – a déposé dans ma boîte mail un petit baratin pour vanter les mérites de son client.

 

Je cite :

 

« Découvrez la quintessence du Papillon Blanc ! Hélas* vous propose une approche du vin résolument moderne. Hélas, l’autre en latin, incarne un autre style de vin. Sans sulfite, il se veut résolument moderne et différent. Du raisin et rien que du raisin, il célèbre le papillon blanc, dans sa plus pure expression. Bio, sans sulfite et vegan, une cuvée rafraîchissante, idéale pour fêter l’arrivée du printemps. »

 

En rouge ce que j’ai modifié : nom du cépage et de la cuvée.

 

Donc, vous vous en doutez, la tendance est, comme dans beaucoup de produits alimentaires transformés, au sans, c’est tendance, ici c’est résolument moderne.

 

Je laisse de côté l’adhésion au veganisme qui me laisse d’une froideur glaciaire pour vous confier que la tendance au sans me fait immédiatement penser si c’est mieux qu’avant pourquoi le faisiez-vous avant ?

 

Par facilité ?

 

Sans souci de notre santé ?

 

Sans respect de l'authenticité ?

 

Je ne sais !

 

Ce que je sais en revanche c’est que si vous affirmez « Du raisin et rien que du raisin » là vous flirter, sans l’avouer, avec le pur jus, essence même du vin nu.

 

Si tel est le cas, ne vous arrêtez pas en si bon chemin, dites-le nous.

 

Dites-nous tout !

 

C’est simple comme une information consommateur.

 

En revanche, si vous avez fait un peu de tambouille il ne faut pas vous faire plus beau que ne vous l’êtes et nous communiquer la liste des avec.

 

Ce coitus interruptus me gêne – et là où il y a de la gêne il n’y a pas de plaisir, dit-on – auriez-vous honte d’avouer certaines pratiques ? 

 

Je n’ose y croire…

 

Être résolument moderne c’est de ne pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes, car, comme le faisait justement remarquer Francis Blanche, on se brûle !

 

Bien sûr, je comprends, on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment, mais à trop vouloir singer la tendance au pur jus, au vin nu, qui énerve tant les œnologues et autres vendeurs de poudre de perlin-pinpin, ceux qui traquent les  défauts, afin de séduire une génération qui transgresse, casse les codes, font des bras d’honneur aux experts, on ne rallie pas les afficionados du vin nu qui ne sont pas dupes car ces jajas, dit modernes, peuplent les rayons de la GD, alors que les pur jus sont chez des cavistes bien estampillés ; pour les autres consommateurs, est-ce un argument pertinent, un attrait qui attire le chaland ?

 

J’en doute fortement !

 

Alors, quand va-t-on cesser ce petit jeu stupide qui consiste à se lover dans une tendance sans en adopter tous les codes ?

 

C’est vouloir le beurre et l’argent du beurre…

 

Être soi-même, sans artifice de communication, écrire et faire savoir : voilà ce que je fais sans cachotteries ça évite ou ça vous évitera un jour d’avoir à avouer, à écrire, sous la pression réglementaire, sur vos étiquettes le détail intime de votre cuisine.

 

Authenticité, respect du terroir, sont chantés en chœur par tous vos communicateurs, faites en sorte de ne pas être chopés par la patrouille lorsque vous prenez quelques libertés avec la vérité. Mentir par omission c’est mentir insistait mon confesseur lorsque je rechignais à avouer mes péchés de chair…

 

Alors sans sulfites ajoutés, mais alors pourquoi pas sans désacidification, sans chaptalisation, sans filtration… je ne sais : dites-nous tout ou alors ne venez pas nous draguer avec un faux nez !

 

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commentaires

P
"In vino veritas" dit on, peut être mais pas sur l'étiquette ou la contre étiquette à présent à la mode ( je vous en dit plus pour que vous en sachiez moins) ni dans le secret des caves ou les mementos des " faiseurs de vins ". Il y a fort à parier qu'on ne le saura jamais. chacun gardant jalousement ses secrets de fabrication qui parfois finissent par crever le chapeau des cuves quand ces bons messieurs dérogent par trop à leurs obligations légales, comme en témoigne régulièrement la presse révélant tel ou tel scandale ( récemment Giscours et la surchaptalisation )
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