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27 mars 2018 2 27 /03 /mars /2018 06:00
LeRouge&leBlanc est aux 100 coups face au déchaînement actuel des vins nature sans définition légale… mais ce n’est qu’1 mode !

Vin orange, les vins Parker, le champagne non dosé, les sauvignons aux arômes de buis et de pipi de chat, les cabernets francs bien poivronnés, le 100% bois neuf, les amphores, les jarres, les dolia en terre cuite, les cuves pyramidales, la litanie des arômes flairés : minéralité et salinité, le sans soufre, et cerise sur le gâteau le déchaînement des vins nature… tout ça, l’éditorialiste du LeRouge&leBlanc, le fourre dans le grand  tonneau de la mode.

 

 

La mode rapportée à son utilisation vestimentaire, capillaire, hipster, tatoués, Doc Martens, ballerines, Santiag, jeans, tee-shirt, baskets… c’est bien sûr le symbole de la futilité.

 

Tout passe, tout lasse, le nouveau vieillit vite, et un petit coup de Cocteau pour la route « La mode, c’est ce qui se démode »

 

C’est aller un peu vite en besogne, cette liste ne mélange-t-elle pas des choux et des carottes, ne place-t-elle sur le même niveau des pratiques et des évolutions qui ne sont pas de même nature.

 

La charge la plus violente porte sur les néo-vignerons qui « se sont jetés dès leur première récolte sur le « sans soufre » avec des résultats effrayants ». « Le temps n’est pas encore révolu où, dans certains cercles d’initiés, plus un vin sent l’écurie, meilleur il est »

 

Ok, d’accord, je ne disconviens pas qu’on ne « s’improvise pas vigneron, encore moins vinificateur, sans soufre » et que certains vins nature ne valent pas tripette mais sur quelle expérience dégustative se fonde l’éditorialiste pour asséner ce jugement brut de cuve ? Combien de cuvées dégustées ? Combien sentaient la bouse de vache ? Fréquente-t-il assidument les bars à vin ou les cavistes où se réunissent ces fameux cercles déviants d’initiés ?

 

Permettez-moi d’en douter car lorsque je lis  que « Désormais, avec le déchaînement  actuel des vins « nature » – sans définition légale – la mode est à la « gouleyance » instantanée, aux vins « glou-glou ». Le consommateur, que dis-je, le connaisseur, l’amateur doit pouvoir en avaler des litres. Le vin doit être souple et rond, sans trop d’aspérités, politiquement buvable. On supporte le gaz et la volatile – c’est tendance – mais de moins en moins les tanins, sauf s’ils sont juste un peu accrocheurs. Le plaisir doit être immédiat, et il est hors de question pour une certaine catégorie de buveurs modernes de se projeter dans l’avenir, on n’a plus le temps d’attendre. »

 

Mais notre dégustateur estampillé sérieux, se rassure, « Tout cela n’est pas bien grave, me dire-vous sans doute : les modes passent, c’est même leur caractéristique première. »

 

Mais alors pourquoi en faire un édito ?

 

Pour moi la seule question qui vaille, et à laquelle il faut répondre si l'on ne veut pas en rester à de purs constats, des jugements à l’emporte-pièce souvent fondés sur le « on dit », de quoi ou de qui cette mode est-elle le nom ?

 

Pour les vins Parker y’a pas photo mais pour la déferlante des vins qui puent quelle est la main invisible qui a conduit ces jeunes crétines et ces jeunes crétins, sans culture du vin, à s’enfiler des quilles et des quilles d’un breuvage infâme, à boire comme des trous, à boire facile ?

 

Des gourous ?

 

Y’en a eu bien sûr mais ce serait assez réducteur que de réduire ces néo-consommateurs à des moutons qui s’engouffreraient dans la tendance, le politiquement buvable, rien que pour suivre les mauvais bergers du vin nature mal fagoté.

 

Le vieux que je suis qui, lui, a fréquenté assidument les bars de nuit très glou-glou, les restaurants avec des vins qui puent, les dégustations de vin naturiste, a une interprétation un chouïa  différente : cette tendance, ce mouvement, qui reste, à l’échelon des volumes commercialisés, microscopique, se situe dans la mouvance d’une recherche de proximité, à la fois physique et intellectuelle, avec des vignerons qui ne suivent pas les chemins ordinaires, qui ne se conforment pas l’idéologie dominante, au diktat du goût bien comme il faut ; un engagement pour une forme d’économie moins marchande.

 

C’est sans doute naïf, mais respectable, oui c’est festif, joyeux, plus joyeux que les prises de têtes des connaisseurs avec notes et commentaires, certes le plaisir est immédiat, est-ce péché ? et ça ne débouche pas forcément sur des beuveries, j’ai connu des grands amateurs qui fleuraient bon le pochtron, bref c’est une porte d’entrée dans le vin qui en vaut bien d’autres. Et si la tendance perdure pourquoi s’en offusquer ?

 

Moi je ne m’offusque pas, je bois ce qui me plaît sans avoir à en référer aux juges des élégances, aux maîtres du bien boire, aux sachants, aux guides…

 

Si certains vignerons nature ne font que du vinaigre ou des vins  imbuvables, ils ne dureront que le temps que durent les roses et passeront à la trappe. Je ne crois pas que leur bref passage dans le monde du vin polluera durablement la belle histoire de ce nectar si souvent estampillé culturel.

 

Dans l’immense palette des vins qui respectent la nature chacun peut faire son choix, y compris se laisser entraîner sur les chemins d’une certaine forme mode de vins iconoclastes, si on est sérieux à 20 ans c’est grave, mais donner le sentiment que c’est une menace, c’est se tromper de cible. L’uniformisation qui sévit dans les vinifications AOP-IGP, y compris chez les bios, est bien plus grave que l’effervescence, parfois brouillonne, des vins de France naturistes.

 

Que sera, sera… comme chantait Doris Day

 

Prendre bonne note que je ne fais parti d’aucun cercle d’initiés ou d’aucune secte intégriste de vins qui puent…

 

Pour finir et faire intello un petit coup de Montesquieu dans le Lettres persanes.

 

 

À Venise.

 

Je trouve les caprices de la mode, chez les Français, étonnants. Ils ont oublié comment ils étaient habillés cet été ; ils ignorent encore plus comment ils le seront cet hiver : mais surtout on ne saurait croire combien il en coûte à un mari, pour mettre sa femme à la mode.

 

Que me servirait de te faire une description exacte de leur habillement et de leurs parures ? Une mode nouvelle viendrait détruire tout mon ouvrage, comme celui de leurs ouvriers ; et, avant que tu eusses reçu ma lettre, tout serait changé.

 

Une femme qui quitte Paris pour aller passer six mois à la campagne en revient aussi antique que si elle était oubliée trente ans. Le fils méconnaît le portrait de sa mère, tant l’habit avec lequel elle est peinte lui paraît étranger ; il s’imagine que c’est quelque Américaine qui y est représentée, ou que le peintre a voulu exprimer quelqu’une de ses fantaisies.

 

Quelquefois les coiffures montent insensiblement ; et une révolution les fait descendre tout à coup. Il a été un temps que leur hauteur immense mettait le visage d’une femme au milieu d’elle-même : dans un autre, c’était les pieds qui occupaient cette place ; les talons faisaient un piédestal, qui les tenait en l’air. Qui pourrait le croire ? les architectes ont été souvent obligés de hausser, de baisser et d’élargir leurs portes, selon que les parures des femmes exigeaient d’eux ce changement ; et les règles de leur art ont été asservies à ces fantaisies. On voit quelquefois sur un visage une quantité prodigieuse de mouches, et elles disparaissent le lendemain. Autrefois les femmes avaient de la taille, et des dents ; aujourd’hui il n’en est pas question. Dans cette cette changeante nation, quoi qu’en dise le critique, les filles se trouvent autrement faites que leurs mères.

 

Il en est des manières et de la façon de vivre comme des modes : les Français changent de mœurs selon l’âge de leur roi. Le monarque pourrait même parvenir à rendre la nation grave, s’il l’avait entrepris. Le prince imprime le caractère de son esprit à la cour, la cour à la ville, la ville aux provinces. L’âme du souverain est un moule qui donne la forme à tous les autres. »

LeRouge&leBlanc est aux 100 coups face au déchaînement actuel des vins nature sans définition légale… mais ce n’est qu’1 mode !

La Suisse craque pour le vin tout nu

 

Longtemps réfractaire aux breuvages dits naturels, notre pays y vient gentiment. Entre amateurs éperdus et féroces détracteurs, petit repérage entre Lausanne et Fribourg au premier Salon suisse des vins vivants

 

«Les Scandinaves n’importent pratiquement plus que ces vins-là et les Japonais en sont fous; l’Espagne et l’Australie connaissent une envolée spectaculaire, l’Italie et la France s’y lancent à fond, même si le phénomène reste essentiellement urbain», note Jean-Marc Dedeyne. Jusqu’à la très conservatrice Revue des Vins de France, qui a admis que les crus naturels font désormais pleinement partie du paysage…

 

Un public plus libre

 

Les jeunes consommateurs semblent les plus nombreux à y venir, souvent dépourvus de la culture vineuse de leurs aînés comme de leurs a priori: «Ils ont une approche moins intellectuelle et plus immédiate, ils apprécient ou pas, même si cela implique parfois des explications.»

 

Voici venir quoi qu’il en soit un public plus libre, dépourvu de préjugés, peut-être moins snob, mais assurément plus rock’n’roll, comme en témoigne le choix des lieux pour tenir un tel salon (théâtre, salle de concert), voire le décloisonnement et le mélange des genres (bière ou cidre voisinant avec un univers vineux perçu jusqu’ici comme plus prestigieux). Alessandra Roversi, consultante et spécialiste de l’alimentation, y voir pour sa part «des vins désinhibés qui quittent les lieux réservés, les codes et un certain langage pour initiés»…

 

Fils de musicien, Pierre Jancou ose un parallèle avec la musique: «Il est nécessaire d’apprendre les bases, d’avoir une éducation classique, de connaître les origines et les terroirs, mais ensuite il y a la même liberté qu’en musique. Apprends et ensuite tu feras ce que tu veux, disait mon père, classique, jazz ou rock…»

 

Lire ICI 

 

 

 

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commentaires

O
Autre exemple récent https://les5duvin.wordpress.com/2018/03/26/time-to-stop-posing-and-ripping-off-customers/ d'un auteur récurrent sur le sujet, toujours péremptoire et de mauvaise foi.<br /> Ou Vila Palleja dans la RVF.<br /> Ces gens finiront par admettre que leurs saillies font pschittt et qu'ils mènent un combat douteux.<br /> Pour ma part j'ai bu proportionnellement plus de mauvais vins conventionnels que nature.
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