Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 janvier 2018 7 28 /01 /janvier /2018 06:00
Par 2 fois j’ai failli devenir énarque : qu’est-ce qui m’a sauvé de l’enfer des « hauts fonctionnaires? »

Mes « bons amis » dès qu’ils souhaitent me disqualifier m’accolent l’étiquette infâmante de « haut-fonctionnaire », au temps de mon rapport les bordelais ajoutaient « parisien ».

 

Ni l’un, ni l’autre ne leur en déplaise et pourtant…

 

J’eu pu, en effet par 2 fois je pris le chemin pouvant me conduire à l’ENA pour vite l’abandonner.

 

Pourquoi ?

 

Qu’est-ce qui m’a sauvé ?

 

Précision d’importance : se présenter à un concours est une chose ; le réussir en est une autre. Notre Président s’y est vautré « J’ai échoué dans la matière où j’étais le plus fort : les Lettres. La vérité est que je ne jouais pas le jeu. J’étais trop amoureux pour préparer sérieusement le concours. Le cœur et la raison sont incompatibles »

 

Éric Zemmour a échoué deux fois, Najat Vallaud-Belkacem aussi, Claire Chazal, Montebourg, Cazeneuve, Besson Éric, DSK, Christine Lagarde, Henri Guaino… sont passés à la trappe.

 

Bref, moi j’ai fui l’obstacle à 2 reprises, non pas parce que j’avais peur d’échouer mais pour d’autres raisons.

 

Épisode 1 :

 

À 12 ans je convaincs, sans grand peine, mes parents de ma vocation de futur paysan instruit. Pour ce faire je rentre à l’école d’agriculture de la Mothe-Achard à 500 mètres à vol d’oiseau du Bourg-Pailler. Sacré pari puisqu’à cette époque il n’était délivré aucun diplôme agricole équivalent au baccalauréat. Il faudra attendre l’arrivée de Pisani pour que naisse le Brevet de Technicien Agricole.

 

Les frères, la Congrégation du bienheureux Louis Grignon de Montfort, les rabats bleus, m’inscrivent en 5e. En fin de 4e, le BTA naissant, d’autorité  ils scindent ma classe en 2 : ceux qui sont « tout juste bon » à passer le BTA (sic), l’un d’entre eux fera une brillante carrière à la FNSEA,  les autres, dont je suis, iront se coltiner le baccalauréat M’.

 

 

L’orientation scolaire d’autorité, les parents ne mouftaient pas. Mais, nous étions dotés d’un aumônier, l’abbé Blanchet, célèbre dans la région car il était l’auteur de pièces de théâtre qui avaient un grand succès.

 

Ce lettré était l’oncle d’un énarque, Michel Albert, fils de métayer de la Tardière, Michel Albert était sorti de l’ENA comme inspecteur des finances en 1956.

 

Un jour j’eu une grippe carabinée. L’infirmerie de l’école était située dans le château où logeait l’abbé Blanchet. Il me rendit, à plusieurs reprises, visite, j’étais le seul malade et je m’ennuyais. Nous discutions de mon avenir. Mes rêves agricoles faisait sourire l’abbé, il me déclara « Tu es fait pour être paysan comme moi pour être Pape. Fais l’ENA ! »

 

  • C’est quoi l’ENA ?

 

Explications de l’abbé, j’approuve et je me voyais déjà en haut de l’affiche. Michel Albert écrira avec JSS, patron de l’Express, plusieurs bouquins.

 

 

Ayant réussi l’examen probatoire, ex-première partie de bac, ce fut sa dernière année et je m’inscris en bac philo aux Sables d’Olonne, à l’Institut Amiral Merveilleux du Vignaux.

 

 

Bac en poche je file en Droit à Nantes.

 

Mai 68 : je jette l’ENA aux orties, être fonctionnaire, même haut, très peu pour moi.

 

Fin du premier épisode. 

 

Épisode 2 :

 

Je reviens d’Algérie en 1975, où j’ai effectué mon service national comme coopérant à l’Université de Constantine comme maître-assistant. Je laisse de côté un beau salaire de coopérant civil alors que le premier choc pétrolier a secoué le monde occidental. Trouver un job est compliqué alors je consulte mon maigre carnet d’adresses et je tombe sur Michel Albert alors DG de filiales du Crédit Agricole. Il me reçoit gentiment tour Montparnasse et me dit que mon profil pourrait intéresser le tout nouveau Directeur de la Production et des Echanges au Ministère de l’Agriculture, Bernard Auberger, le premier Inspecteur des Finances à venir trainer ses godasses dans la bouse.

 

On me fait passer par le cabinet du secrétaire d’État, Jean-François Deniau, grand ami de VGE président de la République. Je passe l’obstacle et me retrouve rue Barbet de Jouy dans le bureau du nouveau directeur, Ingénieur des Mines, il fume un havane. Je lui tape dans l’œil, il m’engage comme contractuel pourvu d’une belle appellation « chargé de mission » et d’un salaire de misère. J’ai toujours dit à mes amis que j’avais été engagé à cause de ma chemise. Mon nouveau directeur un jour me demanda où je les achetais.

 

L’intérêt de ce poste fut que j’étais en prise directe avec le patron. Ainsi pour le compte du cabinet du Ministre il m’expédia en mission en Bretagne, patrie du Ministre Bonnet, pour ausculter la filière avicole qui battait de l’aile. On m’a souvent confié des « bâtons merdeux », j’adore ça.

 

À la cantoche je côtoyais deux jeunes Ingénieurs d’Agronomie (le cran au-dessous des IGREF, la piétaille quoi) qui souffraient de ne pouvoir accéder aux plus hautes marches de l’Administration. Ces deux ambitieux s’inscrivirent à Sciences Po et me ramenèrent un dossier. « Viens avec nous ! » Ce que je fis sans grande conviction, pour voir comme au poker.

 

J’ai fait un très beau parcours à Sciences-Po, mes collègues enviaient mas notes. Ça a duré 3 mois. Pourquoi ?

 

Pour 2 raisons :

 

  • La première, vint de mon cher directeur qui m’aimait bien qui apprenant mon projet me déclara tout de go : « l’important n’est pas d’entrer à l’ENA c’est d’en sortir ». Traduit en langage populaire : en sortir dans la botte Inspection des Finances, Conseil d’État, Cour des Comptes.

 

  • La seconde, plus prosaïque en décembre je décrochai, succédant à un énarque répondant au bucolique nom de Graindorge, le poste de SG du tout nouveau ONIVIT, ce qui mettait du beurre dans mes épinards. Mon cher Directeur dépité me claqua au bec « Berthomeau vous n’allez pas tout de même aller compter les gommes et les crayons là-bas ! »

 

Fin du second épisode : mon orgueil et mon pouvoir d’achat m’ont sauvé de l’ENA.

 

Détail d’importance, mes deux collègues ont réussi le concours interne, la petite porte qui ne débouchait pas souvent sur les grands corps…

 

Enfin, comme je l’ai écrit récemment, François Villeroy de Galhau me proposa d’entrer à l’Inspection des Finances par la voie externe. Je déclinai, trop tard !

 

Je suis sans doute un peu con mais je n’avais pas envie d’entrer par la petite porte dans le cénacle  des Intouchables d’Etat   Ces hauts fonctionnaires qui sont mieux payés que Macron.

 

ICI 

Par 2 fois j’ai failli devenir énarque : qu’est-ce qui m’a sauvé de l’enfer des « hauts fonctionnaires? »

Michel Albert assureur, éclaireur et homme d'engagements 

ICI

 

 

Mort de Michel Albert

L’ancien président des Assurances générales de France (1982-1994) était un penseur économique chantre du capitalisme rhénan

ICI

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

T
putain quelle vie magnifique
Répondre
P
Respect et chapeau bas Cher Taulier, quel parcours ! Moi qui me suis présenté 4 fois au bac après avoir avoir redoublé une année sur deux. Bac obtenu finalement en candidat libre après avoir intégré les Beaux Arts sur équivalences mais qui ai mis 13 ans, six mois et quelque jours pour obtenir le diplôme d'architecte que certain en mai 68 l'on eu en 2 ans alors que le cursus habituel était de 4/5 ans ( Il est vrai que je travaillais en // pour payer mes études.Encore bravo ! Bravo aussi pour ton esprit de liberté et ton refus de rentrer dans les moules qui t'étaient proposé. A l'ENA ! qui en fait saliver tant et rêver presque autant.Chaque fois qu'on évoque cette "Grande École" me revient automatiquement à l'esprit son expérience de jury du Grand Oral ,passage obligé de fin d'étude, que relate Philippe Meyer dans son ouvrage " Dans mon pays lui même " Qu'elle tristesse ! Et, d'un autre coté le dessin humoristique dont je ne connais plus l'auteur qui montre un élève de l'Ena se regardant dans la glace coiffé d'un bonnet sur lequel est bien sur marqué ENA ! Quel régal !<br /> Merci enfin d'évoquer une personne comme Michel Albert dont l'action n'a cessé d'être placée sous<br /> l'égide de ses convictions religieuses.C'était l'apanage d'une époque.Ainsi l'économise ,penseur et théologien Jacques Ellul dans le même le même ordre d'idée. Aujourd'hui on a des caricatures comme Christine BOUTIN. O tempora, o mores !
Répondre
S
Mr PAX: il s'agit peut être du dessinateur Frapar ou de Philippe tastet.<br /> bon dimanche

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Archives

Articles Récents