Grosses fermes, grosses usines avec grosses machines, grosses centrales d’achat, gros entrepôts, gros camions, gros magasins, ça dépote dans les caddies, même dans les pharmacies, « Le lait infantile n’a plus rien à voir avec ce qui sort du pis d’une vache. On part d’un lait dont on sépare tous les composants et ensuite on recombine cela différemment. Je me demande comment cela a le droit de s’appeler lait »
Tous coupables, aucun vraiment responsables, chacun se renvoie la balle, même si Lactalis et son goût du secret s’est donné des verges pour se faire fouetter.
Mais qu’a donc fait l’État avec ses services sanitaires ?
Tient soudain les fonctionnaires ont bonne presse mais, sauf à embaucher des bataillons de contrôleurs, et ce ne serait même pas efficace, c’est la conception de la chaîne alimentaire industrielle qui en question. Ses flux tendus, ses masses, son anonymat, la multiplicité des références, la rapidité des rotations, la bataille sur les prix, tout ce maelstrom qui se résume en des bras de fer permanents débouche sur ce qui vient d’arriver pour le lait infantile et se renouvellera sûrement.
L’alimentation de masse des grandes métropoles urbaines est soumise à des contraintes et mon propos ne consiste pas à préconiser un immense retour à une production et une distribution des produits alimentaires sur le modèle du Ventre de Paris.
En revanche, le consommateur-citoyen, comme dans beaucoup de domaines, les déchets par exemple, ferait bien de se remuer le popotin et de remettre les mains dans la farine en profitant d’un retour réel à un approvisionnement de proximité physique ou lien à l’Internet.
Même si ça choque certaines et certains nous avons aussi notre part de responsabilité dans L’affaire du lait infantile de Lactalis.
Affaire Lactalis : « L’alimentation industrielle est tout sauf saine »
13 janvier 2018 / Entretien avec Marie-Claire Frédéric
L’affaire Lactalis aurait-elle pu arriver dans un fromage au lait cru ? Probablement pas, assure à Reporterre une spécialiste de la fermentation. Elle défend les bonnes bactéries qui, à force d’être combattues, laissent la place aux mauvaises. Elle indique des pistes pour mieux s’alimenter, notamment les enfants.
Finalement, Lactalis reprendra toutes les boîtes de lait infantile produites dans son usine de Craon (Mayenne). Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, l’annoncé vendredi 12 janvier dans l’après-midi, après une rencontre avec le PDG du groupe, Emmanuel Besnier.
Ce rebondissement est le dernier d’une longue série, depuis l’alerte gouvernementale lancée le 2 décembre dernier, demandant le retrait du marché de 12 lots de lait infantile fabriqués dans cette usine, et possiblement contaminés aux salmonelles. Deux autres retraits ont suivi, le 10 décembre et le 21 décembre. En tout, des millions de boîtes commercialisées dans une soixantaine de pays ont dû être rappelées, selon les chiffres de Bercy.
Scandales dans le scandale, on a appris ensuite, par le Canard enchaîné, que l’industriel avait déjà repéré des salmonelles en février et en août dernier, que les services sanitaires de l’État eux-mêmes, en septembre, avaient contrôlé l’usine, et que personne n’avait rien vu — ou rien voulu voir. Puis en ce début janvier, cela a été au tour de la grande distribution d’admettre qu’elle avait failli, Leclerc puis Casino, Intermarché, Cora, Auchan, reconnaissant qu’ils avaient continué de vendre, malgré les rappels, des boîtes de lait à risque. En tout, en France, au moins 36 nourrissons ont été touchés par la salmonelle, et ont finalement pu rentrer chez eux sains et saufs, la bactérie ne présentant « pas de résistance antibiotique particulière ».
Ouf ! Mais cette croisade contre une méchante bactérie nous en ferait presque oublier les gentilles. Cette histoire aurait-elle pu arriver avec un fromage au lait cru ? Marie-Claire Frédéric, une grande copine de ces habitantes de l’infiniment petit, exploratrice de la fermentation autant dans les livres et les articles scientifiques que dans sa cuisine, répond à Reporterre.
- Reporterre — Tout d’abord, que vous inspire l’affaire Lactalis ?
Marie-Claire Frédéric — J’ai repensé à une histoire : Lactalis avait accusé un producteur artisanal de camemberts au lait cru d’avoir des fromages contaminés. Ce producteur avait dû retirer tout un stock de la vente. Ensuite, on a fait des analyses, et il s’est avéré que c’était faux. Mais le mal était fait. Le gars avait perdu plein de camemberts, et sa réputation était atteinte. C’est interpellant.
- Vous travaillez sur la fermentation, due à de « bonnes » bactéries. Mais comment expliquez-vous les contaminations aux mauvaises bactéries, ici dans le cas de Lactalis, aux salmonelles ?
D’une certaine manière, c’est le résultat de 150 ans d’hygiénisme à outrance. Pour vivre, on a absolument besoin des bactéries. Il y en a beaucoup de bonnes, qui nous sont utiles, et il y en a quelques-unes qui sont pathogènes, comme la listeria, les salmonelles, etc. Dans l’ensemble du vivant, ces bactéries s’équilibrent les unes les autres.
Mais, quand on éradique les bactéries, quand on utilise des produits, comme on dit dans les publicités, qui tuent 99 % des bactéries, cela éradique toutes les bonnes et celles qui restent, généralement, ce sont les pathogènes, justement. Plus on va faire la guerre aux bactéries, plus c’est dangereux, parce qu’on va sélectionner des souches résistantes aux bactéricides ou aux antibiotiques.
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Lire Ce qu’il faut retenir de l’affaire du lait contaminé Lactalis
Plus d’un mois après le début de la crise, le ministre de l’économie a annoncé que la firme française devra reprendre tous les lots de lait infantile produits dans son usine de Craon.
Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 12.01.2018
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« Le lait est aux enfants ce que le vin est aux vieillards »
Mon titre est une citation de Marcel VIGREUX : Les nourrices du Morvan et enfants assistés au XIXe siècle Bulletin n°25 -1987 - ACADEMIE DU MORVAN, qui écrit par ailleurs « De tout temps, le Morvan a été regardé comme la terre de lait par excellence. Déjà les romains rapportaient que les gauloises de Bibracte trempaient leurs seins dans une fontaine du Mont Beuvray pour obtenir en quantité le lait qui nourrirait leurs enfants. Depuis lors, les descendantes chrétiennes de ces femmes ont été constamment recherchées. A Dun-les-Places, on est venu quérir la nourrice du Roi de Rome. D'Empury, on a fait venir celle du fils de Napoléon III. C'est cette préférence connue et reconnue pour les nourrices du Morvan qui, au XIXème siècle, peupla de nouveau-nés le moindre hameau de leur petit pays... »
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