Petite précision pour ceux qui ne sont pas du sérail, l’INAO c’est 1 Conseil permanent et 5 comités nationaux, donc une grosse boutique administrative (voir ci-dessous).
Depuis l’an dernier Jean-Louis Piton, vigneron en Luberon et président de l’Union de coopératives Cellier du Marrenon est le président du Conseil permanent.
Je le connais bien puisqu’il fut membre du groupe stratégique qui pondit Cap 2010.
En octobre 2007, une éternité, j’écrivais sur ce blog :
« En compagnie des 5 autres pèlerins, sous ma houlette de père prêcheur, avec sérieux et courage, il a fait la campagne Cap 2010, porté et défendu les préconisations de la note stratégique : le défi des vins français. Pris des coups, fait sa mue, endossant sans complexe la tenue non camouflée de chef d'une entreprise de mise en marché qu'il fallait relancer, restructurer comme on dit. Et puis, cerise sur le gâteau, le voilà propulsé à Bruxelles à la tête du comité vins du Copa-Cogeca. À ce poste il donne sa pleine mesure, prend son pied, cherche à élaborer les compromis qui feront avancer les mentalités, pense que Mariann Fisher Böll va être celle qui va vraiment dépoussiérer l'OCM sans forcément tout passer par-dessus bord. Hélas pour lui, comme pour la viticulture européenne, la Commission et ses services, adepte des leurres, incapable de sortir de sa vision bureaucratique, enfermée dans son bunker idéologique, va profiter des divisions professionnelles pour jeter aux orties tout le travail fourni. Le déficit démocratique des institutions européennes est patent mais dans cette aventure notre Jean-Louis. »
Exercice difficile et délicat que de s'essayer à faire le portrait d'un ami, trop de complaisance, et c'est lui, soucieux de son image décalée, qui prend la mouche ; un excès de toile émeri, et là certains me taxent de provocation inutile. Mais, puisque le vin est tiré il faut le boire, avec Jean-Louis Piton tout a commencé, chez lui, dans le Luberon, sur les hauteurs d'Apt, entre cerisiers à bigarreaux et vignes, où aux premières lueurs roses de l'aurore ont peu contempler la blanche aridité du Mont Ventoux. Nous discutions beaucoup. Il roulait ses petites clopes à la main et moi, l'urbain, avec ma petite machine. En ce temps-là, le Jean-Louis était très bloc contre bloc, la coopération d'abord, militant pugnace, bien dans la ligne comme un jeune turc qui entend gravir les échelons pour entrer dans le premier cercle. Mais, handicaps majeurs, il n'est point languedocien et il répugne au maniement lyrique de la démagogie chère au bougon des cépages. Donc, en observateur intéressé, je sentais poindre sous la langue de bois officielle, le président de Sylla et du Cellier de Marrenon. Là, foin des discours, face aux dures réalités du marché français et les aléas de l'export, le Jean-Louis se posait les vraies questions. »
Depuis, beaucoup d’eau est passée sous les ponts de la Seine, l’INAO a quitté les beaux quartiers pour migrer vers la ceinture rouge de Paris, à Montreuil-sous-Bois très exactement. Pendant que Jean-Louis se consacrait à sa boutique suite au camouflet que lui infligea Bruno La Maire en le lâchant en rase campagne pour la nomination à la présidence du Comité national des Appellations d'origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées, et des boissons spiritueuses moi je me suis retiré des voitures et nous nous sommes perdus de vue.
Le voilà donc propulsé à nouveau en haut de l’affiche et, profitant des vœux le voilà qui met les pieds dans le plat, à sa façon, en ouvrant un débat sur ce que j’appellerai « la jurisprudence Alexandre Bain »
Jean-Louis est un fin politique, il n’abat pas tout son jeu sur la table afin d’éviter les levées de bouclier, mais l’essentiel c’est qu’il ouvre un débat dans une institution qui ne les apprécie guère.
Que dit-il ?
« L’esprit d’innovation doit avoir sa place dans les signes de qualité », a-t-il déclaré lors de ses vœux à la presse le 12 janvier.
Cet esprit doit profiter aux viticulteurs singuliers et aux appellations. Jean-Louis Piton a distingué ces deux cas de figure.
« Séparer le bon grain de l'ivraie »
« Il nous arrive, par erreur, de ne pas savoir garder des viticulteurs dont les vins ont un style gustatif différent de la moyenne, a-t-il reconnu sans vouloir citer de cas précis. Nous faisons peu d’erreurs, mais lorsque c'est le cas, elles font un bruit énorme. Pendant des mois, on ne parle que de ça. C’est très préjudiciable. Il faut que l’on trouve le moyen de trier le bon grain de l’ivraie : ceux qui innovent, des suceurs de roues. On va ouvrir un chantier là-dessus. »
En voilà une bonne idée cher Jean-Louis mais il te faudra retrouver l’esprit de Cap 2010, ouvrir les portes et les fenêtres pour laisser pénétrer « ceux qui ne suivent une autre route qu’eux… »
Bon courage !
Le Conseil permanent
Le Conseil permanent est en charge de la politique générale de l’INAO, des priorités stratégiques et du budget.
Jean-Louis PITON, président
Les comités nationaux
Cinq comités nationaux ont pour mission de proposer la reconnaissance d’un produit sous signe de qualité et d’origine, d'examiner le contenu des cahiers des charges, la conformité à la définition du signe, la définition des points à contrôler et leurs méthodes d'évaluation. Ils étudient et proposent toute mesure de nature à favoriser l'amélioration de la qualité et des caractéristiques des produits.
Le Comité national des Appellations d'origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées, et des boissons spiritueuses
(+ 13 Comités régionaux de l'INAO - (CRINAO) - qui émettent des avis sur les dossiers qui les concernent)
Christian PALY, président
Le Comité national des AOP laitières, agroalimentaires et forestières
Patrice CHASSARD, président
Le Comité national des Indications géographiques protégées, Labels Rouges et Spécialités traditionnelles garanties
Dominique HUET, présidente
Le Comité national des Indications Géographiques Protégées relatives aux vins et aux cidres
Éric PAUL, président
Le Comité national de l'Agriculture Biologique
Olivier NASLES, président