D'après lui, les réseaux sociaux « sapent les fondamentaux du comportement des gens ». « Je pense que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social », juge-t-il aujourd'hui, en faisant part de « son immense culpabilité »
Ce revirement n'est pas un cas isolé. « Dieu seul sait ce qu'ils font aux cerveaux de nos enfants », s'était déjà alarmé l'ancien président de Facebook, Sean Parker.
Le créateur du bouton « J'aime » de Facebook, Justin Rosenstein, a décidé de bouder les réseaux sociaux Reddit et Snapchat.
« Il est révélateur que beaucoup de ces jeunes experts n'utilisent plus leurs propres produits, soulignait alors le quotidien britannique, en envoyant leurs enfants dans les écoles élites de la Silicon Valley où les iPhones, les iPads et même les ordinateurs portables sont interdits. »
Ma pomme, blogueur précoce, chalute sur le Net depuis presque 14 ans, a vu de ses yeux vu les tuyaux du Net, avec l’irruption de Face de Bouc et de Twitter, se remplir de merde, devenir l’expression de la lie de nos sociétés.
Pas que, bien sûr, ce ne sont pas les tuyaux qui sont responsables des Fake News ou des torrents de boue, même si leur politique de lutte contre ces phénomènes n’est pas toujours à la hauteur.
C’est dans le même ordre d’idées que les jérémiades sur la propreté des rues de Paris : les déchets qui la jonchent ne tombent pas du ciel, les usagers en sont responsables.
Ma politique d’usage sur Face de Bouc et Twitter, où mes chroniques sont automatiquement postées par mon hébergeur, est simple : je me refuse à commenter et si, ça déborde trop, je vire le fouteur de merde.
Ma page de Face de Bouc est pour moi un lieu où je poste des articles de presse qui m’apparaissent intéressants, depuis le massacre de Charlie Hebdo des caricatures de presse, j’ai eu aussi ma période citations fausses très appréciée par mes amis.
Dans le fil journalier, pendant que je rédige mes chroniques, je m’arrête parfois, tel un profiler, sur le profil psychologique de certains, surtout ceux que je connais bien.
Face de Bouc leur permet de ripoliner leur CV, de faire oublier ce qu’ils étaient dans une vie intérieure, de se lover dans la tendance, de devenir un ardent féministe alors que par le passé au nom de la paillardise on brocardait les pisses-froid, de flatter les gogos… Bref, de dorer la pilule.
Certains de mes « amis » me disent : pourquoi estimes-tu qu’untel est infréquentable ?
Je réponds invariablement, « je sais » et lui aussi « sais que je sais », je n’ai pas vocation à la délation.
Ça les fait chier, alors ils bavent sur moi mais je m’en fous « les chiens aboient la caravane passe. »
Cédric Villani, député LREM de l'Essonne, et Dominique Cardon, sociologue, étaient les invités de Léa Salamé sur France Inter vendredi dernier.
Mathématicien et député LREM, Cédric Villani a été chargé par le gouvernement d'une mission sur l'intelligence artificielle. Sociologue, spécialiste de l'usage d'Internet, Dominique Cardon est l'auteur de La démocratie internet aux éditions du Seuil. Ils répondent aux questions de Léa Salamé sur l'impact des réseaux sociaux sur nos sociétés, la taxation des GAFA et le rôle de l'intelligence artificielle dans la vie publique et économique.
« Toutes les technologies puissantes ont leurs bénéfices et leurs maléfices », explique le mathématicien, également député de l’Essonne, qui rappelle la perte de repères face aux espoirs qu'Internet nourrissait à ses débuts.
Dominique Cardon, sur l'ex-cadre Facebook qui a émis des critiques publics contre le réseau social : « C'est un peu des paroles d'alcoolique repenti », estime le sociologue : « Les réseaux sociaux ont apporté à nos sociétés quelque chose de majeur, de central (...) Ces discours sont une crise d'adolescence de la 'routinisation', de l'utilisation quotidienne, de ces outils dans nos vie.
On est tous entré dans un monde assez nouveau, il faut qu'on apprenne à mieux interpréter ces signaux.
Le marché publicitaire a détruit l'expérience Facebook (...) Nous devons nous demander : sommes-nous à la hauteur de nos usages, ou est-ce que nous cliquons bêtement sur n'importe quel truc qui passe ?
« C'est à nous de nous prendre en main, trouver nos propres règles, nos propres valeurs » renchérit Cédric Villani. « Adhérer à l'économie numérique oui, mais en conscience de nos propres valeurs »
Sur l'abrogation de la neutralité numérique
« Oui, c'est grave » explique Dominique Cardon, « on est en train de donner à quelques acteurs économiques la possibilité d'utiliser l'infrastructure commune à leur profits »
Dominique Cardon prône la pédagogie et même l'auto-apprentissage : « C'est toujours plus efficace de responsabiliser que d'interdire franchement » puisqu'à « 13 ans, les réseaux sociaux jouent un rôle majeur de sociabilisation »
Il faut obliger les plateformes à nous fournir plus d'outils pour les maîtriser
Protéger la vie privée sur Internet
Une responsabilisation des utilisateurs aussi prônée par Cédric Villani : « La question commence à se poser sur l'utilisation des données personnelles par Google. Personnellement, je vais sur Qwant », explique le mathématicien, pour qui ce moteur de recherche respecte davantage la vie privée.
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L'appel du 2 novembre contre les réseaux sociaux : Frédéric Beigbeder
Françaises, Français, Facebookiennes, Facebookiens, Instagrameuses, Instagrameurs, Twitteuses et Twitteurs, le moment est venu de quitter tous ces réseaux asociaux pour revenir à la vraie vie.
J’ai fait l’expérience pour vous. Il y a un mois, Facebook a censuré une jolie photo de Mireille Darc aux seins nus que j’avais postée en son hommage. J’ai alors supprimé ma page Facebook. Si je vous parle de ce non-événement, ce n’est pas pour me glorifier d'un acte qui ne demande aucun courage, mais pour vous décrire ce qui se passe quand, comme moi, on arrête d’être sur les réseaux sociaux : RIEN.
Il ne se passe rien.
Facebook est une addiction dont le sevrage ne provoque aucun manque. Normalement si l’on vous coupe l’électricité, le téléphone ou France Inter, vous ressentez un changement dans votre vie mais pas avec Facebook : le fait de ne plus pouvoir envoyer des phrases, des photos ou des vidéos à des amis virtuels, le fait de ne plus pouvoir lire leurs injures ou leurs compliments, n’a rien changé à ma vie. Tout cela c’était du vent, du vide qui me faisait perdre mon temps et stimulait une mauvaise partie de moi : ma quête de likes impossible à rassasier.
Que sont les réseaux sociaux en vérité ? Prenons les un par un.
Facebook au départ c’est un annuaire d’université. Ce sont des curriculum vitae avec votre photo, vos hobbies, vos musiques préférées, votre situation amoureuse c’est compliqué, que vous envoyez sur la toile comme des bouteilles à la mer. Quand vous allez sur Facebook, c’est comme si vous adressiez votre CV à des DRH pour être embauché dans une entreprise qui n’existe pas.
Instagram c’est autre chose. Je me souviens, quand j’étais enfant, certains amis de mes parents, revenant de voyage, organisaient régulièrement des soirées diapositives où il nous projetaient leurs photos de vacances sur un écran. C’était long, c’était chiant, le seul intérêt de ces soirées diapo était les apéricubes dans un bol sur la table basse. Instagram c’est une soirée diapo sans apéricubes et qui ne s’arrêterait jamais, une soirée diapos 24 h sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an.
Quant à Twitter, tous ceux qui ont déjà pris un taxi parisien ont eu à subir parfois les commentaires passionnants du chauffeur sur l’actualité politique, du genre « Macron s’en fout plein les fouilles, la France est gouvernée par la banque Rothschild, tout ça c’est le complot judéomaçonnique ! » Twitter, c’est ça : un média qui transforme tout le monde en chauffeur de taxi exprimant rageusement sa fake news sur l’actu, ou, ces derniers temps, en délateur assumé.
L’usage embarrassant qu’en fait le président des Etats-Unis aurait déjà dû conduire à un boycott massif de ce réseau social inepte qui prétend qu’on peut articuler une pensée en moins de 140 signes. Les social networks ont été inventé il y a exactement dix ans ; on commence donc à avoir un peu de recul. Si parfois, exceptionnellement, ils nous ont permis de revoir des camarades de lycée ou de correspondre avec des gens à l’autre bout de la planète, ils ont surtout été un déversoir de tout ce qu’il y a de pire en nous, notre narcissisme, notre haine et notre bêtise à base de vidéo de chatons ou de décapitations. Ils nous ont rendu plus seuls, plus frustrés, plus stupides et plus malheureux. Ils ont permis à quelques nerds de devenir milliardaires en vendant des publicités ciblées par l’espionnage de notre vie privée.
Hier le Canard Enchaîné, qui n’a pas de page Facebook, rappelait que Facebook abrite ses sociétés dans le Delaware et en Irlande afin, je cite, de « payer des clopinettes aux impôts ».
Quand, un jour prochain, tout le monde éteindra les réseaux dits sociaux, l’humanité redeviendra peut-être…sociale. Je rêve du jour où Facebook ne sera plus qu’un gadget passé de mode, l’équivalent numérique du scoubidou.