Je vous préviens de suite je risque dans ce libelle d’être grossier comme l’était mon pépé Louis lorsqu’il se fâchait contre le marchand de vaches qui lui offrait des clopinettes pour ses grands bœufs blancs. Ça mettait la mémé Marie dans tous ses états, elle égrenait sur son chapelet noir aux grains usés des rosaires pour le pardon de ses péchés.
Il avait raison d’être colère le pépé Louis ; je le suis !
Au Bourg-Pailler nous ne roulions pas sur l’or, loin de là, mais nous mangions bien, bon et sain. Et je ne suis pas de ceux qui psalmodie que c’était mieux avant, loin de là au marché de la Mothe y’avait pas que du bon. Pour preuve je ne mangeais que le beurre baratté par la tante Valentine car lorsque j’accompagnais mon père dans les métairies je constatais souvent que l’on y prenait bien des libertés avec l’hygiène.
Devenu urbain, pas forcément au départ avec un gros pouvoir d’achat j’ai toujours mis un point d’honneur à faire les courses pour continuer à me nourrir au mieux.
Avant d’aller plus avant je dois vous dire pourquoi je suis en colère : suite à ma chronique sur le glyphosate où je narrais le vote positif des ministres de l’agriculture de l’UE et du débat chez nos voisins suisses, j’ai eu droit sur Face de Bouc de la part d’un de mes anciens élèves du lycée agricole de la Roche-sur-Yon à l’argument qui se veut massue de la distorsion de concurrence avec nos concurrents si le jeune Macron tient sa promesse de virer le glyphosate des rayons des coopés agricole et des jardineries dans un délai de 3 ans.
J’ai répondu : toujours aussi con !
Pas très gentil de ma part je le concède mais le sieur François Moinard, Exploitant agricole 85240 NIEUL-SUR-L'AUTIZE, chevalier du mérite agricole au 31/01/2008, promu officier par Le Foll dans la promotion du 15 juillet 2015, est coutumier des tirades pur sucre FNSEA où nous sommes traités de bobos bio-cons qui ne comprenons rien aux questions agricoles.
François Moinard c'est assez consternant de voir comment certaines élites occultent la parole des plus concernés.
Concernés dites-vous et nous nous comptons pour du beurre, salé, je suppose...
Ras-le-bol de ces discours de « gentil notable » de province pourfendeur des élites parisiennes !
Ben non François Moinard je ne suis et je n’ai jamais été un bêlant de bio mais j’ai été le témoin privilégié des éructations de François Guillaume contre Michel Rocard cet urbain qui ne connaissait rien à l’agriculture, du baratin de Christiane Lambert ex-présidente des JA et éleveuse de porcs en Maine-et-Loire, des pattes douces de Bruno Le Maire se déclarant au service de la FNSEA, des guili-guili de Stéphane Le Foll aux majoritaires pour que les gros tracteurs qui n'aiment pas les socialos ne viennent pas emmerder ces cons d’urbains.
Oui je ne suis pas très fier, au temps où j’étais au 78, d’avoir envoyé à la décharge avec aides des tonnes de fruits et légumes, d’avoir subventionné des exportations, pas très conformes à la concurrence entre partenaires, pour nourrir à bas coût ces braves consommateurs des pays au-delà du rideau de fer.
La très puissante AGPB, qui n'aime rien tant que le Round Up, a bénéficié durant des années d’une PAC permettant aux céréaliers de se faire des couilles en or avec l’intervention de l’ONIC et lorsque nous avons réformé la PAC en 1992, il a fallu faire cracher au bassinet l’UE avec des aides directes plus que confortables.
Alors la vocation exportatrice des céréales françaises, à d’autres, dans le bras de fer du GATT puis de l’OMC il s’agit bien plus d’une bataille de puissance entre les USA et l’UE. Que ce soit un réel problème stratégique je n’en doute pas, l'arme alimentaire sous les bons sentiments de nourrir le monde, mais alors il faut dare dare se rallier aux positions du groupe de Cairns, faire souffler un grand vent libéral sur les échanges mondiaux de commodités et que le meilleur gagne avec ou sans Round Up ou OGM croyez-moi !
Pour autant je ne suis pas Mélanchonien, je ne préconise pas de faire table de rase du passé, mais de grâce que ceux qui se sont claquemurés dans des positions hostiles, virulentes, bloquant toute évolution ne viennent pas nous dire « encore une minute monsieur le bourreau ! » Faut pas inverser la charge de la preuve !
La question du glyphosate est symbolique, cet herbicide n’est pas le pire des pesticides en vente sur le marché mais son prix bas fait qu’il est très utilisé et il focalise les peurs des consommateurs.
Et c’est là où je veux en venir, le souci de prendre en compte les désirs des consommateurs n'est plus de plus belle lurette, pour certains, à l’ordre du jour car leurs interlocuteurs sont les industriels de l'agro-alimentaire friands de « minerai » pour faire leur tambouille pour la GD ou la GD elle-même dans le cas des fruits et légumes avec l'exemple type des tomates ou des fraises espagnoles qui sillonnent l'Europe dans de gros camions qui puent et polluent.
Le lien est rompu et les urbains, prompts à s’émouvoir de la détresse de beaucoup d’agriculteurs, poussent toujours leurs caddies dans les temples de la consommation et Michel-Edouard Leclerc fait partie des personnalités du monde économique préférées par les Français.
Bien au-delà de la fièvre du Round Up c’est ce lien de proximité et de confiance qu’il va falloir retisser sans tomber dans l’angélisme ou le misérabilisme. En effet, on ne change pas une société par décret mais, même Sarkozy l’avait compris avec son Grenelle de l’environnement, il faut savoir bousculer les conservatismes des corps intermédiaires.
Si l'on souhaite éviter la stigmatisation des agriculteurs ou des éleveurs il faut que leurs chefs soient à la hauteur de l'enjeu sociétal.
Et ce n'est pas le cas, les dirigeants des OPA qui cogèrent,vaille que vaille,avec le locataire du 78, devraient se poser des questions, se rappeler la prophétie du père Rocard sur les grandes organisations verticales qui allaient un jour tomber en ruine.
Le jeune Macron a fait la démonstration en moins d’un an que ce qui paraissait inimaginable à la veille des présidentielles, siphonner la droite raisonnable, tuer la gauche sociale-démocrate est devenue une réalité.
Alors,celles et ceux qui passent plus de temps à Paris que sur leur exploitation, et je ne fais pas de la démagogie, dont la plupart sont bâtis sur le même modèle que les apparatchiks des partis politiques, Jérôme Despey vice-président de la FNSEA, soi-disant représentant de la viticulture gauloise en est un modèle qu’il faudrait déposer au pavillon de Sèvres, pourraient un jour prochain sentir le vent du boulet.
Bien sûr la majorité dite silencieuse des citoyens qui se fichent de ce qu’ils mettent dans leur assiette est le meilleur édredon pour atténuer la demande de ceux qui se posent des questions. Et, que l’on ne vienne pas me seriner que le moins cher du moins cher c’est pour tenir la tête hors de l’eau des pauvres ou des exclus, ceux-ci sont plutôt abonnés aux restos du cœur et que chez Lidl on croise beaucoup de gens à la bourse bien garnie qui préfèrent aller au ski plutôt que d’acheter bon et sain.
Nous sommes tous co-responsablesde la situation actuelle et malheureusement je crains que les États Généraux de l’Alimentation n’accouchent que d’une petite souris, l’enfer est pavé de bonnes intentions mais on ne réforme pas un grand corps économique, divers, contrasté, sans déranger les conservateurs.
De l’air, changeons d’ère madame Lambert… ne pas confondre avec notre Bernard Lambert…