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5 novembre 2017 7 05 /11 /novembre /2017 07:00
Memory Lane « En 70 pages, la quintessence de Patrick Modiano : souvenirs entre chien et loup, parfum d’intrigues illicites, nostalgie d’un passé dont on se rappelle les apparences fugitives…

Je croise souvent, dans le 6e arrondissement, où il habite, Patrick Modiano, lui est à pied et moi vélo. Comme je connais sa retenue naturelle, je n’ai jamais osé m’arrêter pour le saluer et lui dire que j’ai lu tous ces livres.

 

Sauf que, mardi matin, 30 octobre, je maraudais du côté d’Aligre où se tient, à côté du marché des victuailles, un déballage de vieilleries. Il faisait frisquet. Au beau milieu de la place le soleil matinal réchauffait l’atmosphère. J’ai attaché ma monture pour aller fouiner. Bien m’en a pris, sur un étal je suis tombé sur Memory Lane, récit de Patrick Modiano, dessins de Pierre Le-Tan.

 

J’achète 10 euros et je m’assois sur la chaise de mon vendeur qui m’a obligeamment proposé de le faire.

 

Memory Lane est le titre d'un récit de Patrick Modiano.

 

Publié initialement dans la "Nouvelle revue française" (n°334, novembre 1980), ce texte a ensuite été édité en livre, avec des dessins de Pierre Le-Tan assortis de quelques légendes originales (Hachette, novembre 1981).

Repris en collection de poche Points Seuil, 1983.

 

 

« En soixante-dix pages, on découvre la quintessence de Patrick Modiano : des souvenirs entre chien et loup, un parfum d’intrigues illicites, la nostalgie d’un passé dont on se rappelle les apparences fugitives et derrière lesquelles on soupçonne des drames, de rudes amours, des angoisses et des plaisirs sans avenir. »

 

(Extrait d’un article de Jean-François Josselin, "Le Nouvel Observateur", repris en dernière de couverture de l’édition)

 

dimanche 6 novembre 2011

Memory Lane, de Patrick Modiano ICI 

 

Jeudi 27 octobre j’avais lu dans le Monde des Livres Modiano sur le qui-vive par Raphaëlle Leyris

 

Le Prix Nobel 2014 revient sur sa jeunesse inquiète avec l'envoûtant " Souvenirs dormants " et son pendant théâtral, " Nos débuts dans la vie "

 

Patrick Modiano, en 1975.

Sophie Bassouls/Leemage

 

« Si quiconque craignait que le prix Nobel de littérature de 2014 ait pu changer d'un iota l'écriture de Patrick Modiano, les premières lignes de Souvenirs dormants suffiraient à lever le doute, en semant le plus modianesque des troubles. Le lecteur plonge immédiatement dans sa si reconnaissable atmosphère d'incertitude et d'inquiétude, dans l'appréhension des dimanches soir commune à " tous ceux qui ont connu les retours au pensionnat ". On se retrouve à fréquenter des individus bizarres, rencontrés on ne sait plus comment ; pour se donner du courage, se rassurer, on se répète que, au pire, il sera toujours possible de leur " fausser compagnie ".

 

Aucun doute, on est bien chez Modiano, et d'autant plus, peut-être, que Souvenirs dormants, en l'absence de la mention " roman " sur la couverture, autorise à confondre narrateur et auteur. Il se classe ainsi aux côtés d'Un pedigree (Gallimard, 2005), dans lequel l'écrivain revenait factuellement sur ses vingt-deux premières années, passées dans le sillage de parents toujours pressés de se débarrasser de lui. Un pedigree s'achevait sur le souvenir d'un soir de 1967, où le jeune homme, né en  1945, s'était " senti léger pour la première fois de - sa - vie " (son premier livre, La Place de l'Etoile, serait publié chez Gallimard l'année suivante) : " La menace qui pesait sur moi, pendant toutes ces années, me contraignant sans cesse à être sur le qui-vive, s'était dissipée dans l'air de Paris. "

 

Le goût de l'ésotérisme

 

C'est à ce temps de constante menace, à cette époque " sur le qui-vive ", que revient Souvenirs dormants, sur un mode moins laconique qu'Un pedigree mais avec des phrases bouleversantes de -concision – " Je vivais dans une certaine solitude et un certain désarroi ", écrit-il avec un art consommé de la litote. Il revient à cette période à travers l'évocation de femmes croisées en ce " temps des -rencontres ", entre 17 et 22 ans : ce sont -Martine Hayward, Mireille Ourousov (présente dans Un pedigree), Geneviève Dalame, Madeleine Péraud, Madame -Hubersen (qui se saoule en manteau de fourrure par un mois d'août torride), et une autre dont il ne dévoile pas le nom parce qu'elle a été mêlée à la mort d'un  homme – il n'est en revanche pas -question de l'actrice Françoise Dorléac, -connue à cette époque, à laquelle il -consacra en  1996 un beau texte en -préface d'Elle s'appelait Françoise…, de Catherine Deneuve (Albin Michel ; rééd. Michel Lafon, 118 p., 14,95  €).

 

La plupart ont le goût de l'ésotérisme, qu'elles partagent avec le jeune homme passionné par la question de " l'éternel -retour " ; elles aussi vivent dans une forme d'inquiétude, fréquentent les cafés de ce Paris appartenant encore à un " vieux monde " qui " retenait une dernière fois son souffle avant de s'écrouler, comme toutes ces maisons et tous ces immeubles des faubourgs et de la périphérie que l'on s'apprêtait à détruire ".

 

Au fil de ce bref texte envoûtant, au -matériau autobiographique qu'il nimbe d'une brume de rêve, Patrick Modiano glisse des phrases qui permettent d'entrer dans son atelier d'écriture. Ainsi quand il écrit à propos des patronymes réels déclinés dans ses livres, et du processus mémoriel à l'œuvre dans son travail : " Je souhaite que ces noms comme des aimants en attirent de nouveaux à la surface et que ces bouts de phrases finissent par former des paragraphes et des chapitres qui s'enchaînent. " Pour s'approcher de son esthétique somnambulique, de sa manie de la fugue (" mon mode de vie "), Souvenirs dormants est un texte sur lequel tous les amoureux de Modiano devraient se ruer… Mais c'est avant tout un livre sur une jeunesse à l'affo-lement silencieux, qui subit son existence et fantasme sur la possibilité d'apprendre à orienter les événements du jour comme certains manuels prétendent enseigner l'art de diriger ses rêves. Une jeunesse qui ne peut pas vivre sa vie.

 

Une forme de tendresse

 

De ce point de vue, Nos débuts dans la vie, la pièce de théâtre qu'il signe en même temps, apparaît comme une sorte de suite et de pendant à Souvenirs dormants. Jean D. (un nom de personnage fréquent chez Modiano, dont Jean est le premier prénom), aspirant écrivain, et son amie Dominique, actrice, sont sur le point de sortir de cette jeunesse empêchée et de prendre le contrôle de leur -destin. Lui a fini son premier manuscrit et le garde dans un cartable menotté à son poignet pour le préserver notamment d'un beau-père journaliste, donneur de conseils et amateur de prose chantournée ; elle joue dans La Mouette, de Tchekhov, alors que la mère de Jean a un rôle dans une comédie boulevardière. Si l'œuvre de Modiano évoque souvent un théâtre d'ombres, il y a, dans cette troisième pièce de l'écrivain (après La Polka, 1974, et Poupée blonde, 1983), construite sur des allers-retours entre présent et passé, d'une scène à l'autre, beaucoup de chair, et une forme de tendresse pour ces " débuts dans la vie ". Beaucoup d'humour aussi. C'est peut-être cela, la trace la plus visible du Nobel, finalement : que Patrick Modiano donne à voir, aussi, sa part de drôlerie.

 

Raphaëlle Leyris

 

Jeudi matin, 2 octobre  sur France Inter, Dorothée Barba 

 

A la radio, il est un habitué des « sons qui terminent en l'air ». Comprenez : il ne termine pas ses phrases. Patrick Modiano, depuis des décennies, promène ses silences et balbutiements sur les plateaux de télévision. On dira - encore du jargon - que l'auteur de Dora Bruder est un « mauvais client ». D’ailleurs il n’est pas impossible que François Busnel ne soit pas très rassuré à l’idée de l’interviewer en direct, ce soir : Modiano est l'invité de la Grande Librairie, pour évoquer ses deux nouveaux livres, Nos débuts dans la vie et Souvenirs dormants (Gallimard).

 

Comme un pied de nez au triomphe du charisme. Modiano, à la télé, est là pour nous rappeler que non, ce n’est pas « naturel », de parler avec aisance et sans jamais chercher ses mots devant un micro et une caméra. Qui peut croire qu’une conversation devant une caméra est juste une conversation ? Modiano n’a jamais l’air de se sentir insulté, il ne semble pas souffrir en interview, mais il cherche ses mots comme on rature un roman. Car à l’écrit, après de multiples ratures, le style d'un écrivain peut paraître limpide. « Mais quand il prend la parole, il n’a plus la ressource de corriger ses hésitations. » C’est lui-même qui le dit, dans son discours de réception du prix Nobel de littérature.

« J’appartiens à une génération où on ne laissait pas parler les enfants, poursuit-il. On ne les écoutait pas et bien souvent on leur coupait la parole. » Voilà qui serait la clé de son élocution, tantôt hésitante, tantôt trop rapide, comme s’il craignait à chaque instant d’être interrompu. C’est ainsi que Modiano explique ce désir d’écrire qui l’a pris au sortir de l’enfance : « Vous espérez que les adultes vous liront. Ils seront obligés ainsi de vous écouter sans vous interrompre et ils sauront une fois pour toutes ce que vous avez sur le cœur. »

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