Des voyageurs massés sur la fameuse plate-forme d'un Renault TN4H de la ligne 27, en avril 1946. Collection RATP
« Grâce à lui, les plus hardis descendent et montent en marche. Lorsque le temps est clément, il n’y a pas de lieu d’observation de Paris plus agréable. Sur cette terrasse, réservée aux seules lignes parcourant la capitale intra-muros, le receveur règne en maître. Sur sa poitrine flotte la « moulinette », la petite machine qui oblitère (à l’époque, on ne parlait pas de composter) les tickets des voyageurs en émettant un petit bruit sec.
Lorsque tout le monde est à bord, il actionne avec autorité la chaînette qui déclenche le signal du départ, une clochette au son mat, à l’intention du machiniste. Presque invisible car relégué à l’extérieur, sous la « casquette » formée par l’avancée du toit, il transpire l’été et grelotte l’hiver. Il faudra attendre 1949, date à laquelle les TN furent « vestibulés », pour qu’il ne soit plus exposé aux intempéries. »
L'emblématique Renault TN4 avec sa face en « nez de cochon ». Collection RATP
Trop tard, je suis arrivé trop tard à Paris, en 1976, pour avoir le bonheur de m’enfourner dans le bus RATP par son cul, dit moins vulgairement je n’ai jamais connu les autobus à plate-forme avec préposé tirant la chevillette (dixit Desproges).
De mon temps, comme disait pépé Louis qui détestait la modernité mécanisée qui avait envoyé ses grands bœufs blancs au cimetière des éléphants, la RATP avait inventé des nouveaux bus à la plate-forme mais il fallait d’abord monter par l’avant, montrer patte blanche au conducteur, progresser jusqu’au fond, faire coulisser une porte avant de mettre son nez à l’air.
Mais, là aussi, la modernité, la rationalité des ingénieurs, ont eu raison de cette dernière survivance de la Belle Epoque :
23 juillet 2001
Dans quelques semaines, cette scène de la vie parisienne ne sera plus qu'un souvenir. Les bus à plate-forme une quinzaine au total sur les lignes 29 et 56 vont en effet être retirés de la circulation par la RATP avant la fin de l'année.
Avec la fin des bus à plate-forme, c'est un peu de patrimoine roulant qui disparaît des rues de Paris. « L'époque où l'on montait par l'arrière. L'époque où l'on achetait son ticket au receveur et non au chauffeur », se souvient une passagère.
Pour la RATP. « Les Parisiens veulent avant tout être transportés. »
J’adore ! Comme du bétail…
« Ce remplacement s'insère de plus dans une rénovation d'ensemble de tous les autobus de la RATP. En tout, 478 bus sur près de 4 000 vont ainsi être remplacés dans les tout prochains mois, grâce à une aide de 460 millions de francs (69,5 millions d'euros) votée jeudi dernier au conseil régional d'Ile-de-France. De quoi porter à 2 000 le nombre de bus «propres» qui circuleront à Paris et en proche couronne.
Sans vouloir ironiser mais les fameux « bus propres » de l’an 2000 nous les attendons toujours, c’est l’adepte du vélo qui vous le dit.
La RATP a fait des progrès dans le confort, il roule aussi des bus hybrides *, mais la régularité est souvent aux abonnés absents : 2 bus qui se suivent puis plus rien pendant de longues minutes…
*Au total, ce sont déjà 785 véhicules hybrides qui circulent sur le réseau d'autobus exploité par la RATP soit environ 16% de l'effectif total. Une proportion qui ne devient plus vraiment négligeable et qui devrait encore progresser pour atteindre quasiment un millier de voitures, soit 20% de la flotte. Pour autant, la technologie hybride reste une solution de transition : outre le fait que le bilan économique n'est pas totalement certain, la RATP s'engage au même rythme vers l'autobus électrique, avec au passage la même inconnue...
La dernière ligne d’autobus à plateformes en service c’était la ligne 21, et ceux-ci ont disparus le 23 janvier 1971. Leur suppression a été décidée pour des raisons de sécurité - certains ont parcouru plus de 2 millions et demi de kilomètres -, mais aussi économiques, les nouveaux autobus ne nécessitant qu'un seul agent de la RATP. « J'aime bien le progrès, mais la plate-forme, on la regrettera », confie un fumeur de pipe au journaliste du Parisien libéré.
Pour les derniers bus plate-forme, l'heure n'est pourtant pas encore à la casse. « Remis à neuf, ces bus sont en effet revendus à des associations ou des pays étrangers. Souvent en Amérique du Sud », précise Alain. « Prix moyen : 300 000 F avec les pièces de rechange ! »
Le fameux Renault TN. « Sa longue carrière (1931-1971) lui a valu d’apparaître dans un nombre incalculable de films et de documentaires d’époque, sans compter ses apparitions, sous les vivats, lors des journées du patrimoine. Cet imposant véhicule (9,50 mètres), reconnaissable entre tous avec sa face avant dite « nez de cochon », ses énormes roues, sa livrée vert et crème, mais aussi sa fameuse plate-forme arrière, incarne l’autobus parisien par excellence. »
Il fallait le voir, dans les années 1960, rempli comme un œuf, s’arracher au redémarrage dans un énorme craquement de boîte de vitesses dans la côte de l’avenue de Clichy, près de La Fourche. Ce gros bahut, dont le machiniste devait avoir des biceps d’athlète pour manipuler l’énorme volant, signalait son intention de déboîter en agitant de charmantes petites flèches rouges lumineuses. Quiconque avait l’audace de se mettre en travers de sa route était instantanément terrassé d’un coup de klaxon gargantuesque.
Apparu en 1931 à la demande de la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP), ancêtre de la RATP, le Renault TN4 sera le bras armé d’un basculement des transports collectifs de surface. Puissant, capable de transporter une cinquantaine de voyageurs (en se serrant bien), il va imposer le règne du bus et définitivement enterrer le tramway qui disparaîtra de la capitale en 1937.
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L'Aurore 1971 dans Desproges par Desproges
Visionnez la seconde vidéo elle contient des images d'époque années 20 fabuleuses