Pour trouver il faut chercher ; pour trouver ce que mangent la majorité de nos concitoyens il faut s’aventurer dans les rayons de la GD. Pour débusquer l’ennemi mieux vaut explorer son territoire plutôt que de se contenter de vitupérer sur Face de Bouc le cul collé sur son fauteuil.
Donc j’erre.
Mon œil de lynx, parfois, fait des découvertes, le faux-filet charolais, maturé 10 jours, sous opercule de La Nouvelle Agriculture. La Marque des agriculteurs, entre dans cette catégorie.
J’ai acheté.
J’ai cuit.
J’ai mangé.
Verdict : viande rosâtre type baby-beef, fadasse, rendant de l’eau, spongieuse, zéro pointé.
Mais qu’est-ce donc que cette Nouvelle Agriculture ?
C’est un concept inventé par les têtes d’œufs de Terrena (2)
Terrena c’est une grosse machine coopérative basée à Ancenis, autrefois dénommé la coop d’Ancenis, la CANA (1). De mon temps c’était une « coop de gauche » qui n’avait guère les faveurs de mon pays Luc Guyau, président de la FNSEA, trop intégratrice, dirigiste disait-il. Pas faux, et même si comparaison n’est pas raison, il y avait un côté chinois à la CANA et les managers qui l’ont pris en mains, en ont tiré parti pour en faire un groupe géré comme le privé avec des résultats pas toujours à la hauteur des ambitions
La Nouvelle agriculture ?
« C’est un concept qui a nécessité trois ans de travail, confie Marc Réveillère, éleveur du Maine-et-Loire et administrateur de la coopérative Terrena , qui porte le projet. On est parti de l’idée d’agriculture écologiquement intensive (AEI, ndlr) développée par Michel Griffon (agronome et ancien directeur scientifique du Cirad, Centre de coopération internationale en recherche agronomique, ndlr). De cette idée que demain il va falloir produire davantage pour nourrir une population mondiale en croissance mais aussi produire avec moins d’intrants. »
« Le principe de l’AEI c’est qu’au lieu de forcer la nature avec des intrants chimiques, il vaut mieux imiter son fonctionnement et stimuler ses cycles biologiques : en améliorant par exemple la captation de la lumière, la circulation des éléments nutritifs… », abonde Patrick Caron, directeur général délégué à la recherche et à la stratégie au Cirad. « En théorie, cela doit effectivement permettre de produire au moins autant si ce n’est plus », poursuit l’expert.
J’ai fréquenté Michel Griffon au sein du Groupe saint-Germain, je dois avouer que son concept d’agriculture écologiquement intensive ne m’a pas convaincu. ICI
Mais…
« Leur lapin (estampillé "Nouvelle agriculture", ndlr) reste en cage dans un bâtiment. Leur porc reste aussi dans des bâtiments hors sols. Alors que dans le bio, il faut garder un lien au sol. Sur le végétal, ils réfléchissent certes avant de traiter mais ils traitent quand même. Ils sont dans une démarche de progrès mais tant qu’ils ne fonctionnent pas avec un cahier des charges contrôlé par un organisme indépendant, ça peut être mieux, comme ça peut être pire », s’oppose Bruno Gris, producteur de lait et président du Groupement des agriculteurs biologiques de Loire Atlantique (GAB). Et l’homme d’ajouter, «c’est juste un concept commercial ». Car si les méthodes sont anciennes, l’emballage est nouveau. L’initiative portée par cette grosse coopérative a d’ailleurs pour ambition de conquérir le marché avec sa nouvelle estampille.
Trop de labels tue-t-il le label ?
La réponse est OUI...
(1) Jusqu'au début des années 1950, l'agriculture du grand Ouest vivait dans un régime semi autarcique. Dans les années 1960-1970, sous l'impulsion d'une génération de jeunes agriculteurs issus de la JAC (Jeunesse agricole catholique), on assiste à un mouvement de transformation, de révolution agricole. C'est en effet à partir des années 1960 que l'agriculture du grand Ouest se confronte au mode de production capitaliste et que se pose la question de son intégration dans ce système économique. L'orientation la plus souvent préconisée par le mouvement syndical a été l'agriculture de groupe, soit dans une coopérative, soit dans une SICA (Société d'Intérêts Collectifs Agricoles) de commercialisation. Le passage de la théorie à la pratique se fit selon des modalités variables concernant aussi bien l'achat de fournitures que la vente et la transformation des produits.
Pour intégrer les différentes fonctions de production, de transformation et de commercialisation, il fallait des coopératives fonctionnant avec les ressources et le mode de fonctionnement des firmes industrielles. Le cas de la coopérative d'Ancenis-Saint-Mars-la-Jaille en Loire-Atlantique, à l'instar par exemple d'UNICOPA (UNIon des COoPératives Agricoles) ou encore de l'Office central de Landerneau en Bretagne, reflète parfaitement ce mouvement d'expansion et de transformation des coopératives dans les années 1960.
Fondée en 1932, la coopérative agricole de Saint-Mars-la-Jaille spécialisée dans les céréales, s'oriente en 1942 vers l'activité laitière. En 1952, cette coopérative en plein développement s'installe à Ancenis, et prendra par la suite le nom de Coopérative agricole La Noëlle Ancenis (CANA). Au cours des années 1960-1970, elle va diversifier ses activités. Celles-ci portent désormais sur les aliments du bétail, la production laitière et animale (bovins, porcs, poulets). Puis, dans les années 1970-1980, la CANA construit une fromagerie, une beurrerie et un abattoir. Loin d'arrêter alors son développement, elle s'unit en 2000 avec la Coopérative angevine du Val de Loire (CAVAL). Enfin en 2003, dans une même logique de développement et d'expansion territoriale, on assiste au regroupement des coopératives CANA, CAVAL et du Groupe Centre Atlantique (GCA), donnant naissance au groupe coopératif TERRENA qui regroupe aujourd'hui 21 000 adhérents.
François Lambert
(2) CHIFFRES CLÉS 2016 DU GROUPE TERRENA ICI
l'Ouest en mémoire - La coopérative agricole d'Ancenis-Saint Mars la Jaille - Ina.fr
La Coopérative agricole d'Ancenis, caractérisée par sa superficie et sa polyvalence, apporte une aide technique et économique aux adhérents, tout en respectant les besoins des consommateurs. E...