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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 06:00
Hubert de Boüard de Laforest, saison 2 : château Angélus, portraits de famille… « Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable »Nicolas Boileau

La chronique de Bruno de Boüard Château Angélus, une histoire familiale : un autre son de cloche par Bruno de Boüard ICI ayant rencontré un réel succès, sans pour autant soulever l’ire de mon ami Hubert, afin de la compléter, nous avons décidé de publier une saison 2 riche en portraits.

 

 

« C’est à la fin du XVIIIème siècle, en 1782, que Jean de Boüard de Laforest, garde du corps du Roy, s’installe à Saint-Emilion. Sa fille, Catherine Sophie de Boüard de Laforest, épouse Charles Souffrain de Lavergne en 1795 et s’installe sur le vignoble de Mazerat, propriété de son mari »… (1)

 

À Angélus, l'art de la communication ne s'arrête pas seulement à la réécriture de l'histoire familiale, mais aborde aussi l'iconographie de ses membres. Il suffit de se tourner vers les portraits présentés dans la galerie du Château Angélus.

 

À preuve du contraire il n'existe aucun portrait des trois membres les plus anciens : Jean le soi-disant « fondateur », Catherine Sophie sa fille et Jacques Germain un des fils de cette dernière. Hormis les trois photographies des deux dernières générations, les portraits présentés dans la galerie du Château Angélus (2) ont été réalisés par l'artiste peintre plasticien Philippe Saunier (3).

 

Jean de Boüard de Laforest (né en 1745) (Château Angélus) [1745-1801, AD 24]

 

 

Officier des Gardes du corps de Monsieur, frère du Roi, tableau d'Alphonse Giroux (1775-1848)

 

Le portrait de Jean de Boüard (4) est la copie d'un tableau d'Alphonse Giroux réalisé au début du 19e siècle, représentant un officier des gardes du corps de Monsieur, frère du Roi (le comte de Provence), chevalier de l'ordre militaire et royal de Saint-Louis dont il porte la décoration sur la poitrine (5). En réalité Jean est garde du corps du roi dans la compagnie de Beauvau (2e compagnie 1re Cie française) (6). Il n'y a aucun rapport entre la compagnie de Beauvau et celle du portrait. Enfin Jean n'a jamais été chevalier de l'ordre de Saint-Louis dont il ne pouvait porter la décoration(7).

 

 

Catherine Sophie de Boüard (née en 1773) (Château Angélus) [1773-1855, AD 24-AD 33]

 

 

Jacques Germain Souffrain (né en 1796) (Château Angélus) [1797-1798, AD 24]

 

Le portrait de Catherine Sophie de Boüard de Laforest (8) est une oeuvre de pure fiction, une vague copie dite en costume d'époque d’une personne étrangère à la propriété comme nous l’avons vu (9). Catherine Sophie n'apparait jamais dans les actes notariés comme propriétaire (succession, donation...).

 

Le portrait de Jacques Germain Souffrain est particulièrement étonnant. Il est présenté par Jane Anson (10) comme étant le grand-père de Jean Charles Souffrain (1804-1886), en réalité son frère. Nous ne lui connaissons aucune descendance, ce qui semble plausible puisqu'il est mort à l'âge de seize mois (11)... ce qui est un peu jeune pour être propriétaire. Son portrait le vieillit un peu !

 

Le portrait de Jeanne Eugénie Chatenet épouse et héritière de Jean Charles Souffrain, est en fait la copie d'une photographie d'un autre membre de la famille, la mère (12) de Maurice de Boüard (cinquième portrait), étrangère à la propriété. Les de Boüard possèdent pourtant une photo de la véritable Jeanne Eugénie peut-être autour de ses quatre-vingts ans, mais jugée trop « disgracieuse » par la famille. On trouve également quelques erreurs de dates (13), une particulièrement amusante comme celle concernant Jeanne Eugénie Chatenet qui serait née en 1850, soit sept ans après son premier mariage (14).

 

Jeanne Eugénie Chatenet (née en 1850) (Château Angélus) [1823-1910, AD 87]

 

Marie Ithier [1851-1939 AD 33] Document familial

 

Le cinquième portrait, celui de Maurice de Boüard (1870-1959), devrait être  le premier de la galerie. Avec l’arrivée de Maurice à Mazerat en 1910, c’est la première génération des de Boüard qui s’installe sur le vignoble de Saint-Emilion.

 

Ainsi quatre des membres de la famille n'ont pas leur place dans la galerie, n’ayant aucun lien direct avec la propriété (15). Par contre, cinq autres membres au moins devraient y figurer en tant que propriétaires (16).

 

En résumé, il est fallacieux d'affirmer la présence des de Boüard depuis 200 ans sur 8 générations à Saint-Emilion (17) : à ce jour une présence de 4 générations seulement sur 107 ans à Saint-Emilion, dont 95 ans à Angélus, serait plus exacte. L'actuelle propriété des de Boüard n'est que la continuité du domaine de la famille Souffrain sur Mazerat, transmis en 1910 par Jeanne Eugénie Chatenet à Maurice de Boüard. C'est le « clos de l'Angélus » acheté à la famille Gurchy en 1922 par Elisabeth de Boüard, deuxième épouse de Maurice, qui donnera après la guerre le nom à la propriété familiale. Leurs trois fils Jacques, Christian et Alain reprendront la propriété en 1946.

 

N'oublions pas que c'est de la « branche aînée », celle de Michel Bertrand fils de Jean de Boüard, que descendent les de Boüard de Laforest du Château Angélus, et non de celle de Catherine Sophie sa sœur (19).

 

         Encore une fois il s’agit ici, en dehors de toute remise en cause du Château Angélus et de la qualité de ses vins, de corriger toute falsification de l’histoire familiale et de faire en sorte que la recherche de notoriété ne l’emporte pas sur la recherche de la vérité.

 

 

Bruno de Boüard

 

 

 

1. Site internet du Château Angélus.

 

2. Les dates données entre crochets sous les portraits ont été corrigées ou complétées après recherches dans l’état civil.

 

3. ICI 

 

4. Jean de Boüard n’a rien à voir avec la propriété comme nous l’avons vu dans l’article précédent : « Angélus, une histoire familiale : un autre son de cloche » sur le blog de Jacques Berthomeau.

 

5. École FRANÇAISE du XIXe siècle. Portrait d'homme en habit rouge sur sa toile d'origine (Alphonse Giroux). (Accidents). 81,5 x 65 cm RM. Le personnage représenté est un officier des gardes du corps de Monsieur, Frère du Roi (le comte de Provence). Il est chevalier de Saint Louis dont il porte la décoration sur la poitrine. ICI 

 

6.Jean figure dans un état du guet des gardes du roi d'octobre 1781, pour la compagnie de Beauvau (Gardes du corps du Roi). - AD33, Série 4 J, Fonds de Boüard, 4 J 914-915,  4 J 915, chemise 1, pièces concernant Jean de Boüard.

 

7.Jean ne fait pas partie des récipiendaires de la catégorie des Chevaliers de l’ordre de Saint-Louis :

    - Jean-François-Louis d'Hozier, Recueil de tous les membres composant l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, depuis l'année 1693, époque de sa fondation, Paris, 1817.

    - Les membres manquants : ICI 

 

8. Elle assume avant tout son rôle d'épouse et de mère de ses sept enfants, cinq au moins nés à Libourne, où elle réside rue St Thomas et y décède. On ne la retrouve pas sur les listes nominatives (recensement) de Saint-Emilion. Elle ne s’est jamais installée à Mazerat. En 1798 elle habite encore à Villefranche-de-Longchat (24), année de décès de son fils Jacques Germain.

 

9. Voir l’article précédent : « Angélus, une histoire familiale : un autre son de cloche ».

 

10. « Angélus », Editions de La Martinière, 2015. Dans cet ouvrage de commande destiné à servir la notoriété du Château Angélus, Jane Anson accumule les erreurs et les incohérences sur l'histoire des de Boüard et de la propriété familiale, contredisant les archives familiales et l'historien Michel de Boüard régulièrement cité comme l'historien de la famille.

 

11. Jacques Germain, acte de naissance 1er mai 1797, Villefranche-de-Longchat - AD 24, 5 MI 27905-002. Acte de décès du 9 septembre 1798, Villefranche-de-Longchat - AD 24, 5 MI 27905-004.

 

12. Marie Ithier, acte de naissance, Saint-Macaire 15 mars 1851 - AD 33, 4 E 11916. Décédée en 1939.

 

11.Jacques Germain n'est pas né en 1796 mais en 1797. Jean Charles Souffrain n'est pas né en 1796 mais en 1804.

 

12. Acte de mariage de Jeanne Eugénie Chatenet et Pierre Faussette, novembre 1843 - AD 87, 3 E 85/175, n° 272. Acte de naissance de Jeanne Eugénie 17 juillet 1823 - AD 87, 3 E 85/112. Acte de décès 21 septembre 1910  - AD 87, 3 E 85/453.

 

13. Jean de Boüard, Catherine Sophie de Boüard, Jacques Germain et Marie Ithier mère de Maurice de Boüard…

 

14. Charles époux de Catherine Sophie de Boüard, sa soeur Emilie Souffrain, Théodore et Jean Charles Souffrain fils de Charles, et Elisabeth de Boüard épouse de Maurice de Boüard. Il existe des photographies de Jean Charles Souffrain et d’Elisabeth de Boüard. Voir aussi l’article : « Angélus, une histoire familiale : un autre son de cloche »

 

15. À deux reprises (11 janvier et 16 février 2017) Angélus a été contacté pour avoir connaissance du document permettant de dater l’arrivée de Jean de Boüard à Saint-Emilion en 1782 et d’affirmer les 200 ans des de Boüard sur la propriété. Aucune réponse. Alors en faisant preuve d’une grande imagination on pourrait poser l’équation suivante : 1er juillet 1782 date de fondation du Château Angélus (sur le compte Facebook du même Château) = [1er juillet jour de naissance d’Hubert de Boüard] + [1982 année de naissance de Stéphanie de Boüard-Rivoal] – 200 ans. Mais cette équation  n’est que pure imagination à partir d’étonnantes coïncidences.

 

16. Alain de Boüard, troisième fils de Maurice de Boüard, pourrait avoir sa place dans cette galerie. Après une quinzaine d’années sur la propriété familiale, il s'est retiré de la Société Civile du Château de l'Angélus en 1960.

 

17.Voir l’arbre généalogique dans l’article : « Angélus, une histoire familiale : un autre son de cloche ».

 

18. À ce jour il n’a pas encore été possible de remonter au-delà pour déterminer l’origine de la propriété des Souffrain.

 

19.Le Château Mazerat (Maurice de Boüard) et l’Angélus (Elisabeth de Boüard) ont produit séparément leur vin jusqu’à la dernière guerre.

 

AD : Archives Départementales (24 : Dordogne, 33 : Gironde, 87 : Haute-Vienne)

 

 

Davos du Vin Ajoutée le 25 oct. 2012 S'ABONNER 145 SUBSCRIBE SUBSCRIBED UNSUBSCRIBE Inauguration avec bénédiction du Cardinal jean-Pierre Ricard du Carillon qui domine maintenant le Château Angelus, premier grand cru classé "A" en AOC St-Emilion. Le 24 octobre 2012

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commentaires

L
Suite à la communication d'un nouveau document qui m'a été faite après l'envoi de l'article, une correction serait à faire sur le nom du vendeur du clos de l'Angélus à Elisabeth de Boüard. La vente a bien été réalisée en 1922 (3/4 juillet), mais par la Société des frères BERNHEIM (Paris). La famille Gurchy lui avait vendu le domaine quelques mois plus tôt. Cela ne change rien à l'entrée de l'Angélus chez les de Boüard, mais exactitude et vérité obligent
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