Avec Isabelle nous avons fait, discrètement, à plusieurs reprises, cause commune, sous l’œil bienveillant de son Bruno de mari, c’est une amie, une belle personne pour qui j’ai beaucoup d’estime.
Ce qu’elle dit, ce que nous avons partagé, ce qu’elle écrit aujourd’hui sur son blog lisez-le avec attention, empathie… Elle sait de quoi elle parle… Elle est légitime…
Non, non Isabelle tout le monde ne s’en fout pas mais je suis en plein accord avec toi, oui « … les réseaux sociaux, vous m’emmerdez. Parce que je sais que vous monterez en puissance pendant quelques semaines et que tout cela retombera aux oubliettes. Qu’elles seront toujours bien seules quand elles auront le courage d’aller déposer plainte et qu’elles seront toujours bien seules devant les juges et les jugements de tous.
Après le jugement même. »
Quand je lis ce que je lis sous certaines plumes mâles j’ai envie de crier : « fermez-donc vos grandes gueules ! Ne profitez pas de l’occasion pour vous faire les ardents défenseurs d’une cause qui vous a toujours été étrangère…»
Voilà Isabelle c’est à toi :
« J’ai toujours montré mon soutien et pris parti sur des affaires de viol et agressions sexuelles. Parce qu’il faut que la honte change de camp et que la parole se libère.
Pourtant, depuis quelques jours, je me sens mal à l’aise.
Suite au déferlement de #balancetonporc sur les réseaux sociaux.
J’ai peur qu’on mélange tout: viols, agressions sexuelles, harcèlement de rue, drague lourdingue, drague tout court.
J’ai peur qu’on banalise par la parole quelque chose qu’on a banalisé depuis des décennies par le silence.
J’aurais pu, moi aussi, balancer mes porcs. Les porcs. Des porcs.
Je n’y arrive pas.
Parce que le porc n’agit pas à la vue de tous bien souvent. Et que ce sera sa parole contre celle de la victime. Quand viendra le moment de prouver que celle ci n’était pas consentante alors que lui affirmera qu’elle l’était. Parce qu’on va vouloir mettre la confusion entre ce qui était une agression violente dominatrice et un acte sexuel. Parce qu’on peut éventuellement parler quand il s’agit d’une agression, mais qu’on propose de se taire quand on nous fait croire qu’il s’agit de sexe.
Et puis parce que je ne sais pas comment raconter en quelques mots sur twitter une histoire qui bouleverse la vie.
Alors je ne vais rien raconter.
Parce qu’elle l’a déjà raconté des dizaines de fois et que ça s’est terminé en une crise de nerf effroyable. Toujours.
et qu’il faudra, à chaque fois, des jours, voire des semaines, pour que les corps cicatrisent les mots.
Parce qu’il y a le viol, le calvaire d’un instant de vie. Et puis toute la vie après le viol.
Il y a les mots qui faut mettre sur des maux insupportables.
Il y a la culpabilité.
Le traumatisme.
Il y a la vie.
Le déni. Dont il faut sortir.
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