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25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 06:00
2004-2017 : Catherine Bernard « Dans les Vignes » Chroniques d’une reconversion, j’ose l’écrire, réussie…

La reconversion dans les vignes c’est très tendance, même qu’Ophélie Neiman donne dans le Monde le mode d’emploi en prenant en exemples Marthe Henry, qui « a 27 ans quand elle décide, en 2013, d’abandonner sa vie de journaliste parisienne pour la vigne en Bourgogne. Elle entame en alternance un brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole. » et Fabrice Le Glatin qui « a choisi une reconversion en douceur. En parallèle de son BTS par correspondance, il exerce toujours son emploi de professeur d’anglais. »

 

Tendance certes, mais Marthe Henry fait tomber les fantasmes : le travail est dur. « Physiquement, c’est terrible, j’ai changé de morphologie. Et on passe les trois quarts de son temps à la vigne, or, en Bourgogne, le temps est pourri. Parfois, il faut avoir le moral bien accroché ! »

 

Se reconvertir en vigneron, mode d’emploi

 

Votre serviteur, au long court de sa longue vie a eu la chance de croiser une reconvertie : Catherine Bernard qui, née dans un coin de vaches laitières et de ciel gris, vivais depuis 1999 sous un ciel d’azur et dans un océan de vignes, en Languedoc, près de Montpellier.

 

Nous nous sommes connus en 2001, sur la place de la Comédie, à Montpellier, à la terrasse d’un café où elle m’a « torturé » pendant des heures pour me tirer les vers du nez à propos de mon fichu rapport.

 

Montpellier alors sous la férule du Senator-Mayor Georges Frèche, qui avait chamboulé la ville endormie, Catherine y était arrivée comme journaliste, correspondante de La Tribune de l’Economie et Libération, après un long séjour dans les rédactions de la capitale, ce qui lui valait dans le Midi l’indélébile étiquette de « Parisienne ».

 

En 2004, virage à 180°, sans filet :

 

« À 40 ans, j’ai passé un BPA de viticulture-œnologie. Je cultive depuis 3,60 hectares de vignes et je fais du vin, 5136 bouteilles précisément cette année. »

 

Le 19 avril 2006, je pondais une chronique : Vin de vigneronne.

 

« Hier, j'ai gravi avec humilité la montagne Ste Geneviève. Rassurez-vous, en dépit du renouveau des chemins de croix, ce n'était pas un Golgotha après l'heure. Tout au contraire, juché sur mon grand destrier noir, je contournais le Panthéon pour me rendre 2 rue de l'Ecole Polytechnique afin d'y déjeuner au bistrot Les Pipos ; un troquet qui serait bien trop p’tit pour accueillir en congrès nos joueurs de pipos mais qu'a une grande et belle ardoise de vins.

 

C'est le nouveau-né de Catherine, le 2005, son premier, que je suis allé découvrir sur les hauteurs de Lutèce.

 

Elle a bien tourné notre Catherine puisque la voilà aujourd'hui vigneronne à Castelnau-le-Lez dans l'Hérault. Elle a remis son sarrau, la théorie et la pratique, et c'est la bouteille de son premier vin qu'on posait sur la nappe à carreaux rouge et blanc.

 

 Du côté habillage c'est à son image, sans fanfreluches, une étiquette qui annonce sa bannière : COTEAUX DU LANGUEDOC avec en-dessous Appellation Coteaux du Languedoc Contrôlé et encore au-dessous, en discret, Catherine Bernard. 

 

J'suis un peu ému, trouver mes mots. Pas de cinéma, je goûte ! Bon faut que je me lance : j'aime ! J’aime beaucoup ! Un vin rieur, d'un grand rire franc, qui vous donne plaisir, il a un petit air de chez nous Catherine, la patte de la vigneronne, de la belle ouvrage, fine et aérienne, la touche de légèreté qui vous réanime la tête.

 

Désolé les puristes, je n’ai pas le vocabulaire ad hoc, j’suis qu'un faiseur de rapport qu'aime le vin, le bon. Bravo et chapeau Catherine la vigneronne, on te pardonne d'avoir abandonné ta plume pour la pipette, passer des mots aux actes : un difficile mais beau chemin.

 

Je ne suis pas le seul à aimer, les clients sont sur la même longueur d'ondes me dit la serveuse. Moi je repars avec ma bouteille rebouchée sous le bras afin d'éviter un contrôle positif par les uniformes forts nombreux en ces temps dans le périmètre de la Sorbonne. Le plus grand plaisir c'est de faire durer le plaisir. »

 

Depuis de l’eau a coulé sous les ponts de la Seine et la semaine passée notre Catherine, avec son agent, a fait la tournée des « grands ducs » à Paris et ses dépendances.

 

Nous avons, à déjeuner, cassé une petite graine à ma cantine chez Giovanni Passerini. Catherine m’a dit  « vous ne trouvez pas qu'on est vraiment vieux jeu à se vouvoyer depuis le temps, et pourtant je ne sais même pas si j'arriverais maintenant à vous dire tu tu tu). Topez-là maintenant on se tutoie !

 

 

Mais revenons à sa reconversion qu’elle a traduit dans un livre «Dans les Vignes» Chroniques d’une reconversion, où elle nous parle sans fard de la taille :

 

« C’est au cours des mois d’hiver que l’on entre en intimité avec la vigne. La taille est le premier geste de la saison et le tout premier geste vigneron  au sens où c’est une promesse de ce qui est à venir, un arbitrage entre la récolte qui se prépare et la pérennité de la souche, un geste singulier dans un ensemble d’autres gestes, un tête à tête qui devient un face à soi, et pour moi cet hiver-là, une première approche de la solitude. Jamais, avant ce mois de février, je n’avais éprouvé le sentiment de solitude. Jamais, je crois, je n’avais éprouvé un tel dénuement.

 

Quand je suis remontée dans la voiture, j’ai mis le chauffage et la musique à fond. C’est à ce moment-là que j’ai su que, toute la journée, des pensées avaient défilées dans ma tête, comme les nuages poussés par le vent du nord. Maintenant, elles pouvaient s’accrocher. Elles étaient claires. Je dis souvent : quand je rentre des vignes, je pense droit, comme si les vignes avaient la vertu ou le secret de me remettre la tête sur les épaules. Une nuit j’ai rêvé que j’étais un cep, enraciné dans la terre, le feuillage abandonné au gré du vent. »

 

« Après ma première journée de taille, j’avais les joues en feu. Sur la voie en face, les gens rentraient à la queue leu leu de leur bureau en ville dans leur pavillon à la campagne. Je faisais le chemin inverse. C’est la tombée de la nuit qui a sonné la fin de ma journée de travail, en même temps que mon entrée dans la force des choses.

 

Le lendemain matin, je me suis réveillé les doigts gourds, les articulations saillantes. Il en a été ainsi, de pire en pire, au fil de la saison. L’année suivante, je ne pouvais déplier les doigts au matin. Je me suis fait opérer d’un tendon à l’auxiliaire de la main droite et je me suis équipée d’un sécateur électrique, comme tout le monde. »

 

Avec Catherine, comme nous sommes mauvaises langues, et que nous avons côtoyé les grands chefs de la vigne du Midi qui passaient plus de temps à Paris que dans leurs vignes, nous aimions énumérer leurs formules magiques comme celle-ci « c’est un projet exemplaire monsieur le Ministre… » qui, traduit dans leur langage signifiait « subventions, subventions, subventions » Ces projets ont pratiquement tous pris le bouillon.

 

Conclusion : n’est exemplaire que ce qui a réussi, la reconversion y compris.

 

Je trouve étonnant que les journalistes n’aillent jamais faire leur job dans les vignes de celles et ceux qui ont réussi leur reconversion.

 

Catherine va se marrer… elle qui fut une vraie journaliste…

2004-2017 : Catherine Bernard « Dans les Vignes » Chroniques d’une reconversion, j’ose l’écrire, réussie…
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commentaires

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J'habite à Versailles
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J
Ici-même  <br /> <br /> Cave à vins<br /> Adresse : 68 Rue de Charenton, 75012 Paris<br /> Horaires : Ouvert aujourd'hui · 10:30–22:30<br /> Téléphone : 01 43 40 00 99
X
Où pourrais-je trouver les vins de Catherine Bernard ?<br /> Merci d'avance
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X
Où PUIS-JE TROUVER CE VIN ?<br /> merci d'avance et merci pour vos chroniques
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J
soit en direct chez elle ou chez un caviste mais je ne sais où vous habitez.

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