Pour sûr que je ne vais pas me faire beaucoup d’amis en relayant cette charge, bien argumentée, pas forcément conforme à mon analyse, contre le Périco qui dispose d’une large cour, une vaste basse-cour l'encensant, dans le milieu très épais des qui gueulent par principe, des va-de-la gueule blablateurs, des nonistes, des insoumis de salon, tous ceux qui sur la base des dégâts causés par la mondialisation, s’en tiennent à des y’a ka et des faut qu’on.
Il est le gros trait d’union qui unit les deux bords du marigot politique, il fait du bruit, il tonitrue, fait beaucoup de bruit, profite de la vacuité de ses collègues « critiques » pour occuper les médias. Il est le représentant le plus caricatural de notre temps superficiel, sans profondeur, celui qui ouvre en grand la porte aux démagogues de tout poil, de toute obédience.
Marianne subclaquant, en fait des tonnes jusque parfois à se prendre les pieds dans le tapis lorsque la feuille de choux tape sur Macron à bras raccourcis en soutenant la première ministre polonaise, une progressiste bien connue.
Alors, je fais mon Périco, je lui pose l’étiquette de « torchon de la République »
Revenons à la bouffe, la malbouffe, l’ancien territoire du tonitruant Jean-Pierre Coffe, ça m’attriste de voir dévoyés des analyses et des constats pertinents sur notre agriculture et notre alimentation, que je partage, pour en faire de la bouillie pour les chats. Rien n’est pire qu’un avocat flambard, ramenard, dont la plaidoirie aboutit à plomber son client. La FNSEA de madame Lambert adore ce genre de bavard, ça la renforce dans son lobbying auprès de ce pauvre Travert, qui se prend pour le Ministre de l’Agriculture.
Les forts en gueules, comme Périco, qui en sera bien sûr, où n’est-il pas, braieront aux Assises de l’Alimentation pilotées par la fine fleur de l’agro-alimentaire, de la distribution et, bien sûr, de l’Administration. Ils nous diront haut et fort qu’ils n’ont pas été entendu, sauf que ce n’est pas avec leur boîte à outils que l’on fera virer de bord les pratiques des agriculteurs et que l’on dénouera les liens tissés avec les IAA et la GD par des décennies de perte de valeur de la production agricole.
On ne repasse pas du minerai au produit fini contrôlé par les paysans en poussant des coups de gueule !
Le cambouis du faire n’attire guère les démagogues de toute obédience qui vivent de leur petit fonds de commerce. Se retrousser les manches, mettre les mains à la pâte, ce n’est pas de leur compétence, c’est celle des autres.
C’est écrit, j’ai pratiqué le Périco, il m’a même invité à un grand raout du Marianne d’avant, à Poitiers, aux frais de Ségolène, pour débattre sur «L’Europe favorise-t-elle le goût» ICI
Il m’a donné du maître, toujours l’excès, mais ma seule certitude c’est que ce n’est pas en ne pointant du doigt des boucs émissaires que l’on fait bouger un pays, un secteur, les femmes et les hommes qui font, qui sont souvent dans des situations inextricables. Pester contre le système, le combattre, en s’exonérant de sa part de responsabilités, est si facile : nous sommes le système.
Je suis le premier à reconnaître que notre approche de l’agriculture, de l’agro-alimentaire doit radicalement changer mais ce n’est pas, en tant citoyen-consommateur, en faisant porter la responsabilité de l’état actuel sur les autres que nous ferons changer les choses.
Le nouveau président de la République ne l’a, lui aussi, pas compris en nous ressortant les vieilles recettes des Assises de l’Alimentation.
Je le regrette mais je n’y peux rien, comme à la SNCF je termine mon trajet immobile sur une voie de garage d’une gare de triage.
Pour que tout soit bien clair, je ne souscris pas forcément aux analyses de Pierre-Antoine Delhommais mais il me semble salubre de faire entendre certains arguments, de permettre d’engager un vrai débat sur la qualité de notre alimentation.
C’est disant n’importe quoi qu’on devient n’importe qui…
Pierre-Antoine Delhommais - Le gastronome qui ne savait pas compter
Pour le critique gastronomique Périco Légasse, prompt à dénoncer la malbouffe, les Français ne dépensent pas assez pour se nourrir. C'est faux.
Depuis la disparition du truculent Jean-Pierre Coffe, le critique gastronomique Périco Légasse, icône de la dénonciation outrée et tonitruante de la malbouffe, se trouve en situation de quasi-monopole médiatique. Sur France Inter, il n'a pas mâché ses mots pour commenter la fraude autour des œufs contaminés au fipronil, conséquence directe et évidente, à ses yeux, du « libre-échange à tout-va » et de la « financiarisation de l'alimentation de masse ». Qu'il soit tout de même permis de rappeler que les scandales alimentaires ne datent pas de cette mondialisation libérale qui semble donner à M. Légasse autant de haut-le-cœur que les pizzas surgelées. Citons le pain aux os moulus et aux cailloux en poudre fabriqué par les boulangers du Moyen Âge, ou encore les bonbons colorés aux pigments de plomb et d'arsenic vendus au début du XIXe siècle par des confiseurs parisiens, qui tuèrent des centaines d'enfants. « La malbouffe, a ajouté le nouveau porte-parole des Indignés culinaires, c'est le premier des fléaux internationaux. On a un problème économique d'emploi, on a un problème de sécurité et de terrorisme, et un troisième, qui concerne tous les citoyens du monde, surtout ceux du monde développé, en particulier les Français, c'est la malbouffe. La malbouffe, elle ne tue pas d'une rafale dans la rue ou d'une bombe qui explose, elle tue sournoisement par des maladies épouvantables. » Les familles des victimes du Bataclan apprécieront la comparaison.
M. Légasse, décidément très en verve ce matin-là, s'est par ailleurs dit révolté par les économies que les Français réalisent sur leur budget alimentaire : « Il était de 22-23 % dans les années 1970 et il tombe aujourd'hui, dans certains milieux sociaux, jusqu'à 5 %. [...] Il n'y a rien de plus urgent que de consacrer le plus d'argent possible à notre alimentation. »
“ Selon l'Insee, les dépenses alimentaires des Français ont fortement augmenté, en volume et de façon continue, depuis cinquante ans. „
M. Légasse est à l'évidence plus doué pour la dégustation de confit de canard que pour les raisonnements économiques. Le fait que la part du budget alimentation dans le budget total des ménages ait considérablement diminué au cours des dernières décennies (34,6 % en 1960, 23,4 % en 1980, 20,4 % en 2014) ne signifie pas que les dépenses alimentaires ont baissé, mais que le poste alimentation a progressé moins vite que les autres postes de consommation. De fait, selon l'Insee, les dépenses alimentaires des Français ont fortement augmenté, en volume et de façon continue, depuis cinquante ans, à un rythme annuel moyen de 1,1 %. Pour atteindre, en 2014, 232 milliards d'euros, soit 3 600 euros par habitant (contre moins de 2 000 euros en 1960, en euros constants).
La poursuite de cette hausse paraît d'autant plus remarquable que les Français, d'une part, dépensent déjà nettement plus pour leur alimentation (+ 16 %) que la moyenne des autres pays européens. Et que, d'autre part, comme le soulignent les économistes de l'Insee, les « besoins en nourriture et en boissons sont naturellement limités. Le fait que les dépenses alimentaires continuent de croître s'explique aujourd'hui pour l'essentiel par des phénomènes de transfert en faveur de produits de meilleure qualité, de plus en plus élaborés et diversifiés (essor des dépenses de produits surgelés et autres plats préparés), au détriment de produits bruts, nécessitant plus de temps de préparation. » Des explications de nature à faire avaler son cassoulet de travers à Périco Légasse. Pour l'Insee, la « diminution de la part alimentaire en France depuis cinquante ans dans la dépense de consommation de l'ensemble des ménages est le reflet de la hausse de leur pouvoir d'achat ». Et non d'un complot ourdi par une grande distribution et une agro-industrie affamées de profits pour empoisonner les Français avec des produits toujours moins chers et de moins bonne qualité.
Progrès social
M. Légasse devrait consacrer le peu de temps que lui laissent ses colères radiotélévisées pour lire les travaux d'Ernst Engel, cet économiste allemand du XIXe siècle qui a mis en évidence la loi, jamais démentie depuis, selon laquelle la part du budget allouée aux dépenses d'alimentation diminue quand les revenus augmentent. La fréquentation des chefs étoilés fait visiblement perdre de vue les préoccupations alimentaires des classes populaires, pour lesquelles le fait de consacrer une part toujours plus faible de leurs salaires à la nourriture a constitué, au XXe siècle, et constitue, de nos jours encore, un extraordinaire progrès social. Cela leur permet notamment de dégager des marges financières pour les loisirs, les vacances, l'aménagement de la maison, l'éducation des enfants ou la santé. À la fin du XIXe siècle, le poste alimentation représentait près de 90 % du budget d'une famille d'ouvriers. En 1960, il frôlait encore 50 %, pour tomber à moins de 20 % aujourd'hui.
Sur France Inter, M. Légasse s'est lamenté du fait que « le budget alimentaire, dans certains milieux sociaux, tombe jusqu'à 5 % ». On ne sait pas dans quelle arrière-cuisine le critique gastronomique est allé chercher cet extravagant pourcentage, mais, ce qui est sûr, c'est que seuls les ultrariches qu'il a la chance de croiser dans les très grands restaurants, et dont l'estomac n'a pas la taille de leurs salaires et de leurs patrimoines, peuvent se permettre de consacrer une part aussi faible de leurs revenus à l'alimentation. Certainement pas les 8 millions de Français qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, ni les 20 millions de Français qui ont du mal à boucler leurs fins de mois et à qui il est tout de même quelque peu déplacé, pour ne pas dire indécent, d'expliquer, comme le fait M. Légasse, qu'« il n'y a rien de plus urgent que de consacrer le plus d'argent possible à notre alimentation ». Des propos qui rappellent désagréablement ceux de Marie-Antoinette exhortant les Français à manger de la brioche.
Publié le 19/09/17 à 06h21 | Source Le Point