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26 septembre 2017 2 26 /09 /septembre /2017 06:00
En Corse du vin partout ou presque au XVIIIe-XIXe siècle mais que valait-il ?

Philippe Pesteil, anthropologue à l’Université de Corse Pasquale Paoli à Corte, dresse un tableau des productions alimentaires de l’île entre 1769 et 1852 d’où il ressort que la majorité de la population est tempérante en ce qui concerne l’alimentation et majoritairement sobre.

 

« Les Corses mènent une vie frugale et se contentent des plus simples productions de leur pays, sans user de raffinement pour en assaisonner le goût. Les bergers mangent souvent, dans leur repas, de la viande que leur troupeau leur fournit et la mangent à moitié cuite comme les anglais. Il y a des paysans qui pendant trois mois d’hiver n’usent que de pain de châtaigne en certains endroits, ou de pain d’orge en d’autres pays. Leur pauvreté et leur paresse les ont préservés de l‘intempérance et les ont accoutumés à vivre de peu… »

 

L’abbé de Guermanes Histoire des révolutions de Corse depuis ses premiers habitants jusqu’à nos jours, 1771

 

« … l’embonpoint est rare dans les deux sexes ce qui est moins l’effet  du climat que de leur sobriété naturelle »

Arrighi

 

« Nul ne travaille, en Corse, au-delà du temps nécessaire pour gagner sa nourriture du mois ou de l’année, et comme cette nourriture est très simple, la sobriété des habitants vient en aide à leur oisiveté. Aucune tentation ne les excite à consommer des produits qu’ils ne connaissent point, et par conséquent à travailler pour les acquérir. »

Blanqui

 

« Leur frugalité leur permet de vivre à peu de frais. Je connais tel paysan qui vit du lait de son troupeau et des fruits de deux ou trois châtaigniers qui sont une richesse de l’île. Des châtaignes ils font du pain, le pollento, et s’ils joignent à cela un fusil, un manteau grossier et un petit cheval, ils passent à l’état de grands seigneurs. C’est un peuple d’aristocrates en vestes rondes et en guêtres. On ne trouve plus, sous ce climat béni, le caractère énergique de nos paysans, qui passent leurs journées courbées sur la bêche et sur la charrue. Les Corses abandonnent à des manœuvres étrangers les soins de la culture et de la récolte. Ceux d’entre eux qui travaillent en prennent à leur aise. Ils ne rêvent point, comme nos cultivateurs, de moissons chargées de grains, ni de ceps couronnés de raisins. Leur rêve à eux, c’est d’être fonctionnaires, d’être employés par le gouvernement… »

Charles Raynaud, 1848

 

« Le vin est souvent coupé d’eau et l’ivresse est rare par temps ordinaire. »

 

« Ils boivent du vin avec une modération qui n’est peut-être pas connue d’aucun autre peuple. C’est une chose extraordinaire en Corse que d’y voir un homme dans l’ivresse. »

Guermanes

 

Et pourtant, il y avait du vin partout ou presque…

 

« Si la vigne existe naturellement à l’état sauvage en Corse à l’instar de nombre autres régions du  globe, il faut sans doute attendre la présence Grecque et la fondation de leur comptoir d’Alalia en 565, pour la voir devenir plante cultivée. Elle va connaître avec Rome une large propagation sur le littoral  et le long des vallées fluviales ainsi que des techniques de mise en culture et de vinification. On ne sait quelle réputation avait ce vin mais à en croire Martial il ne passait pas pour le meilleur cru. »

 

« À la fin du XVIIIe siècle après la conquête française, l’île est couverte, selon les données du Terrier, de 9.743 hectares de vigne soit 3,82% du territoire. La Haute Corse représente l’essentiel des terres, soit 7.596 hectares. »

 

Cette surface restera constante jusqu’à l’assainissement de la Plaine orientale qui permettra de monter les surfaces à 20 000 ha.

 

« Le niellucciu et le vermentinu (autrefois surtout raisin de table bon à sécher) qui apparaissent aujourd’hui comme les piliers de la revalorisation des vieux cépages étaient des cultivars parmi  d’autres  au XVIIIe siècle. »

 

« Selon l’abbé de Lemps « la vigne est presque le seul objet auquel les Corses donnent quelques soins : aussi leur fournit-elle en échange un vin délicieux. Celui d’Ajaccio et du Cap Corse, surtout jouissent, dans le pays, d’une juste renommée »

 

« le sévère La Vallée n’est pas de cet avis quelques années plus tôt il dresse pour la vigne aussi un tableau désolant : « … ici elles rampent sans honneur sur la terre ; et cependant leurs raisin, qui sont déjà mûrs au commencement de thermidor, fourniroient un nectar délicieux, si les Corses prenoient la peine et connaissoient l’art de les élaborer. Ce sont sur-tout les vignes de Mariano, du Cap et de Campo-Loro qui produiroient des vins supérieurs en délicatesse à tous ceux de l’Europe. »

 

« … le vin serait excellent « s’ils travaillaient la vigne d’une manière intelligente et soigneuse, s’ils ne noyaient pas leur vin avec de l’eau en le faisant, s’ils le faisaient dans de bonnes cuves au lieu de le presser, à la vigne même, dans des carrés de maçonnerie qui restent découverts toute l’année, et d’où, sans le laisser cuver, ils le transportent, avec des outres très sales et très puantes,  dans le tonneaux à leurs maisons. »

 

 

« Contrairement à la situation actuelle où il existe des régions spécialisées dans cette culture, au début du XIXe, chaque village essaie d’avoir sa propre production ; on trouve des vignes dans les villages de l’intérieur comme Sant’Andria di Bozio, Alzi, Cambia ou Castirla qui compte 12 vignes et Bocognano, même si la qualité n’est pas au rendez-vous, si elles reconnaissent que leur territoire est mal adapté à cette culture et que le rapport n’est pas abondant. »

 

(carte postale ancienne): Jadis les vignes venaient embrasser la mer...
 

En Corse du vin partout ou presque au XVIIIe-XIXe siècle mais que valait-il ?
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commentaires

I
Merci pour la tenue de votre blog qui est une véritable mine de renseignements pour les passionnés d'histoire et les amoureux de des vins et vignobles insulaires ! Toujours très agréable à lire il nous permet de mieux connaitre notre histoire ! Merci encore !
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