J’ai dévoré le roman d’Olivier Guez La disparition de Josef Mengele chez Grasset en un après-midi.
« Mengele est infatigable dans l’exercice de ses fonctions. Il passe des heures entières tantôt plongé dans le travail, tantôt debout une demi-journée devant la rampe juive où arrivent déjà quatre ou cinq trains par jour chargés de déportés de Hongrie… Son bras s’élance invariablement dans la même direction : à gauche. Des trains entiers sont envoyés aux chambres à gaz et aux bûchers… Il considère l’expédition de centaines de milliers de juifs à la chambre à gaz comme un devoir patriotique. »
Signé : Miklós Nyiszli, médecin légiste hongrois membre des Sonderkommandos (ceux étaient condamnés à recueillir les cheveux et à arracher l’or des cadavres gazés avant de les jeter dans les fours) fut « le scalpel de Mengele ». Il a consigné l’inimaginable et l’effroyable dans Médecin à Auschwitz parut en France en 1961.
« Un jour descendent d’un convoi un père bossu et son fils boiteux, deux juifs du ghetto de Lódz. Quand il les aperçoit sur la rampe, Mengele les fait immédiatement sortir du rang et les envoie au crématorium numéro un se faire examiner par Nyiszli. Le médecin hongrois prend leurs mensurations et leur offre du sauté de bœuf aux macaronis, « la dernière scène », écrit-il. Des SS les emmènent et les tuent à bout portant sur ordre de Mengele. Les cadavres sont ramenés à Nyiszli qui, « totalement écœuré », confie leur dissection à des confrères. »
S’ensuit un débat sur « quels sont les meilleurs systèmes pour nettoyer parfaitement des squelettes ? » car Mengele désire que les squelettes soient expédiés à Berlin au Musée anthropologique.
Mengele décide d’utiliser le procédé le plus rapide : la cuisson.
« On prépare les foyers. Des barriques de fer sont mises sur le feu et dans des chaudrons mijotent les cadavres du bossu et du boiteux, le père et le fils, ces juifs modestes de Lódz.
« Au bout de cinq heures, écrit Nyiszli, je me suis rendu compte que les parties molles se séparent facilement des os. Je fais donc arrêter le feu mais les barriques doivent rester sur place jusqu’à ce qu’elles refroidissent. »
« Ce jour-là, le crématorium ne fonctionne pas. Des prisonniers maçons réparent ses cheminées. Un des assistants de Nyiszli vient le trouver, paniqué : « Docteur, les Polonais sont en train de manger la viande des barriques. » J’y cours vite. Quatre prisonniers étrangers, revêtus de la bure rayée, sont debout, autour des barriques, frappés de stupeur… Affamés comme ils l’étaient, ils cherchaient quelque nourriture dans la cour et c’est ainsi qu’ils se sont approchés par hasard des barriques, pour quelques instants sans surveillance. Ils croyaient que c’était de la viande pour le Sonderkommando qui était en train de cuire… Les Polonais étaient presque paralysés de frayeur en apprenant de quelle chair ils avaient mangés. »
1949 : Josef Mengele arrive en Argentine.
« Caché derrière divers pseudonymes, l’ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s’inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L’Argentine de Peron est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et le médecin SS doit s’enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance de planque en planque, déguisé et rongé par l’angoisse, ne connaîtra plus de répit… jusqu’à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979.
Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet, trente ans durant ?
La Disparition de Josef Mengele est une plongée inouïe au cœur des ténèbres. Anciens nazis, agents du Mossad, femmes cupides et dictateurs d’opérette évoluent dans un monde corrompu par le fanatisme, la realpolitik, l’argent et l’ambition. Voici l’odyssée dantesque de Josef Mengele en Amérique du Sud. Le roman-vrai de sa cavale après-guerre. »
Ainsi, la famille […] qui a su garder un silence total depuis la mort de Josef Mengele en 1979, devient brusquement très bavarde. Son fils lui a rendu visite plusieurs fois. M. Hans Sedlmeier, fondé de pouvoir de la firme Mengele (prospère société de matériel agricole installée à Günzburg, en Bavière : la Mengele Agrartechnik)) faisait la liaison et lui apportait régulièrement des fonds qu’il prétend aujourd’hui avoir toujours été très modestes puisque ces sommes allaient de 300 à 500 DM [deutsche mark, la monnaie allemande jusqu’à la fin de 2001].
« L’entreprise Mengele Agrartechnik a périclité après les révélations de juin 1985. Elle ne comptait plus que 650 salariés en 1991 contre le double 6 ans plus tôt. Elle a été vendue cette année-là. La marque a définitivement disparue en 2011. »
Lely acquiert le constructeur allemand Mengele. Il fabrique des remorques autochargeuses, des ensileuses traînées et des épandeurs à fumier.
A compter du 1er juin 2010, Lely acquiert 100 % des parts de Mengele.
L'entreprise hollandaise possédait déjà des parts du constructeur allemand depuis mai 2009. Cela s'était concrétisé par la commercialisation des remorques autochargeuses Lely Tigo.
Mengele continuera à fabriquer ces machines ainsi que des ensileuses traînées et des épandeurs à fumier dans son usine de Waldstetten. Elle emploie 68 personnes.
Après avoir acheté Welger, Lely s'offre un second constructeur allemand. La renommée de Mengele est forte outre-Rhin. Grâce à cette opération, l'entreprise batave conforte sa position sur ce marché important. Lely ne prévoit pas de commercialiser en France les ensileuses et les épandeurs Mengele pour le moment.
Mengele Danse Macabre, Hoch-Altar, 1986. « In Basel... est une œuvre extraordinaire qui a largement occupé les dernières années de l’artiste. Cette œuvre est née à partir d’un événement, l’incendie de la ferme voisine de sa maison, qui a laissé sur Tinguely une impression si forte et marquante, qu’on peut se demander dans quelle mesure il ne s’agit pas d’une reviviscence de traumatismes précoces. Ecoutons le récit qu’il en fait, qui est un magnifique témoignage sur le fonctionnement du processus créateur.
« Ce phénomène de carbonisation m’inspirait l’horreur, la chair des veaux aurait tout aussi bien pu être de la chair humaine (…) Toute la monstruosité des fours crématoires resurgissait de ces décombres. La couleur cendre de ces matériaux m’inspirait (…) Je travaillai avec acharnement pendant une semaine, chargeant les pièces les unes après les autres sur un camion de l’armée qui les transportait chez moi sous un toit à l’abri de la pluie. J’étais comme possédé, travaillant avec l’assurance d’un somnambule. J’allai même rechercher d’autres matériaux dans la fosse qui fut creusée après. Le dernier vestige fut une grosse machine à ramasser le maïs sur laquelle était encore inscrit deux fois le nom « Mengele », le même que celui de la famille de ce fameux médecin nazi. L’idée était là, dans cette machine si monstrueuse d’aspect ».