(19) « Pas de témoins, pas vu, pas pris, prévenez vos collègues du 13e et ceux de la BRB, je pense que notre ami Arkan est derrière ce joyeux gymkhana… »
Au retour de la rue des Saussaies nous avons décidé de faire une pause, Arkan localisé, Agrippine entravée mais sans savoir si elle avait été enlevée ou simplement mis au frais, il ne nous restait plus qu’à attendre la réaction d’Aadvark lorsqu’il apprendrait que sa douce avait disparu et, bien sûr, celle du Serbe. Marie allait pousser plus avant sa collaboration avec le cabinet de Collomb afin de trouver une passerelle avec les stars de la BRB dont la susceptibilité est bien connue.
Dans l’après-midi, alors qu’Adelphine et Rosalie s’affairaient à transformer une des pièces de la rue Charles Floquet en centre opérationnel je décidai de reprendre langue, si je puis m’exprimer ainsi, avec mon éruptive banquière Lucette Durand. Au téléphone l’accueil fut polaire. Je ripostai en surjouant l’outragé « et comment se terminent les promenades nocturnes des toutous avec le beau Houellebecq ? Sans doute par de profonds échanges littéraires… » Un léger zéphyr souffla sur la banquise. J’enfonçai le clou « la confiance ça se mérite ma chère, je ne suis pas certain que si tu engages un bras de fer sur ce terrain-là ce sera à ton avantage ! » L’iceberg se fissurait, avec des petits sanglots dans la voix elle ânonnait des « je suis désolée, je suis désolée… »
Le dégel total intervint sur le pieu de Lucette, ce fut Ouragan sur le Caine. Par bonheur le régime cardio-muscu d’Adelphine me permit de tenir la distance. Elle était insatiable. Je pourrais, comme le font certains auteurs, pour pimenter ce récit, vous décrire par le menu notre corps à corps, nos extases et épectases. Si je m’abstiens c’est que : primo, ça n’apporte rien à l’action de savoir qu’à des préliminaires d’enfer a succédé un super 69 – les deux partenaires sont allongés tête-bêche, sur le côté ou l’un sur l’autre. La bouche de l’un est contre le sexe de l’autre, ils se prodiguent mutuellement fellation et cunnilingus –, secundo, que dans cette affaire je n’étais pas spectateur, vous relater notre fusion équivaudrait à demander à un curé comment le vin blanc doux de messe se transmue en sang du Christ, tertio, ce qui va suivre est bien plus excitant qu’une banale, même torride, partie de jambes en l’air.
Mes gonades essorées – oui, oui, vulgaire un jour vulgaire toujours, la vulgarité c’est comme le communisme on n’en guérit jamais – il me fallait injecter des sucres lents dans mon corps flapi. Paris au mois d’août c’est le désert de Gobi, le triomphe de la mal bouffe, toutes les bonnes crèmeries ont tirées le rideau de fer, alors où allions-nous aller ? À titre préventif j’écartai deux possibilités : les baguettes de Chinatown et la livraison Deliveroo at home, pour une bonne et unique raison : je ne voulais pas repasser les plats avec mon essoreuse de Lucette une fois ma force de frappe restaurée, je voulais dormir seul dans mon grand lit pour ronfler tout mon saoul.
À l’heure avancée qu’il était, seules les grandes brasseries pouvaient nous accueillir. Lucette, très En Marche, décréta qu’elle serait ravie d’aller en pèlerinage à la Rotonde. Je rappelle aux ignares que le dîner de victoire, de Macron, au premier tour de la Présidentielle à la Rotonde, fut considéré par la bonne presse comme son Fouquet’s.
« C’est le symbole de son ascension. Ça deviendra celui de sa victoire, s’il bat la candidate du Front national, Marine Le Pen, au second tour de la présidentielle, le 7 mai. C’est à La Rotonde, mythique brasserie du quartier Montparnasse, que le leader d’En marche !, Emmanuel Macron, a pris ses habitudes quand il était ce talentueux banquier bien décidé à conquérir Paris.
C’est là aussi qu’il réunissait le groupe d’économistes chargés d’élaborer le programme économique de François Hollande, en 2012. Là encore qu’il se fournit pour les déjeuners de travail organisés à son QG, depuis le début de sa campagne : « C’est la salade Rotonde ! Ça vous va ? », glisse-t-il à ses invités.
C’est dans cette brasserie autrefois fréquentée par Cocteau, Apollinaire et Hemingway, tenue par des générations d’Auvergnats, que M. Macron avait convié ses amis à prendre un verre, après l’annonce des résultats du premier tour, dont il est arrivé en tête, dimanche 23 avril. « On s’y retrouve quand vous serez sortis des plateaux télé », avait-il lancé à ses soutiens, en début de soirée. Un SMS de son staff est venu confirmer l’invitation. »
Lucette enfila une combinaison de latex noir, chaussa des baskets constellées de paillettes, après coup je m’en félicite. Nous descendîmes au parking où le petit bolide rouge nous attendait. Même si le trajet pour Montparnasse était très court je m’attendais à subir les joies d’un Warm-Up d’enfer. Comme l’avenue de Choisy est à sens unique nous rejoignîmes le boulevard Masséna afin d’enfiler l’avenue d’Ivry qui nous conduirait Place d’Italie. Lucette pilotait fluide, je desserrai les fesses. Peu de circulation sur cette avenue sinistre, Lucette jetait pourtant un regard, qui me parut angoissé, dans son rétroviseur.
Aux feux de Masséna le rouge était mis. Lucette pointa lentement le bout du nez de son petit bolide à l’orée du passage piétons – autrefois dit cloutés – derrière nous l’arc de phares puissants illuminaient notre habitacle. Accélération brutale alors que le feu était toujours au rouge, virage à gauche sur les chapeaux de roue, la petite Cooper crachait ses boyaux en enfilant le boulevard Masséna. Belle anticipation car, avec un temps de retard, un énorme 4X4 reprenait notre trace. « … des amis à toi Tarpon… ils ont la puissance… moi j’ai la ruse… » Elle ralentissait. Le monstre nous collait au cul jusqu’à lui donner des petites tapettes. Nous longions la ligne du tramway. Lucette accélérait. Nos poursuivants, tels des matous, revenaient vers nous sans effort puis nous laissaient du champ. Nous plongions à fond la caisse dans la descente vers la Seine.
« Accroches-toi ! »
Nous plongions à fond la caisse dans la descente vers la Seine, dérapage contrôlé, profitant du large passage coupant la ligne de tramway qui permettait d’accéder à la rue de Patay, Lucette venait d’effectuer un tête-à-queue impeccable. Nos poursuivants qui avaient pilé nous voyaient passer, sous leur nez, sur la voie remontant vers la porte d’Italie « … ce n’est qu’un amuse-gueule Tarpon… s’ils sont cons à la prochaine tentative ils mordront à l’hameçon… ça passe ou ça casse ! » Nos poursuivants avaient fait demi-tour et nous recollaient aux fesses. Lucette roulait, sur la voie de gauche, à tombeau ouvert. Nos poursuivants jouaient avec nous à cache-tampon en se positionnant à notre hauteur. Lucette exécutait à merveille sa partition décélération- accélération. Ils se lassèrent et reprirent position à notre cul.
À hauteur de l’avenue d’Ivry Lucette vira sec, à la limite de l’adhérence, pour s’engager à gauche toute sur la voie herbée du tramway. Le gros 4X4 opéra la même manœuvre sans problème. Nous étions secoués comme des pruniers. Je commençais à baliser car subodorant que Lucette mijotait un coup pourri. Elle ralentissait en de déportant insensiblement vers la droite, les bestiaux nous collaient pare-chocs contre pare-chocs, soudainement Lucette faisait barre à droite en accélérant, la petite caisse chassait, frôlait le poteau de la caténaire du tramway, puis contre-braquait en décélérant. Le fracas fut effroyable, le gros 4X4 emporté par sa force d’inertie venait de s’empaler sur le pilier. Contrairement à la jurisprudence des séries américaines le véhicule ne s’embrasa pas.
« Maintenant cap sur la Rotonde, les émotions ça creuse Tarpon ! »
J’appelai le 06 du joufflu de la sécurité intérieure. Il décrocha de suite. En quelques mots je lui relatais ce qui venait d’arriver. « Pas de témoins, pas vu, pas pris, prévenez vos collègues du 13e et ceux de la BRB, je pense que notre ami Arkan est derrière ce joyeux gymkhana… »
« Tant pis pour la Rotonde, réunion de crise rue Charles Floquet… »
(20) le journal d’une nonne de campagne by Adelphine Sarrazin opus 4 « Et si nous recrutions des hommes de mains sur le Bon Coin ? »
Rosa et moi regardions la télé lorsque Tarpon s’est pointé, excité comme une puce en manque de jaja, flanqué d’une petite nana manière Lucy Liu, O‑Ren Ishii, dans Kill Bill, le film culte de Quentin Tarantino, où une tueuse professionnelle, Uma Thurman : Beatrix Kiddo est agressée le jour de son mariage par son ancien chef, Bill, David Carradine, qui la laisse dans le coma. Quand elle se réveille, elle n'a qu'un mot en tête: vengeance.
« La vengeance est un plat qui se mange froid »
À propos de manger Tarpon me mobilisa de suite pour préparer une tortore roborative « J’ai une dalle de seigneur de la guerre ! »
« Les filles, je vous présente celle qui veille sur mon trésor de guerre et mes bijoux de famille : Lucette Durand »
Vulgaire un jour, vulgaire toujours, c’est l’ADN de Tarpon, un chouïa aussi le mien quand je me laisse aller.
Marie nous rejoignit dans les minutes qui suivirent. Nous réveillâmes Lulu qui dormait.
Tarpon choisit le vin, un rosé de Tavel, l’Anglore, pour accompagner mes Spaghetti All’arrabbiata.
Attablés, Tarpon fit le point de la situation avec une certaine emphase teintée d’une réelle admiration pour les talents de Lucette au volant. Il était clair qu’Agrippine, lors de sa rencontre, avec Arkan Jr, avait évoqué notre proposition, identique à celle de ses commanditaires, émanant d’un cabinet « Eugène Tarpon II conseil en affaires réservées ». Les sbires d’Arkan, les hommes au 4X4 empalé, avait sans doute pour mission de faire battre en retraite l’intrus en lui foutant les chocottes.
Le smartphone de Tarpon se manifestait. Il décrochait. Se contentait d’écouter. Raccrochait. C’était son contact de la sécurité intérieure.
« Le chauffeur est salement blessé, son passager a rejoint l’enfer en express… »
Effet boomerang, Arkan Jr n’allait pas apprécier la plaisanterie, nous allions déguster !
C’était moi qui commentais.
Tarpon réfléchissait tout haut « Il faudrait lui mettre un nouveau coup derrière la cafetière pour l’amener à réfléchir, à venir à Canossa… »
Marie, réaliste, soupirait « nous sommes comme le Pape, combien de divisions ? »
- Et si nous recrutions des hommes de mains sur le Bon Coin ?
Ça c’était Adelphine pour détendre l’atmosphère. « Qui veut des glaces ? » lançait-elle dans la foulée.
Tarpon maugréait au bout de la table qu’il occupait tel un patriarche.
Alors que je prenais commande des différents parfums la petite voix sucrée de Lucette Durand, qui jusqu’ici s’était tue, déclarait comme si c’était une évidence « moi j’ai ce qu’il vous faut sous la main… »
Tarpon sursauta « des yakusas ? »
- Bien sûr !
- Mobilisable rapidement ?
- De suite ?
- Oui, j’appelle de suite le boss des Yamaguchigumi de Paris qui est l’un de mes meilleurs clients
Les Yakuzas, comme tous les japonais, adorent la France, sa gastronomie, sa mode.
Au milieu des années 80, le marché des œuvres d’arts volées s’était considérablement développé au Japon. Non seulement les gens étaient riches et aimaient les artistes, mais, selon la loi nippone, il était presque impossible de remettre la main sur les objets volés.
Mais l’art n’est pas la seule chose qui intéresse les yakuzas en France. En avril 1992 à Paris, les autorités mirent fin aux activités d’une filière sophistiquée de blanchiment d’argent. En six ans, 75 millions de dollars en liquide avaient été clandestinement importés en France pour acheter des produits de luxe. Chaque jour, les gangsters envoyaient des étudiants japonais, voire chinois ou vietnamiens, faire les boutiques dans les beaux quartiers pour y acheter des sacs à main ou des vêtements de chez Hermès, Vuitton, Chanel et Lancel. Ces clients détenaient des liasses de billets de cinq cents francs que les Yakuzas avaient retirés dans des banques au Luxembourg ou en Suisse. Par l’intermédiaire d’une société écran, le gang exportait alors ces biens au Japon où il les revendait à faible perte, ce qui leur permettait de disposer d’une grande quantité d’argent « propre ». La police française saisit lors de l’arrestation de quatre japonais, pour 2,3 millions de dollars d’objets de luxe.
Aujourd’hui les yakuzas sont surtout présents en France par le biais de sociétés écrans. Il n’y a pas de gangs connus, la France reste relativement préservée de l’influence des Yakuzas.
(21) Le recadrage de ce soir, au 36 quai des Orfèvres, allait être encore plus pimenté pour les fines gueules de la haute hiérarchie policière.
Nous avions conclu le contrat dans la nuit. Lucette, garante de la transaction, assurerait les paiements, arrhes et solde, dans la plus grande discrétion, par des petites ponctions régulières sur mes comptes courants afin de ne pas attirer l’attention de sa hiérarchie.
Devais-je avertir la maison poulaga de mon action préventive ?
L’urgence ne me le permettait pas, les rouages administratifs, y compris ceux de la police, sont si tortueux et si lents que je risquais de perdre un temps précieux. La vitesse de ma réaction était un gage de ma puissance de feu. Les mandataires d’Arkan Jr ne seraient ébranlés que s’ils se sentaient en état d’infériorité.
Nous avions décidé d’enlever Arkan Jr en le cueillant dès qu’il serait en position de l’être. Ça ne saurait tarder car la tuile d’hier au soir devrait l’amener à contre-attaquer très vite. Si besoin était je servirais d’appeau sur mon frêle scooter électrique.
Nos alliés yakuzas l’avaient localisé dès le matin, il tenait un conseil de guerre à la Mouzaïa.
Ils ne nous restaient plus qu’à attendre. L’atmosphère, rue Charles Floquet, était à couper au couteau, nous chalutions dans un monde qui n’était pas le nôtre et nous n’en menions pas large. Pour calmer ses petits nerfs Rosa surfait sur le Net. Soudain, triomphalement elle s’écria :
« Parker-Parker&Parker, n’existe pas! J’ai fait toutes les recherches et je n’ai rien trouvé nulle part… »
Je ne pus m’empêcher de répondre « nous sommes vraiment des amateurs, c’était la première vérification que nous devions faire… »
Arkan Jr venait de quitter la Mouzaïa dans une Porsche Cayenne sans escorte. Ses suiveurs habituels le suivaient. Le reste de sa troupe, deux cross-over BMW, semblait se mettre en ordre de marche pour une opération. Consigne : notre troupe devait se replier fissa sur la place Fürstenberg, chez Marie, lieu sans doute encore inconnu de la bande d’Arkan Jr ; le siège de la rue Charles Floquet serait immédiatement sécurisée par les yakusas ; une chaîne de filoche de la Porsche Cayenne était en place avec une forte présomption qu’Arkan Jr aille rendre une petite visite à Agrippine.
Les yakusas nous convoyèrent dans des cross-over Nissan jusque chez Marie. Au cours du trajet celle-ci reçu un appel d’Aadvark qui lui annonçait son retour immédiat, la disparition de sa chère et tendre lui causait souci. Marie joua à merveille les étonnées. Avait-il averti la police ? Il lui répondait que non. Mais alors pourquoi cet affolement ? Elle est injoignable ! Était-elle coutumière de ce genre d’escapade ? Aadvark répondait que non. Que sans aucun doute sa disparition avait un rapport avec ces foutues propositions. Pourquoi ce pluriel ? Aadvark bafouillait, se reprenait pour dire qu’il était perturbé, qu’il souhaitait vivement rencontrer Marie pour l’aider à dénouer les fils d’une affaire qui le dépassait. C’est tout juste s’il ne fit dans le pauvre paysan de Fernand Raynaud. « … ça eu payé mais ça ne paye plus… »
Marie me dit « la poire est mûre, espérons qu’elle ne soit pas blette lorsque nous la réceptionnerons. »
Mon smartphone se manifestait lui aussi, un numéro masqué cherchait à me joindre, je me connectais « Tarpon… »
- Le directeur de la PJ de Paris !
- Mes respects monsieur le directeur…
- Vous me causez des soucis monsieur Tarpon…
- J’en suis désolé…
- Un recadrage de vos activités me semble le bienvenu dans les meilleurs délais.
- À votre disposition monsieur le directeur…
- Ce soir à 21 heures à mon bureau au 36 quai des Orfèvres.
- J’ai toujours rêvé de cette adresse mythique !
- Vous avez de la chance monsieur Tarpon nous allons déménager au 36 rue du Bastion dans le XVIIe.
- Puis-je me faire accompagner par Marie de Saint-Drézéry monsieur le directeur ?
- Comment pourrais-je refuser de recevoir une amie de monsieur le Ministre ?
- Je vous comprends…
- J’aurai moi aussi de la compagnie monsieur Tarpon.
Le chef de convoi des yakusas se tournait vers moi « le colis a été intercepté, sans casse, au péage de la A14 à Nanterre. Nous le plaçons en consigne… »
Le recadrage de ce soir, au 36 quai des Orfèvres, allait être encore plus pimenté pour les fines gueules de la haute hiérarchie policière.
Ça allait sûrement bouillir !
Nous allions devoir jouer serré mais que pouvait-on nous reprocher ? L’accident d’hier au soir ne pouvait nous être attribué, quant à l’enlèvement d’Arkan Jr il dépassait nos capacités. Ces messieurs allaient devoir nous donnez de vraies contreparties dans cette affaire pour que nous cessions de jouer les idiots utiles.
Les idiots utiles seraient partout. Il faut reconnaître que pour déstabiliser, voire humilier un adversaire, la formule est efficace. Personne n’aime se faire traiter d’idiot –même utile. Seul problème: la formule est souvent mal utilisée.
Excluons d’emblée l’application de cette qualification aux crapules, qui servent sans y croire une idéologie ou une cause dans leur propre intérêt –pour l’argent, la notoriété ou le pouvoir. Réservons le même sort aux cyniques. Car l’Idiot utile est sincère, il croit à la cause dont il se fait l’avocat; ainsi, André Gide qui défendait la révolution de 1917 au début des années 1930 pouvait être rangé dans cette catégorie jusqu’au Retour de l’URSS écrit en 1936, où il fait part de son désenchantement. De nombreux intellectuels occidentaux –Jean-Paul Sartre, qui ne voulait pas désespérer Billancourt, les «compagnons de route» du Parti communiste de Maurice Thorez qui vantaient les mérites de la «Patrie des travailleurs» dans les années 1950, pendant la Guerre froide– croyaient pour la plupart participer à un combat progressiste, pour le bien de l’humanité.
L’Idiot utile pense servir une cause juste.
Mais, par manque de jugement ou d’information, il sert en fait, involontairement, une cause qu’il ignore, et qui peut contredire ses convictions profondes. Il est naïf, n’ayant pas su percevoir la réalité de cette cause, ou trop pressé, n’ayant pas encore les éléments qui lui permettraient de bien analyser les conséquences de la voie qu’il soutient.
Plus généralement, il faut rappeler qu’on attribue l’expression à Lénine, qui appelait ainsi cyniquement les intellectuels occidentaux avec lesquels il voulait s’allier, ceux qu’il voulait manipuler parce qu’ils n’avaient pas compris la réalité de la cause défendue, tout en se félicitant de leur «utilité», par le soutien qu’ils apportaient aux communistes.
(22) Lulu dit « Sarkozy dit qu’il s’emmerde… nous devrions l’embaucher…»
Les Arkan boys s’étaient déployés autour de la rue Charles Floquet, ignorants qu’ils étaient que le poulailler était vide. Nos yakusas roulèrent des mécaniques sous leur nez avant que, depuis son smartphone, Arkan Jr leur annonce sa capture. Les mouches venaient de changer d’âne, comme aimait à le dire Thierry Rolland. Ils battirent en retraite tels des vautours déçus de devoir abandonner leur pitance.
Que faire d’ici le rendez-vous de ce soir au 36 quai des Orfèvres ?
Nous phosphorâmes tout en consommant des bolées de thé vert, boisson chère à ma couvée de filles. Lénine se pavanait entre nous, se frottant, se léchant, prenant des pauses indécentes, ce qui fit dire à Adelphine que les mâles dominants étaient tous les mêmes, ils ne pensaient qu’au cul. Tintin au Congo reprit « au cul, au cul, au cul… »
Lulu dit « Sarkozy dit qu’il s’emmerde… nous devrions l’embaucher…»
Nous rîmes de bon cœur.
Rosa, qui se badigeonnait les ongles de pieds en bleu, avec son petit air de sainte nitouche, sur le ton de la confidence nous confia « mon père était syndiqué à FO, qu’il continuait à appeler CGT-FO car il était de la tendance hébertiste, et il citait souvent André Bergeron, le boss dont le slogan-culte était « il faut toujours du grain à moudre… »
Elle enchaînait, si vous voulez que ces messieurs de ce soir vous prennent au sérieux, vous lâchent les baskets, il faut que vous leur apportiez du grain à moudre.
Nous acquiesçâmes.
Pour les ignares qui sont légion :
Alexandre Hébert fut durant quatre décennies l'âme de la CGT-Force ouvrière de la Loire-Atlantique, et l’une des figures centrales du mouvement ouvrier du département depuis l’après-guerre. Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur ce personnage énigmatique et sulfureux.
Pour certains, « Alex », c'était « la dernière figure historique du mouvement anarchiste », un tribun à la voix tonitruante, un intellectuel ouvrier comme le mouvement syndical n’en produit plus. Pour d'autres, Hébert était, au choix, un bureaucrate syndical aux pratiques douteuses, un « trotskyste lambertiste déguisé en libertaire », un manœuvrier, voire même un « flic » ou un « crypto-fasciste ». Si on mesurait l'importance politique et sociale d'un homme à la multiplicité des portraits paradoxaux que peuvent en faire ses amis et ennemis, Alexandre Hébert serait alors, pour la Loire-Atlantique, l'un des personnages centraux de l'après-guerre !
Lui, l’anar franc-maçon et libre-penseur, était lié à Pierre Boussel-Lambert, incontournable dirigeant de l’une des tendances du trotskysme hexagonal et syndicaliste à FO. Trotskyste, Hébert ? Oui, répondent les uns. Lui se dit simple « compagnon de route » et explique que c’est son amitié avec Pierre Boussel-Lambert qui fît qu’il participa aux réunions du bureau politique, nanti comme tous les autres d’un pseudo, comme le veut la coutume révolutionnaire.
« Quel grain pourrions-nous moudre les amis ? Tout bêtement celui qui est à notre disposition entre nos mains. Et qu’est-ce qui est entre nos mains ? Arkan Jr ! Nous allions, de suite, lui faire une proposition ferme et irrévocable : s’il nous donnait de suite, le ou les coordonnées de ses commanditaires, pour que nous puissions engager avec eux, entre gens du même monde, une franche négociation, nous le libérerions dès que le rendez-vous pris avec eux se traduirait par une rencontre en bonne et due forme en terrain neutre. Sinon, il finira sa belle vie dans un bloc de béton.
- Oh ! là, là, comme tu y vas Marie… s’exclama Adelphine
- Suis désolée ma belle mais avec cette engeance nous n’avons pas d’autre choix que celui qu’ils sont prêt à nous appliquer. Rassures-toi, s’il ne cale pas nous nous retirerons de l’affaire et nous le remettrons entre les mains de nos amis de la police qui en feront ce qu’ils voudront bien en faire.
- Tu crois qu’il va céder, c’est un dur à cuire ? s’inquiéta une Adelphine rassérénée.
- Je le pense, le petit traitement que nous avons administré hier au soir à ses troupes va sûrement lui attendrir le cuir et être entre les mains de yakusas ça le faire vraiment réfléchir.
C’était Tarpon qui venait d’intervenir. « J’appelle Lucette Durand pour qu’elle joue les petits télégraphistes… »
Nous nous étonnions nous-mêmes de notre créativité.
Adelphine à peine remise de ses émotions posa la question qui fâche : « Mais pourquoi personne ne s’intéresse à la disparition de Touron ?
- Parce que tout le monde se fout de Touron !
- Tarpon, il est peut-être coulé dans un bloc de béton…
- Ça m’étonnerais, ce serait gâcher du béton pour pas grand-chose.
- Mais si ce n’est que de la roupie de sansonnet pourquoi l’avoir enlevé ?
- Rien n’indique qu’il ait été enlevé. Il a disparu. D’ailleurs choupinette puisque la gendarmerie de Libourne a ouvert une enquête tu devrais faire du charme aux pandores pour savoir où ils en sont…
- Tu es dure avec moi Tarpon mais je vais me mettre sur les traces de Touron.
Rosa qui en avait fini avec ses ongles de pied avant de s’attaquer à ceux de ses mains demanda « il est comment ce Touron ? »
- C’est un pervers polymorphe, une couille molle, un aboyeur planqué…
- Monsieur Tarpon vous l’habillez pour l’hiver ce pauvre garçon.
- Pour ne rien te cacher j’ai ma petite idée sur sa disparition mais je la garde pour moi c’est plus jouissif !
(23) « monsieur le directeur de cabinet gardez votre sang-froid ! Si vous avez des éléments de preuve mettant en cause ce brave Tarpon donnez-les nous ! »
« Ces couloirs contorsionnistes, où la logique se serait perdue, ces bureaux d’où on s’attendait à voir jaillir à tout instant le médecin de famille en complet veston ou à surprendre la dactylo, blondeur naïve et boucles pimpantes, taille serrée en jupe crayon, assidue sur les genoux du dirlo, ce parfum des années 50 qui suintait des murs, ce séduisant bordel organisé, cette ruche qui jamais ne dormait, c’était la BRB. La brigade de répression du banditisme, coincée entre Sainte-Chapelle et préfecture de police et non moins célèbre que sa cousine, un poil plus sévère, la Crime… »
« … Après avoir gravi les deux étages de l’escalier comme une fusée, il donna un coup de pied dans la porte grisée du Balto, le bar de la brigade…»
« … Le nom était inscrit près de la porte. Modèle plaque de rue en lettrage de la Belle Époque : Balto. Une marque de cigarettes de la SEITA – des années 50, justement. Balto pour Baltimore. Le quartier général de la centaine de policiers où en tiendraient dix tassés. Le modèle kitchenette d’étudiant, exiguë, débrouillarde et conviviale où on ne déboule pas en meute. Le nom BALTO était réinscrit sur le frigo du fond, entre deux silhouettes de pistolets collées… »
« … La ruche bourdonnait, les tâches se répartissaient. Dans le petit espace qui avait jadis été un bureau, elles valsaient. Lécher les constatations, constituer les scellés et les exploiter, récupérer les albums photo et les plans de l’IJ, leur mettre la pression pour l’envoi des prélèvements au labo, obtenir les vidéos et la téléphonie, bornage, diffusions des voitures, auditions, et rendre compte à la hiérarchie, la sauce PJ courante… »
J’avais lu avec gourmandise HAUTE VOLTIGE d’Ingrid Astier.
Lorsque nous nous pointâmes, Marie et moi, à l’entrée du 36 quai des Orfèvres le planton nous mena jusqu’à une berline garée dans la cour et nous invita à y prendre place. Nous saluâmes le chauffeur qui s’empressa de nous charroyer. Notre réunion, je le subodorais, après la prise d’Arkan Jr, allait se tenir au sommet. En effet, nous roulâmes jusqu’à la place de la Concorde, prîmes l’avenue Gabriel, longeâmes l’ambassade des Usa puis derrière le cul de l’Elysée avant de virer dans l’avenue de Marigny. Nous entrâmes par la grande grille du Ministère.
Ces messieurs nous attendaient dans un grand salon, debout en rang d’oignons. Le directeur de cabinet, très courtois, surtout avec Marie, nous présenta les uns aux autres ; une belle brochette : le directeur général de la Police Nationale, le directeur général de la gendarmerie, le directeur général de la sécurité intérieure, le directeur de la PJ parisienne, manquait à l’appel le boss de la DGSE. Nous nous assîmes autour d’une table ronde. Avec le sens de la synthèse qu’ont les énarques et la componction que cultivent les membres de la préfectorale, le directeur de cabinet, un homme d’une cinquantaine d’années, cheveux grisonnants taillés courts, fines lunettes sans monture, mine acétique, fit un point de la situation dont il ressortait que notre irruption intempestive dans un dossier sensible mettait en péril le travail patient des services. Dis en langage moins diplomatique « nous faisions chier tout le monde ! »
Je laissai le soin à Marie, plus en cour que ma pomme dont le CV peu glorieux avait dû plonger tout ce beau monde dans une affliction dédaigneuse, de répondre. Elle le fit avec un naturel qui dérida légèrement ces messieurs.
Que leur dit-elle :
Point1 : qu’elle avait été contacté par son éminent collègue du château d’Ô, grand cru classé A de saint-émilion, qui lui avait fait part d’une offre étrange faite par le cabinet d’avocats parisien Parker-Parker&Parker – qui vérification faites n’existait pas – au nom d’un consortium d’investisseurs. Celle-ci consistait à ce qu’Aadvark – bien évidemment Marie n’utilisa pas notre nom de code – céda ses parts à ce consortium et s’entremette, moyennant une juteuse commission, auprès de moi pour que je leur cède l’intégralité de mon portefeuille de propriétés bordelaises. Sans aucun doute le plus beau de la place. Je vous cite mon collègue, pour lui « ça sentait mauvais »
- Qu’avez-vous fait depuis cette révélation ?
- Rien monsieur le directeur puisque j’avais indiqué à mon collègue du château d’Ô que je n’étais pas vendeuse, et surtout pas à ce type de fonds d’investissements sûrement blanchisseur d’argent sale.
- Vous avez des informations sur lui ?
- Nada, pardon absolument rien, pure intuition !
- Monsieur Tarpon qu’êtes-vous allé faire à Saint-Émilion ?
- Grand amateur que je suis, déjeuner excellemment au Logis de la caserne en compagnie du plus grand winemaker que la terre est portée.
- Vous vous fichez de nous !
- Monsieur le directeur je ne me le permettrais pas, vos services ont dû vous rapporter que ma courte visite à Saint-Émilion n’a provoqué aucune perturbation.
- Comment expliquez-vous le rendez-vous soudain d’Agrippine – le directeur bien évidemment nomma la dame par son patronyme – avec Arkan Jr au George V qui s’est ensuivi de la disparition de cette dame ?
- Mais je ne me l’explique pas. J’ignorais, jusqu’à ce que vous me le révéliez, ce rendez-vous et que cette chère dame soit dans l’embarras.
- En revanche, peut-être pourrez-vous nous expliquer les raisons qui ont motivé votre chasse hier au soir en plein Paris par des hommes de main d’Arkan Jr ? Avec le beau bilan que l’on sait…
- Monsieur le directeur je ne sais de quelle chasse vous parlez. Hier au soir j’étais en compagnie de ma maîtresse, mademoiselle Lucette Durand qui est aussi ma banquière. Nous avons passé notre nuit à des jeux que vous me permettrez de ne pas vous décrire. Elle peut en témoigner si vous la sollicitez.
- C’est est trop monsieur Tarpon !
Marie intervint sèchement « monsieur le directeur de cabinet gardez votre sang-froid ! Si vous avez des éléments de preuve mettant en cause ce brave Tarpon donnez-les nous ! »
- Désolé mademoiselle de Saint-Drézéry mais admettez qu’avec l’enlèvement d’Arkan Jr au péage de l’A14 la coupe est pleine !
- Certes mais nous n’y sommes pour rien. Vous nous prêtez à tort des capacités d’action dont nous ne disposons pas.
- J’en conviens mademoiselle mais qui est à l’origine de ce bordel ? C’était le directeur général de la Police nationale qui venait de déborder…
- Monsieur le directeur général, je suis doté d’un sens de l’humour très au-dessus de la moyenne, mais permettez-moi de vous dire que si vous vous ne le savez pas comment un ramier comme Tarpon et une donzelle évaporée comme moi pourraient éclairer votre lanterne ?
À cet instant précis mon smartphone afficha un message.
« Vous permettez ? »
Le directeur de cabinet opina.
(24) « les Ministres passent, les services restent… »
Nous avions enfin du grain à moudre mais je décidai de ne pas l’apporter au moulin de nos hôtes de la place Beauvau. Après avoir lu le SMS je décidai de continuer avec eux notre partie de poker menteur mais en leur promettant que j’abattrais mon jeu s’ils me laissaient jouer un dernier coup. Le bluff c’est de l’adrénaline garantie, ça passe ou ça casse !
« Un élément nouveau vient d’être porté à ma connaissance monsieur le directeur de cabinet ; j’espère que ces messieurs comme vous même comprendrez que, pour la sécurité de mon informateur, je puisse l’exploiter à mes seuls risques et périls. Si vous me laissez le champ libre pendant une semaine je vous promets que je mettrai l’ensemble de ce que je sais du dossier à votre disposition et que vous n’entendrez plus parler de nous… »
Ces messieurs se retirèrent pour conférer. Tarpon en profita pour prendre connaissance de l’information. Il me conseilla de le scratcher, sait-on jamais s’il venait à l’esprit à ces messieurs d’utiliser la manière forte en me faisant confisquer mon smartphone. Je le fis tout en sachant que s’ils en arrivaient à cette extrémité ma dernière donne ne serait plus jouable pour la bonne et simple raison que lorsqu’on a supprimé un message sur son iPhone, le message n'a pas été vraiment supprimé, il existe encore dans le stockage de votre iPhone sous une forme invisible. Pour retrouver l’historique des messages cachés, et les restaurer c’est possible en utilisant un outil tiers. PhoneRescue qui est un logiciel de récupération de données iOS.
En attendant le retour de ces messieurs, qui tardait, je m’imaginais qu’ils en référeraient à l’étage supérieur. Le smartphone de Marie vibrait. C’était le Ministre. Son message était d’une clarté politique limpide « je te donne carte blanche, à toi et à ton étrange partenaire, mais la contrepartie c’est que vous nous rapportiez un succès de taille exploitable auprès des médias… ménage la susceptibilité de mes directeurs… je sais que tu sais faire… bon vent… prends soin de toi… dès que j’aurai un peu de temps nous déjeunerons ensemble… »
Marie se tira avec maestria de l’exercice de haute-voltige consistant à faire reluire le poil susceptible de ces hauts-fonctionnaires tout en ironisant avec légèreté sur les politiques « les Ministres passent, les services restent… ». Très solennelle, elle termina son petit speech bien troussé tout d’abord par une promesse « avant de nous retirer, quelle que soit l’issue de notre démarche, je vous communiquerai un mémo où vous aurez en votre possession tout ce que nous savons de cette affaire, puis par un serment « jamais au grand jamais nous ne ferons état de cet entretien… »
Ces messieurs nous saluèrent avec un respect distant, le directeur de cabinet fut plus chaleureux, surtout avec Marie. Nous rentrâmes à pied rue Charles Floquet.
Arkan Jr s’était déballonné et avait craché au bassinet le nom de son mandataire, plus précisément nous devions entrer en contact avec un grand courtier international basé à Parme qui nous mettrait en rapport avec les investisseurs désireux d’acquérir les parts d’Aadvark dans le château d’Ô et ses petits frères et de bouffer le portefeuille de GCC de Marie de Saint-Drézéry.
Adelphine, s’extasia, « La Chartreuse de Parme je me souviens de l’avoir lue lorsque je tenais le stand de charcuterie au Monoprix de la rue de Rennes… Lorsque j’étais plongé dedans j’en oubliais les clients qui faisaient la queue sans protester.
C'est le 3 septembre 1838 que Stendhal a l'idée d'écrire la Chartreuse de Parme. Pendant 2 mois, il garde le silence, préférant se consacrer à la rédaction des Mémoires d'un touriste. Puis, le 4 Novembre, Stendhal s'installe au 4 Rue Caumartin à Paris. Pendant 7 semaines, il se met au travail et dicte à un secrétaire le texte de la Chartreuse. Le 26 décembre, il remet à son éditeur un texte de plus de cinq cent pages.
La Chartreuse de Parme est publiée en deux volumes en mars 1839. Un extrait du roman, notamment la bataille de Waterloo, a été publié en avant-première dans Le Constitutionnel. Balzac envoie alors une lettre de félicitations à Stendhal.
La Chartreuse de Parme ne recevra que peu d'échos et d'éloges dans la presse. Balzac, toujours lui, publiera en septembre 1840 un très long article élogieux sur ce roman : « M. Beyle a fait un livre où le sublime éclate de chapitre en chapitre. » Il émet également quelques réserves et donne plusieurs conseils à Stendhal. Malgré les quelques critiques, Stendhal est flatté de l'intérêt que lui porte le père de la Comédie humaine. Il commencera même à apporter des modifications au texte de la Chartreuse, allant dans le sens souhaité par Balzac. Mais La Chartreuse de Parme ne connaîtra pas de réédition du temps du vivant de Stendhal, celui-ci mourant dès 1842. Ces corrections ont été le plus souvent reprises en notes, car si parfois elles corrigent une obscurité, « le plus souvent elles alourdissent le trait, et confirment que l'art de Stendhal est fait d'abord de liberté et de spontanéité ».
Dès le lendemain matin nous prenions contact avec le courtier parmesan, c’est Marie qui s’en chargea, elle maîtrise parfaitement la langue de Dante, qu’est-ce-que Marie ne maîtrise pas ? Pour faire preuve de sa bonne volonté elle proposait à celui-ci de lui rendre visite. Il en fut enchanté. Toujours habile à la manœuvre elle prévenait nos contacts dans les hautes sphères policières de ce déplacement. Ces messieurs flattés par autant de prévenance lui firent savoir que leurs collègues italiens assureraient sa protection. On n’est jamais trop prudent dans ce monde de brutes.
Nous décidâmes de louer un jet, un Falcon.
Le Falcon EX est un triréacteur dernier né de la lignée des Falcon 50 construit par Dassault Aviation. Un petit bijou dont la vitesse de croisière de 840 km/h et le rayon d’action maximum de 6000 km.
Cette petite gâterie permettait à Marie d’offrir à Adelphine et à Rosa une petite virée aéronautique au pays du Parmesan. En haut lieu il fut décidé qu’un officier des VO et un honorable correspondant des grandes oreilles nous accompagneraient.