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7 septembre 2017 4 07 /09 /septembre /2017 06:00
Le chai du château d’Ô, saint-émilion grand cru classé A, était plein de corps étrangers (28)

(28) «Elle traversait seule un tunnel, vertigineusement ; elle en était au plus obscur ; il fallait sans réfléchir, comme une brute, sortir de ces ténèbres, de cette fumée, atteindre l’air libre, vite, vite !»

 

C’est un Aadvark échevelé, avachi, liquéfié, que je reçus, sitôt son arrivée de Roissy, dans mon vaste bureau de la rue Charles Floquet, encore sous le coup de la jetlag il eut bien du mal à m’expliquer l’objet de sa visite. En effet, à ses yeux je n’étais qu’un apporteur d’affaires, certes une étrange affaire, donc totalement étranger à ce qui venait d’arriver à Agrippine. Face à sa demande insistante de l’aider à la retrouver j’avais beau lui rétorquer, gentiment d’abord, puis plus sèchement au fur à mesure qu’il persistait, que la police était payée pour ça, il n’en démordait pas.

 

Ma stratégie était celle des sables mouvants : je laissais ce cher homme gigoter, répéter les mêmes propos en boucle, me prendre pour un imbécile, s’époumoner, s’enfoncer… J’attendais qu’il s’épuise, s’aperçoive de son enlisement, de l’ineptie de son comportement, pour le cueillir. Ce que je fis avec une brutalité qui faillit le porter à l’apoplexie, il s’empourpra, sa bouche s’arrondit, son regard s’affola, ses mains battirent l’air.

 

« Agrippine à un amant !

 

  • Un a… un a quoi… un amant…

 

  • Un beau Serbe bien couillu !

 

  • Vous dites n’importe quoi…

 

  • Alors expliquez-moi pourquoi elle le retrouve régulièrement au George V ?

 

  • Comment le saurais-je ?

 

  • Oui les cocus sont toujours les derniers informés…

 

  • Tarpon j’exige des explications !

 

  • Vous n’avez rien à exiger, je vous rappelle que depuis une heure vous me bassiner pour que je prenne en charge la recherche de votre dulcinée. Alors, soit vous affrontez la réalité, soit vous vous adressez à un second couteau de la dimension de Touron.

 

  • Qui est ce Serbe ?

 

  • Un tueur, un homme de mains sanguinaire au service de la Mafia !

 

  • Mon Dieu… mais comment est-ce possible que… comment Agrippine a-t-elle pu se mettre entre les mains d’un voyou ?

 

  • La baise, la folie du corps, la transgression, rappelez-vous Belle de Jour, la belle bourgeoise Deneuve s’amourachant de la petite frappe de Clémenti.

Mon homme était à point, à la ramasse, je pouvais lui déballer avec profit ma salade pas fraîche ; un instant j’envisageai de l’interroger sur le Pourri mais à la réflexion je me dis qu’il fallait que je garde des atouts dans mon jeu.

 

À l’évocation de Marie de Saint-Drézéry, Aadvark blêmi : « Vous m’avez piégé !

 

  • Tout juste Auguste !

 

  • Mais dans quel but ?

 

  • Celui auquel nous sommes arrivés cher monsieur… C’est-à-dire à débusquer qui a aidé à vous piéger…

 

  • Qui ?

 

  • Allons ne faites pas l’enfant, votre Agrippine…

 

  • Ça n’est pas possible !

 

  • Je sais que pour vous la couleuvre est difficile à avaler mais c’est la stricte réalité.

 

  • Vous m’embrouillez…

 

  • Un peu, très cher, j’ai mis la barre très haute pour que vous cessiez de me prendre pour un con. J’ignore la nature exacte des relations de votre moitié avec le grand Serbe mais ce qui est sûr c’est qu’elle est dans le coup.

 

  • Mais pourquoi ?

 

  • Ça c’est une mauvaise question à mon endroit car vous seul pouvez y répondre.

 

  • Je ne comprends pas…

 

  • Vous êtes né dans le pays de Mauriac, de Thérèse Desqueyroux… alors allez chercher les mobiles dans les tréfonds du huis-clos familial, d’une sexualité refoulée, d’une condition féminine étouffée…

 

  • Tarpon vous délirez !

 

  • Sans doute mais, au risque de vous déplaire, je flirte avec la vérité.

 

Pour les ignares, sachez que « Mauriac est, au cours des années 20 fasciné par ces êtres hors norme que sont les meurtrières et plus particulièrement les empoisonneuses.

 

En 1925, il demande à son frère Pierre des documents sur le procès de Blanche Carnaby qui, en mai 1906, avait été acquittée devant les assises de Bordeaux d’une tentative d’empoisonnement de son mari, mais condamné pour falsification d’ordonnance.

 

Cette attirance se manifesta encore en 1933 pour l’affaire Violette Nozières qui défraie la chronique et qu’il suit en tant que journaliste.

 

« Elle traversait seule un tunnel, vertigineusement ; elle en était au plus obscur ; il fallait sans réfléchir, comme une brute, sortir de ces ténèbres, de cette fumée, atteindre l’air libre, vite, vite ! »

 

Le perdreau étant bien faisandé il ne nous restait plus qu’à le cuisiner mais pour cela il nous fallait le jus qu’allait nous ramener de Parme notre très chère Marie.

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