(24) « les Ministres passent, les services restent… »
Nous avions enfin du grain à moudre mais je décidai de ne pas l’apporter au moulin de nos hôtes de la place Beauvau. Après avoir lu le SMS je décidai de continuer avec eux notre partie de poker menteur mais en leur promettant que j’abattrais mon jeu s’ils me laissaient jouer un dernier coup. Le bluff c’est de l’adrénaline garantie, ça passe ou ça casse !
« Un élément nouveau vient d’être porté à ma connaissance monsieur le directeur de cabinet ; j’espère que ces messieurs comme vous même comprendrez que, pour la sécurité de mon informateur, je puisse l’exploiter à mes seuls risques et périls. Si vous me laissez le champ libre pendant une semaine je vous promets que je mettrai l’ensemble de ce que je sais du dossier à votre disposition et que vous n’entendrez plus parler de nous… »
Ces messieurs se retirèrent pour conférer. Tarpon en profita pour prendre connaissance de l’information. Il me conseilla de le scratcher, sait-on jamais s’il venait à l’esprit à ces messieurs d’utiliser la manière forte en me faisant confisquer mon smartphone. Je le fis tout en sachant que s’ils en arrivaient à cette extrémité ma dernière donne ne serait plus jouable pour la bonne et simple raison que lorsqu’on a supprimé un message sur son iPhone, le message n'a pas été vraiment supprimé, il existe encore dans le stockage de votre iPhone sous une forme invisible. Pour retrouver l’historique des messages cachés, et les restaurer c’est possible en utilisant un outil tiers. PhoneRescue qui est un logiciel de récupération de données iOS.
En attendant le retour de ces messieurs, qui tardait, je m’imaginais qu’ils en référeraient à l’étage supérieur. Le smartphone de Marie vibrait. C’était le Ministre. Son message était d’une clarté politique limpide « je te donne carte blanche, à toi et à ton étrange partenaire, mais la contrepartie c’est que vous nous rapportiez un succès de taille exploitable auprès des médias… ménage la susceptibilité de mes directeurs… je sais que tu sais faire… bon vent… prends soin de toi… dès que j’aurai un peu de temps nous déjeunerons ensemble… »
Marie se tira avec maestria de l’exercice de haute-voltige consistant à faire reluire le poil susceptible de ces hauts-fonctionnaires tout en ironisant avec légèreté sur les politiques « les Ministres passent, les services restent… ». Très solennelle, elle termina son petit speech bien troussé tout d’abord par une promesse « avant de nous retirer, quelle que soit l’issue de notre démarche, je vous communiquerai un mémo où vous aurez en votre possession tout ce que nous savons de cette affaire, puis par un serment « jamais au grand jamais nous ne ferons état de cet entretien… »
Ces messieurs nous saluèrent avec un respect distant, le directeur de cabinet fut plus chaleureux, surtout avec Marie. Nous rentrâmes à pied rue Charles Floquet.
Arkan Jr s’était déballonné et avait craché au bassinet le nom de son mandataire, plus précisément nous devions entrer en contact avec un grand courtier international basé à Parme qui nous mettrait en rapport avec les investisseurs désireux d’acquérir les parts d’Aadvark dans le château d’Ô et ses petits frères et de bouffer le portefeuille de GCC de Marie de Saint-Drézéry.
Adelphine, s’extasia, « La Chartreuse de Parme je me souviens de l’avoir lue lorsque je tenais le stand de charcuterie au Monoprix de la rue de Rennes… Lorsque j’étais plongé dedans j’en oubliais les clients qui faisaient la queue sans protester.
C'est le 3 septembre 1838 que Stendhal a l'idée d'écrire la Chartreuse de Parme. Pendant 2 mois, il garde le silence, préférant se consacrer à la rédaction des Mémoires d'un touriste. Puis, le 4 Novembre, Stendhal s'installe au 4 Rue Caumartin à Paris. Pendant 7 semaines, il se met au travail et dicte à un secrétaire le texte de la Chartreuse. Le 26 décembre, il remet à son éditeur un texte de plus de cinq cent pages.
La Chartreuse de Parme est publiée en deux volumes en mars 1839. Un extrait du roman, notamment la bataille de Waterloo, a été publié en avant-première dans Le Constitutionnel. Balzac envoie alors une lettre de félicitations à Stendhal.
La Chartreuse de Parme ne recevra que peu d'échos et d'éloges dans la presse. Balzac, toujours lui, publiera en septembre 1840 un très long article élogieux sur ce roman : « M. Beyle a fait un livre où le sublime éclate de chapitre en chapitre. » Il émet également quelques réserves et donne plusieurs conseils à Stendhal. Malgré les quelques critiques, Stendhal est flatté de l'intérêt que lui porte le père de la Comédie humaine. Il commencera même à apporter des modifications au texte de la Chartreuse, allant dans le sens souhaité par Balzac. Mais La Chartreuse de Parme ne connaîtra pas de réédition du temps du vivant de Stendhal, celui-ci mourant dès 1842. Ces corrections ont été le plus souvent reprises en notes, car si parfois elles corrigent une obscurité, « le plus souvent elles alourdissent le trait, et confirment que l'art de Stendhal est fait d'abord de liberté et de spontanéité ».
Dès le lendemain matin nous prenions contact avec le courtier parmesan, c’est Marie qui s’en chargea, elle maîtrise parfaitement la langue de Dante, qu’est-ce-que Marie ne maîtrise pas ? Pour faire preuve de sa bonne volonté elle proposait à celui-ci de lui rendre visite. Il en fut enchanté. Toujours habile à la manœuvre elle prévenait nos contacts dans les hautes sphères policières de ce déplacement. Ces messieurs flattés par autant de prévenance lui firent savoir que leurs collègues italiens assureraient sa protection. On n’est jamais trop prudent dans ce monde de brutes.
Nous décidâmes de louer un jet, un Falcon.
Le Falcon EX est un triréacteur dernier né de la lignée des Falcon 50 construit par Dassault Aviation. Un petit bijou dont la vitesse de croisière de 840 km/h et le rayon d’action maximum de 6000 km.
Cette petite gâterie permettait à Marie d’offrir à Adelphine et à Rosa une petite virée aéronautique au pays du Parmesan. En haut lieu il fut décidé qu’un officier des VO et un honorable correspondant des grandes oreilles nous accompagneraient.