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1 septembre 2017 5 01 /09 /septembre /2017 06:00
Le chai du château d’Ô, saint-émilion grand cru classé A, était plein de corps étrangers (23)

(23) « monsieur le directeur de cabinet gardez votre sang-froid ! Si vous avez des éléments de preuve mettant en cause ce brave Tarpon donnez-les nous ! »

 

« Ces couloirs contorsionnistes, où la logique se serait perdue, ces bureaux d’où on s’attendait à voir jaillir à tout instant le médecin de famille en complet veston ou à surprendre la dactylo, blondeur naïve et boucles pimpantes, taille serrée en jupe crayon, assidue sur les genoux du dirlo, ce parfum des années 50 qui suintait des murs, ce séduisant bordel organisé, cette ruche qui jamais ne dormait, c’était la BRB. La brigade de répression du banditisme, coincée entre Sainte-Chapelle et préfecture de police et non moins célèbre que sa cousine, un poil plus  sévère, la Crime… »

 

« … Après avoir gravi les deux étages de l’escalier comme une fusée, il donna un coup de pied dans la porte grisée du Balto, le bar de la brigade…»

 

« … Le nom était inscrit près de la porte. Modèle plaque de rue en lettrage de la Belle Époque : Balto. Une marque de cigarettes de la SEITA – des années 50, justement. Balto pour Baltimore. Le quartier général de la centaine de policiers où en tiendraient dix tassés. Le modèle kitchenette d’étudiant, exiguë, débrouillarde et conviviale où on ne déboule pas en meute. Le nom BALTO était réinscrit sur le frigo du fond, entre deux silhouettes de pistolets collées… »

 

« … La ruche bourdonnait, les tâches se répartissaient. Dans le petit espace qui avait jadis été un bureau, elles valsaient. Lécher les constatations, constituer les scellés et les exploiter, récupérer les albums photo et les plans de l’IJ, leur mettre la pression pour l’envoi des prélèvements au labo, obtenir les vidéos et la téléphonie, bornage, diffusions des voitures, auditions, et rendre compte à la hiérarchie, la sauce PJ courante… »

 

J’avais lu avec gourmandise HAUTE VOLTIGE d’Ingrid Astier.

 

Lorsque nous nous pointâmes, Marie et moi, à l’entrée du 36 quai des Orfèvres le planton nous mena jusqu’à une berline garée dans la cour et nous invita à y prendre place. Nous saluâmes le chauffeur qui s’empressa de nous charroyer. Notre réunion, je le subodorais, après la prise d’Arkan Jr, allait se tenir au sommet. En effet, nous roulâmes jusqu’à la place de la Concorde, prîmes l’avenue Gabriel, longeâmes l’ambassade des Usa puis derrière le cul de l’Elysée avant de virer dans l’avenue de Marigny. Nous entrâmes par la grande grille du Ministère.

 

Ces messieurs nous attendaient dans un grand salon, debout en rang d’oignons. Le directeur de cabinet, très courtois, surtout avec Marie, nous présenta les uns aux autres ; une belle brochette : le directeur général de la Police Nationale, le directeur général de la gendarmerie, le directeur général de la sécurité intérieure, le directeur de la PJ parisienne, manquait à l’appel le boss de la DGSE. Nous nous assîmes autour d’une table ronde. Avec le sens de la synthèse qu’ont les énarques et la componction que cultivent les membres de la préfectorale, le directeur de cabinet, un homme d’une cinquantaine d’années, cheveux grisonnants taillés courts, fines lunettes sans monture, mine acétique, fit un point de la situation dont il ressortait que notre irruption intempestive dans un dossier sensible mettait en péril le travail patient des services. Dis en langage moins diplomatique « nous faisions chier tout le monde ! »

 

Je laissai le soin à Marie, plus en cour que ma pomme dont le CV peu glorieux avait dû plonger tout ce beau monde dans une affliction dédaigneuse, de répondre. Elle le fit avec un naturel qui dérida légèrement ces messieurs.

 

Que leur dit-elle :

 

Point1 : qu’elle avait été contacté par son éminent collègue du château d’Ô, grand cru classé A de saint-émilion, qui lui avait fait part d’une offre étrange faite par le cabinet d’avocats parisien Parker-Parker&Parker – qui vérification faites n’existait pas – au nom d’un consortium d’investisseurs. Celle-ci consistait à ce qu’Aadvark – bien évidemment Marie n’utilisa pas notre nom de code – céda ses parts à ce consortium et s’entremette, moyennant une juteuse commission, auprès de moi pour que je leur cède l’intégralité de mon portefeuille de propriétés bordelaises. Sans aucun doute le plus beau de la place. Je vous cite mon collègue, pour lui « ça sentait mauvais »

 

  • Qu’avez-vous fait depuis cette révélation ?

 

  • Rien monsieur le directeur puisque j’avais indiqué à mon collègue du château d’Ô que je n’étais pas vendeuse, et surtout pas à ce type de fonds d’investissements sûrement blanchisseur d’argent sale.

 

  • Vous avez des informations sur lui ?

 

  • Nada, pardon absolument rien, pure intuition !

 

  • Monsieur Tarpon qu’êtes-vous allé faire à Saint-Émilion ?

 

  • Grand amateur que je suis, déjeuner excellemment au Logis de la caserne en compagnie du plus grand winemaker que la terre est portée.

 

  • Vous vous fichez de nous !

 

  • Monsieur le directeur je ne me le permettrais pas, vos services ont dû vous rapporter que ma courte visite à Saint-Émilion n’a provoqué aucune perturbation.

 

  • Comment expliquez-vous le rendez-vous soudain d’Agrippine – le directeur bien évidemment nomma la dame par son patronyme – avec Arkan Jr au George V qui s’est ensuivi de la disparition de cette dame ?

 

  • Mais je ne me l’explique pas. J’ignorais, jusqu’à ce que vous me le révéliez, ce rendez-vous et que cette chère dame soit dans l’embarras.

 

  • En revanche, peut-être pourrez-vous nous expliquer les raisons qui ont motivé votre chasse hier au soir en plein Paris par des hommes de main d’Arkan Jr ? Avec le beau bilan que l’on sait…

 

  • Monsieur le directeur je ne sais de quelle chasse vous parlez. Hier au soir j’étais en compagnie de ma maîtresse, mademoiselle Lucette Durand qui est aussi ma banquière. Nous avons passé notre nuit à des jeux que vous me permettrez de ne pas vous décrire. Elle peut en témoigner si vous la sollicitez.

 

  • C’est est trop monsieur Tarpon !

 

Marie intervint sèchement « monsieur le directeur de cabinet gardez votre sang-froid ! Si vous avez des éléments de preuve mettant en cause ce brave Tarpon donnez-les nous ! »

 

  • Désolé mademoiselle de Saint-Drézéry mais admettez qu’avec l’enlèvement d’Arkan Jr au péage de l’A14 la coupe est pleine !

 

  • Certes mais nous n’y sommes pour rien. Vous nous prêtez à tort des capacités d’action dont nous ne disposons pas.

 

  • J’en conviens mademoiselle mais qui est à l’origine de ce bordel ? C’était le directeur général de la Police nationale qui venait de déborder…

 

  • Monsieur le directeur général, je suis doté d’un sens de l’humour très au-dessus de la moyenne, mais permettez-moi de vous dire que si vous vous ne le savez pas comment un ramier comme Tarpon et une donzelle évaporée comme moi pourraient éclairer votre lanterne ?

 

À cet instant précis mon smartphone afficha un message.

 

« Vous permettez ? »

 

Le directeur de cabinet opina.

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