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20 août 2017 7 20 /08 /août /2017 08:00
« Gouverner, c'est tendre jusqu'à casser, tous les ressorts du pouvoir. » Georges Clemenceau un Vendéen vraiment pas comme les autres…

Né en 1841 à Mouilleron-en-Pareds en Vendée, il y est enterré, Clémenceau a une place à part en Vendée où dans l’imaginaire populaire, celui cultivé par le clergé et les maîtres, les Bleus, les Républicains n’étaient que des hordes sanguinaires venues réprimer le soulèvement Vendéen.

 

C’est le Père la Victoire qui y est honoré.

 

Le 11 novembre 1941, jour anniversaire de l'armistice de 1918 dans l'année du centenaire de Georges Clemenceau, le général de Gaulle se rend à la BBC, et harangue la France de l'ombre en invoquant les mânes du « Tigre » :

 

« De votre temps, nous avions des canons qui hachaient les rangs allemands, des chefs que rien n'abattait et une caponnière à Vincennes pour faire justice de la trahison... » Férocité rare parmi les harangues du futur libérateur, comme si l'hommage au Père la Victoire imposait soudain un surcroît d'agressivité, par mimétisme, pour se mettre dans le ton de la figure implorée. 

 

Incarnant par le verbe et l'action un idéal politique fondé sur la conception intransigeante qu'il avait de l'intérêt général, Georges Clemenceau fut l'une des grandes figures de la IIIe République. «Il y a en moi un mélange d'anarchiste et de conservateur dans des proportions qui restent à déterminer.» La vie de Clemenceau illustre assez bien ce jugement de l'homme d'État sur lui-même. Au terme d'une carrière politique qui a marqué un demi-siècle, c'est lui qui mena la France à la victoire en 1918.

 

Dans une bande dessinée Clémenceau, chez Glénat fayard, dont le scénario est signé par Renaud Dély le rédacteur en chef de Marianne, les premières planches indique clairement quelles furent ses valeurs originelles essentielles :

 

18 Octobre 1856, forêt de Mouilleron-en-Pareds.

 

Georges à 15 ans

 

Son père : « Tu vois Georges, le bois Goulard est là-bas, sur la gauche, et la Châtaigneraie de l’autre côté, sur la droite, par-delà la colline…

 

Lui : « la Châtaigneraie, c’est bien là qu’eut lieu la bataille, père ? »

 

Son père : « Oui Georges, les combats furent terribles mais à la fin de la journée, le général Bonnaire et ses troupes ont réussi à libérer la ville… Ils ont vengé les massacres commis par les Chouans un an plus tôt et conforté la République. C’était en juillet 1794… C’était la Convention, Robespierre dirigeait le pays, mais deux semaines plus tard, il fut trahi et envoyé à l’échafaud. »

 

Lui : « Mais pourquoi Robespierre a-t-il été trahi ? »

 

Son père : « Parce qu’il voulait le bien, la vertu et qu’il les voulait trop et trop vite… c’était un idéaliste. Un homme épris de morale et de pureté… Les silencieux, les muets, les prudents l’ont lâché…

 

Lui : « C’est terrible…

 

Son père : « Toute existence ne prend sens que si elle est, jusqu’au bout, révolte contre l’ordre des choses. Ne l’oublie pas mon fils ! »

 

Lui : « Je ne l’oublierai pas, je te le promets… »

 

Nantes, rue Crébillon, à table

 

Son père : « Tu comprends, mon fils, la Révolution, ses idéaux, sa quête de la liberté, c’est Robespierre et sûrement pas ce corrompu de Danton qui voulait entraîner le peuple sur une fausse route… C’est cet idéal que nous avons voulu perpétuer en 48 et c’est pour cela que nous combattrons encore demain. La République, toujours, c’est important, tu comprends ? »

 

Lui : Je comprends père, je comprends…

 

 

 

LIRE Danton, première victime des « affaires » ICI 

Machination. Sous le règne de la Terreur, son ami Robespierre le fit tomber, notamment pour corruption. Un piège qui en rappelle d'autres, plus récents...

PAR LORIS CHAVANETTE

 

Je ne vais pas vous conter la carrière de Clémenceau, mais en vrac, montrer le caractère bien trempé du personnage :

 

« Pour mes obsèques, je ne veux que le strict minimum, c'est-à-dire moi».

 

« Une terrasse plantée d'acacias qui domine le lit d'un ruisseau. Des arbres, beaucoup d'arbres. Quelque chose dans tout cela de simple et en même temps d'orgueilleux. Une sorte de paix des premiers âges […] M. Clemenceau me montrant sa tombe : voilà la conclusion de votre livre : un trou et beaucoup de bruit pour rien»

 

Bertrand Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, Le Cherche Midi, 2011, p. 267.

 

Une légende tenace veut qu'il ait été enterré debout afin d'être tourné vers la « ligne bleue des Vosges » voire pour défier l'Église catholique; en réalité, du fait d'une des grosses racines du cèdre impossible à réduire, le cercueil ne put être posé à plat, mais fut légèrement incliné.

 

Un de ses familiers, le commandant Jean de Lattre de Tassigny, futur maréchal de France — dont la pieuse mère disait chaque jour son chapelet depuis 1918 pour la conversion de Clemenceau — fut avec son épouse parmi ses rares amis vendéens à assister à ses obsèques, et protesta ensuite envers l'évêque qui n'avait cru devoir annuler une réjouissance publique prévue le soir même.

 

Deux monuments dans mon souvenir : le Monument aux Morts de Mouilleron-en-Pareds, son village natal, il inaugure le 9 octobre 1921  et son propre monument, au centre du bourg de Sainte-Hermine qu’il inaugure le 20.

 

Le groupe sculpté sur place en deux ans par son ami le sculpteur François Sicard, qui le représente debout sur un rocher surmontant plusieurs « Poilus » : la statue, décapitée pendant l'Occupation par les troupes d'Occupation, a été restaurée — la tête originale est conservée au musée national « maison de Georges Clemenceau » de Saint-Vincent-sur-Jard.

 

À l'Assemblée nationale, son talent d'orateur éclate ; dans les tranchées, on retient son inflexibilité et ses rencontres avec les poilus ; avec Georges Mandel, son mépris pour Pétain et sa loyauté absolue envers l'esprit républicain... Sans oublier l'évocation du journaliste, qui, engagé pour Dreyfus, permit la publication dans l'Aurore du J'accuse de Zola.

 

Va-t-en-guerre, vendéen et républicain laïc convaincu, généreux, mais troublant dans son autoritarisme. Radical-socialiste, il n'a pas hésité à réprimer férocement des grèves, d'où son surnom de Tigre. 

 

« Clemenceau cachait une forte sensibilité. Il représente l'archétype du républicain intègre, homme fort capable de sauver la patrie en danger ».

Serge Berstein historien

 

Georges Clemenceau étudia la médecine avant d'être journaliste et homme politique. Il fut maire du XVIIIe, à Paris, deux fois président du Conseil et fut surnommé le Tigre et Premier flic de France, au poste de ministre de l'Intérieur. Il créa les fameuses brigades du Tigre.

 

« Clemenceau fut un bloc, comme la Révolution telle qu'il la défendit lors de l'interdiction de la pièce Thermidor, en 1891. Un bloc de républicanisme et d'anticléricalisme, un bloc de détermination et d'ambition, un bloc de courage et de haine pour ses ennemis. Un bloc avec des arêtes « tranchantes comme un rasoir », outil terrible au service d'une « agressivité incongrue », selon les mots de Julien Gracq. Et comme chaque bloc, comme la Révolution, Clemenceau est parcouru de fissures: il y a, derrière l'homme désintéressé, le manœuvrier interlope de l'affaire de Panama, il y a un tacticien retors tapi sous le tribun inébranlable et des rancunes égoïstes enfouies dans la moustache mythique. Quand il le fallait, le Tigre savait se faire renard, voire serpent...

 

« Ainsi, un peu de fébrilité velléitaire explique sa volonté de concilier versaillais et communards en 1871, une rasade d'opportunisme colore ses indulgences boulangistes en 1887 et la tentation du pouvoir personnel meut cet autoritarisme maladif que Thibaudet appela "radicalisme de proconsulat". Clemenceau est aussi un briseur de grèves, qui ne conçoit pas de République sans ordre ni de démocratie sans bornes. Cela ne le fait pas moins grand, cela le rend moins lumineux. Et plus français encore, de cette tradition qui, de Bonaparte à De Gaulle, fait rimer légitimité avec autorité. Clemenceau, c'est une main de gauche dans un gant de droite. 

 

Les bons mots du cruel Vendéen :

 

« En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui » à propos de Félix Faure, qui « se crut César et mourut Pompée », ou encore, à l'encontre d'un vieux ministre des Finances : « Il est voûté, mais cela n'en fait pas un abri sûr... » Ces mots pour rire n'en ont donné que plus de force à ses formules pour l'Histoire.

 

Quand, le 16 novembre 1917, il prend les rênes d'un pays travaillé par le pacifisme derrière un front lézardé par le défaitisme, c'est par le verbe qu'il s'impose : « Je ne vous ferai pas de promesses, je ferai la guerre : voilà tout. Politique intérieure, je fais la guerre; politique extérieure, je fais la guerre »

 

Le verbe à l'Assemblée, mais aussi dans les tranchées, où il passe un tiers de son temps, ravaudant la confiance entre la troupe et les officiers, renouant ce lien armée-nation sans lequel les démocraties se liquéfient dans la lâcheté.

 

Ce bellicisme insensible au doute, inaccessible aux hypothèses de paix négociée, est au coeur du Clemenceau. C'est « l'indomptable petit vieillard » que le Kaiser désigne dans ses Mémoires comme la cause principale de la défaite allemande, c'est le chef persuadé que gagnera celui qui tiendra moralement le plus longtemps.

 

Clémenceau le meneur qui sait choisir des collaborateurs hors norme (Georges Mandel, Jules Jeanneney) et le provocateur qui obtient le soutien de tous en ne cherchant l'allégeance de personne. « Il fallait, pour qu'on s'en remît à ce lutteur effréné, que la crise atteignît le degré où tout ménagement est exclu », résume De Gaulle dans La France et son armée. Oui, il fallait avancer à l'aveugle et frapper comme un sourd, jusqu'à la reddition de l'ennemi.

 

Hélas, Clemenceau rata la paix, n'obtenant pas ce qui aurait pu éviter la Seconde Guerre mondiale (l'annexion à la France de la rive gauche du Rhin) et imposant ce qui allait la favoriser (le démembrement de l'Autriche-Hongrie). S'il avait encore vécu, aurait-il, d'un rugissement, empêché la République de se vautrer dans la poltronnerie munichoise?

 

Marcelin rencontre Clémenceau par Jean Clavel

 

Le 23 Juin 1907,  Marcelin Albert rencontre Clémenceau à Paris, et retrouve les autres prisonniers :

 

« Je viens solliciter de vous, le retrait des troupes du Midi, la mise en liberté des détenus d’Argeliès, de Ferroul, la répression des fraudes, et vous prier de tendre une main amie à la viticulture, pour le grand bien de la République ».

 

Le dimanche 23 juin Marcelin se présente aux grilles de la place Beauveau :  « Je viens voir le Président du Conseil, je suis Marcelin Albert »

 

Il est introduit aussitôt, les policiers de permanence tentent de s’emparer de lui, mais Clémenceau chasse les inspecteurs, après un échange un peu vif, Marcelin est a court d’argument, le « Tigre » dit qu’il a pleuré : Il se fait patelin : « Je suis sûr que vous êtes un honnête homme. Vous dites que vous êtes républicain, prouvez le : essayez de réunir les principales villes du Midi, les maire,s les conseillers municipaux, et proposez leur de rentrer dans la légalité. Je retirerai les troupes quand tout sera rentré dans la légalité ! Quant à la fraudes nous ferons l’impossible pour la réprimer ».

 

- Je ne refuse pas d’aller prêcher  à mes amis de rentrer dans la légalité et dans l’ordre, en leur promettant de votre part ce que vous venez de me dire. Mais je ne garanti pas de réussir… »

 

- Eh bien ! vous aurez fait votre devoir, et vous irez vous constituer prisonnier. On me traite d’assassin, mais je vous donne ma parole que force restera à la loi… »

 

Il rédige un laisser passer qu’il tend à Marcelin :

 

« J’invite les autorités civiles et militaires à laisser circuler, jusqu’à nouvel ordre, dans  toute l’étendue du territoire, M. Marcelin Albert, porteur du présent écrit, qui retourne dans le département de l’Aude pour se mettre à la disposition de la loi » A Paris le 23 Mai, (il commet l’erreur de date….)

 

- Avez-vous de l’argent ?

 

- J’ai 50 francs mais je ne sais pas si j’en aurai assez pour le voyage !!

 

Clémenceau lui tend un billet de 100 francs, fait appeler une voiture, reconduit Marcelin par une porte de la rue des Saussaies,  l’abrite d’un parapluie.

 

L’ensemble de la chronique ICI 

 

À lire : Clemenceau, chef de guerre, par Jean-Jacques Becker. Armand Colin, 224 pages, 20 euros.

 

La bande dessinée Clémenceau, chez Glénat fayard

 

 

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