L'attaquant portugais Eusebio est stoppé par le gardien et un défenseur de la Corée du Nord Popper Foto/Fifa.com
La Corée du Nord est à la Une de toute la presse.
Qui se souvient de la guerre de Corée conflit emblématique de la guerre froide qui fera 4 millions de morts en 37 mois. Elle entérine la partition de la Corée en deux États.
La Corée du Nord, protégée par la Chine de Mao et l’URSS de Staline (lire Soixante ans de partition ) se referme sur elle-même, mais déjà, on joue au football même s’il est difficile de trouver des ballons.
En 1954, la Corée du Sud se qualifie pour la Coupe du Monde en Suisse.
Le régime de Kim-Il Sun va s’intéresser à partir de 1957 « Selon Park Doo-ik, qui a entaché d’une demi-volée parfaite la splendeur italienne lors de la Coupe du monde 1966, c’est à cette date que l’on est venu le sortir de l’imprimerie où il était ouvrier pour devenir professionnel au sein d’une équipe de Pyongyang. »
En 1958, la Corée du Nord devient membre de la Fifa alors que la plupart des États occidentaux qui ne reconnaissent pas son existence.
Lorsqu’elle se qualifie pour le Mondial, qui doit se dérouler en Angleterre, en battant l’Australie deux fois après le forfait de la Corée du Sud qui refusa de jouer ses matchs extérieurs à Phnom Penh, elle met le Foreign Office dans l’embarras.
Il est même envisagé de céder l’organisation a un autre pays mais « dans le but de ne pas nuire aux amateurs anglais de sport et de ne pas remettre en cause les travaux d’organisation, le gouvernement britannique transige. »
Après d’intenses négociations diplomatiques un compromis est trouvé.
Lorsque les joueurs coréens débarquent à Middlesbrough sont très surpris de voir leur drapeau flotter dans le ciel anthracite du nord de l’Angleterre.
À Middlesbrough, l’équipe locale vient de descendre en 3e division. Les joueurs coréens sont accueillis chaleureusement par le maire et ils vont profiter des buffets qui vont leur être servis.
« Avant de poser les pieds au Royaume-Uni, nous n’étions pas très sûrs de la façon dont les Anglais nous traiteraient. Nous pensions que nous serions dédaignés » Le milieu de terrain Rim Jung-son ne s’attendait certainement pas à voir les fans de la ville ouvrière prendre fait et cause pour leurs petits gabarits qui vont être rudement bousculés par les grands frères soviétiques dès le premier match, 3 à 0. Et dès le deuxième et le troisième match, 1 à 1 contre le Chili, puis victoire 1 à 0 contre l’Italie, les tribunes fleurissent d’écharpes et de drapeaux aux couleurs de la RDPC. Une foule heureuse de gamins demande des autographes aux joueurs qu’ils trouvent « modestes, polis, disponibles et gentils »
« Les Anglais apprécient leur jeu d’attaque collectif et vont soutenir cette équipe que les Italiens, éliminés et aigres, rebaptiseront « les fourmis rouges ». À Liverpool, en quart de finale, la Corée du Nord doit rencontrer le Portugal. Les ouvriers de Middlesbrough font le déplacement à Goodison Park, le stade d’Everton. Ils ont trouvé une équipe de substitution. Mais la Corée va s’incliner 5 à 3 après avoir mené 3 à 0. Les joueurs coréens diront avoir été perturbés par la soudaine fureur des spectateurs anglais qui les encourageaient. La fête est terminée, mais le parcours des Nord-Coréens est apprécié à sa juste valeur par les lads qui n’aiment rien tant que de voir les underdogs mordre les mollets des puissants. Ils n’oublieront jamais. »
« De retour au pays du « cher Kim Il-sung » d’affreuses rumeurs courent. Le « grand leader » qui leur avait simplement demandé de gagner un ou deux matchs aurait été contrarié non pas par le résultat mais par l’attitude relâchée de ses joueurs qui avaient fêté leurs exploits avec de l’alcool et des femmes. »
Source : Débordements sombres histoires de football 1936-2016 Olivier Villepreux Samy Mouhoubi Frédéric Bernard