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14 juillet 2017 5 14 /07 /juillet /2017 06:00
Le Ventoux, le mont chauve, une légende de Pétrarque à Tom Simpson en passant par Jean-Henri Fabre

« Les épreuves que tu as endurées tant de fois, aujourd'hui, dans l'ascension de cette montagne, sache bien que tu les rencontres aussi, toi-même comme tant d'autres, dans la recherche du bonheur....nombre d'escarpements coupent cette route et fait avancer de vertu en vertu, par des degrés éminents. Sur le sommet et le but suprême, le terme de la route vers lequel tend notre voyage. »

 

Pétrarque, « L'ascension du Mont Ventoux », 1336

 

« Surgissant de nulle part au milieu de la Provence qu'il relie aux Alpes, culminant à 1912 mètres d'altitude, le Mont Ventoux porte bien son autre nom de « Géant de Provence ». Son nom viendrait de l'occitan provençal « Mont Ventor » qui signifie « qui se voit de loin ». Son ancien nom, « Ventour », dériverait des mots vent et venteux, tout à fait appropriés au fort mistral qui y souffle régulièrement. D'ailleurs ce n'est pas pour rien que le col situé à un kilomètre du sommet a été appelé « col des tempêtes ».

 

Le Mont Ventoux s'étend sur vingt-cinq kilomètres d'Ouest en Est et sur 8 kilomètres du Nord au Sud. Une forêt de Mélèzes, de cèdres et de sapins le couvre jusqu'à 1500 mètres d'altitude. Au-delà, la végétation disparaît pour donner place à un sommet aride de couleur blanche, fait de casses de pierres plates appelées lauzes. D'où son autre nom, le Mont Chauve. »

 

13 juillet 1967, Marseille. Le Tour doit affronter le Ventoux. Le « Géant de Provence ». L'air est lourd, empesé. Devant l'Hôtel de Noailles, Pierre Dumas, le médecin chef du Tour, confie ses craintes au journaliste, Pierre Chany. « Quelle horreur cette chaleur, si les gars plongent le nez dans la topette, on risque d'avoir un mort. » Il fait près de 40 degrés. Sur la ligne de départ, l'Italien Felice Gimondi porte un mouchoir sous sa casquette ; Tom Simpson, lui, fait mine de bénir ses équipiers avec l'eau de son bidon, qui sait, pour exorciser une forme de prémonition ?

 

Il y a cinquante ans mourrait Tom Simpson

 

Car le Ventoux, ce n'est pas un col. C'est un univers clos. Une bastide somnolente, une sorte de mausolée hypothétique où tout n'est qu'aridité et désolation. D'ailleurs, l'Anglais est vite lâché, il paraît même qu'à Bédoin on l'aurait vu dans un café boire de l'alcool. Quand Lucien Aimar, qui a déjanté au pied de la montée, retombe sur lui à deux kilomètres du sommet, Simpson titube, tête inclinée sur l'épaule. Son regard vague interroge : pressent-il le drame qui se noue ? Sait-il qu'il roule vers l'abîme ?

 

À presque 30 ans, le "Major Tom" (rien à voir avec David Bowie, mais plutôt aux Carnets du Major Thompson de Pierre Daninos qui font fureur dans Le Figaro) connaît parfois des défaillances. Il court trop, tout le monde le sait. Le soir de sa victoire sur Milan-San Remo, il s'est ainsi éclipsé fissa pour aller cachetonner dans un critérium dès le lendemain. C'est par son courage que ce fils de mineur qui avait débarqué à 18 ans à Saint-Brieuc avec 100 livres en poche est devenu en quelques années la coqueluche du peloton. Sa réputation n'est plus à faire : il a déjà disputé une demi-finale aux Mondiaux de poursuite avec une clavicule cassée et a fini 14e du Tour 1964 malgré un ver solitaire terriblement handicapant.

 

Tour de France : 13 juillet 1967, Tom Simpson, la mort en direct

 

Il y a cinquante ans, un des chouchous du public perdait la vie sur son vélo, devant les caméras de télévision. Retour sur un des épisodes les plus marquants de la Grande Boucle.

ICI 

 

« Une ascension au mont Ventoux » Jean-Henri Fabre

 

Le célèbre entomologiste nous convie à l’accompagner sur les pentes du Ventoux, et à nous joindre à son petit groupe de huit promeneurs, botanistes ou simples randonneurs, pour une ascension qui promet de nous transporter de l’Afrique au Groënland, en seulement quelques centaines de mètres de verticalité !

 

Les senteurs végétales et les « petits coups de baromètre » prétextes à quelques gorgées ravigotantes de rhum, nous seront d’une aide précieuse, de même que le pique-nique à la frugalité douteuse et la « petite » sieste d’une heure au soleil qui le conclut !

 

Il faut bien cela pour affronter, le soir venu, la colère des éléments, qui auraient tôt fait de vous désorienter ! Mais ne craignez rien, car faute de boussole, nos compères expérimentés savent se diriger… à la piqûre d’ortie !

 

Vous êtes en forme ? Le sac-à-dos est prêt ? Alors … en route !

 

 

« Bientôt le soleil se lève. Jusqu’aux extrêmes limites de l’horizon le Ventoux projette son ombre triangulaire dont les bords se frangent de violet par l’effet des rayons diffractés. Au sud et à l’ouest, s’étendent des plaines brumeuses ; au  nord et à l’est s’étale, sous nos pieds, une couche énorme de nuages, sorte d’océan de blanche ouate d’où émergent, comme des îlots de scories, les sommets obscurs des montagnes inférieures. Tout là-bas, du côté des Alpes, quelques cimes flamboient. »

 

« Il est dix heures du matin ; nous avons mis six heures pour venir de Bédoin à la fontaine de la Grave, mais d’un pas modéré, comme il convient pour une exploration attentive. »

 

« La nappe est étalée sur un charmant tapis de plantes alpines… Les vivres sont tirés de leurs sacoches, les bouteilles exhumées de leurs couches de foin. Ici, les pièces de résistance, les gigots bourrés d’ail et les piles de pain ; là, les fades poulets, qui amuseront un moment les molaires, quand sera apaisée la grosse faim ; non loin, à une place d’honneur, les fromages du Ventoux épicés avec la sarriette des montagnes, les petits fromages au Pébré d’Asé ; tout à côté, les saucissons d’Arles, dont la chair rose est marbrée de cubes de lard et de grains entiers de poivre ; par ici, en ce coin, les olives vertes ruisselantes encore de saumure, et les olives noires assaisonnées d’huile ; en cet autre, les melons de Cavaillon, les uns à chair blanche, les autres à chair orangée, car il y en a pour tous les goûts ; en celui-ci, le pot aux anchois, qui font boire sec pour avoir du jarret ; enfin les bouteilles au frais dans l’eau glacée de cette auge. N’oublions-nous rien ? Si, nous oublions le maître dessert, l’oignon qui se mange cru avec du sel. Nos deux parisiens, car il y en a deux parmi nous (…) sont d’abord un peu ébahis de ce menu par trop tonique ; ils seront les premiers tout à l’heure à se répandre en éloges. Tout y est. À table !

 

Alors commence un de ces repas homériques qui font date en la vie. Les premières bouchées ont quelque chose de frénétique. Tranches de gigots et morceaux  de pain se succèdent avec une rapidité alarmante. Chacun, sans communiquer aux autres ses appréhensions, jette un regard anxieux sur les victuailles et se dit : « Si l’on y va de la sorte, en saurons-nous assez pour ce soir et demain ? » Cependant la fringale s’apaise ; on dévorait d’abord en silence, maintenant on mange et on cause (…) C’est le tour d’apprécier les vivres en connaisseur. L’un fait l’éloge des olives, qu’il pique une à une de la pointe du couteau ; un deuxième exalte le pot aux anchois, tout en découpant sur son pain le petit poisson jaune d’ocre ; un troisième parle avec enthousiasme du saucisson ; tous enfin sont unanimes pour célébrer les  fromages au Pébré d’asé, pas plus grands que la paume de la main. Bref, pipes et cigares s’allument, et l’on s’étend sur l’herbe, le ventre au soleil. »

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