Sur Face de Bouc, pères et mères s’extasient à qui mieux mieux du succès de leurs mouflons au baccalauréat.
Mais que vaut en 2017 le baccalauréat qui, depuis l’origine, est tout à la fois un certificat de fin d’études secondaires et un premier grade universitaire ?
«Nous formons très bien les très bons, mais nous creusons les inégalités» a regretté le nouveau premier ministre dans son discours. Chaque année, «nous conduisons 60% de bacheliers à l’échec en première année de licence» a-t-il poursuivi, dénonçant un «système rigide» construit autour du baccalauréat.
Sans jouer au vieux grincheux, dire que c’était mieux avant, je puis affirmer que le baccalauréat est un diplôme dévalué, une passoire aux trous de plus en plus grands qui, pour l’immense majorité des bénéficiaires, ouvre les portes d’Université sans avenir.
Augustin d'Humières, professeur de latin-grec dans une banlieue d'Ile-de-France, dénonce le mensonge de l'égalité scolaire dans son livre Un petit fonctionnaire, éditions Grasset, Lire ICI
« Les élèves apprennent ce que nous leur disons d'apprendre, et beaucoup suivent assez docilement les consignes que nous leur donnons. Aujourd'hui une majorité d'élèves, un bac en poche, est-elle capable de rédiger deux pages dans un français correct ? A-t-elle une maîtrise convenable, ne serait-ce que d'une seule langue vivante ? A-t-elle une culture historique et scientifique minimale ? Beaucoup d'enquêtes sérieuses démontrent que ce n'est pas le cas. Et ce n'est pas être "décliniste" que de le dire, cela ne signifie pas nécessairement que l'on pense que "c'était mieux avant". C'est juste un constat.
Il est souvent question des "150.000 décrocheurs", de ceux qui quittent l'école sans formation ni diplôme, mais qu'en est-il de ceux qui s'accrochent, de ceux qui y croient, de ceux qui obtiennent le bac ? Je suis examinateur au bac français depuis une vingtaine d'années et donc assez bien placé pour voir ce que les élèves retiennent de dix années d'étude de la langue française, de ses auteurs, de ses textes. Pour une bonne partie d'entre eux, la réponse est : rien. »
Alors je réponds oui beaucoup de nos nouveaux bacheliers échoueraient au certif !
En 1866, Victor Duruy créa un diplôme sanctionnant la fin de l’instruction obligatoire et l’entrée dans la vie active : le certificat d’études primaires. Par l’arrêté du 18 janvier 1887, ce diplôme donnait droit à l’entrée dans le cours supérieur des écoles primaires élémentaires ; il était exigé des élèves des écoles primaires supérieures ou des cours complémentaires et des candidats aux bourses d’enseignement primaire supérieur.
Avant 1789
Avant 1789, l’Église catholique occupe une situation de quasi-monopole de l’instruction. Les « petites écoles », réservées à une minorité de garçons, car elles sont uniquement financées par les familles, se développent dans les grandes villes. Elles donnent une instruction de base aux enfants : lire, écrire compter. Après la Révolution, une loi de 1793 rend l’enseignement primaire laïc, gratuit et obligatoire pour tous les enfants de 6 à 9 ans. Elle fut diversement appliquée selon les régions.
La loi Guizot du 28 juin 1833 constitue la première charte complète et détaillée de l’École en France. Elle établit la liberté de l’enseignement primaire privé ou public. Elle oblige chaque commune de plus de 500 habitants à ouvrir et à entretenir une école de garçons ; l’école n’est pas encore obligatoire, mais elle doit être gratuite pour les plus pauvres. La loi Guizot est lentement mise en œuvre et ses résultats sont fort inégaux selon les départements.
La loi Falloux du 15 mars 1850 distingue les écoles publiques fondées et entretenues par l’État et les écoles libres créées et gérées par des particuliers, laïcs ou congrégations religieuses.
L’ouverture de classes enfantines pour les élèves de moins de 7 ans est rendue possible par une loi du 8 octobre 1880.
Les lois Ferry de 1881 et 1882 rendent l’école publique gratuite et laïque. L’instruction religieuse est remplacée par l’instruction morale et civique. Les écoles vaquent un jour par semaine afin de permettre aux enfants de suivre un enseignement religieux hors de l’enceinte scolaire. Au fur et à mesure des années, la laïcité de l’enseignement est approfondie (laïcisation des personnels de l’enseignement en 1886) et élargie (laïcisation de l’enseignement secondaire). Avec les lois Ferry, l’instruction est obligatoire pour les garçons et désormais les filles âgés de 6 à 13 ans, sauf si l’élève a obtenu son certificat d’études primaires entre 11 et 13 ans révolus. Elle s’allonge d’un an en 1936 et sera prolongée jusqu’à 16 ans par la loi Berthoin du 6 janvier 1959.
L’enseignement primaire supérieur : 1833 – 1941
La loi Guizot de 1833 institue l’enseignement primaire supérieur. Cet enseignement, qui relevait des écoles primaires, était suivi par les élèves à la suite de l’école primaire élémentaire proprement dite. Il était donné, soit sur deux ans dans les écoles primaires sous forme de cours complémentaires, soit dans des établissements scolaires spécifiques appelés écoles primaires supérieures (EPS) dont la scolarité durait trois ans. Une école primaire supérieure devait être instaurée dans toutes les préfectures et dans les autres villes de plus de 6 000 habitants.
La loi Gobelet du 30 octobre 1886 distingue, au sein de l’enseignement primaire, les écoles maternelles, les classes enfantines, les écoles primaires élémentaires, les cours complémentaires et les écoles manuelles d’apprentissage.
Par ailleurs, dans le cadre de l’enseignement primaire supérieur, cette loi organise les examens du brevet élémentaire (BE) et du brevet supérieur (BS). Le brevet supérieur devient l’examen terminal non seulement des EPS et des écoles normales d’instituteurs, mais aussi des lycées de jeunes filles, lesquelles n’auront pas officiellement le droit de préparer le baccalauréat jusqu’en 1924.
L’enseignement primaire supérieur est supprimé par la loi du 15 août 1941. Les cours complémentaires sont en revanche maintenus jusqu’au décret du 6 janvier 1959 qui les transforme en collèges d’enseignement général (CEG), devenus par la loi du 11 juillet 1975 les collèges d’enseignement secondaire (CES).
Le 8 mai 2007
Qui se souvient des cours complémentaires ?
On a oublié les cours complémentaires. Le légendaire républicain s'est focalisé sur l'école primaire de Jules Ferry. L'école du peuple se complétait pourtant, après le certificat d'études, par un enseignement primaire supérieur dont les écoles primaires supérieures déjà prévues par la loi Guizot (1833), constituaient la forme achevée. Ces écoles primaires supérieures, très sélectives, refusaient dans les années 1930 plus d'élèves qu'elles n'en acceptaient. Elles assuraient quatre années de formation après le certificat d'études et conduisaient au brevet. Leurs élèves trouvaient facilement des places de commis aux écritures, de comptable, et même, pour les filles, d'institutrice.
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