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26 juin 2017 1 26 /06 /juin /2017 15:10
Que du bleu : de la trop facile victoire de Nicolas Hulot sur Stéphane Travert à propos de l'interdiction des insecticides de la famille des néonicotinoïdes

Il est incontestable que Nicolas Hulot, et plus encore Stéphane Travert sont des « bleues bites » de l’interministérielle mais j’ai des doutes sur le fait que suite à une fuite, à mon sens bien à propos, un document interministériel prévoyant en effet de revenir sur l'interdiction de l'épandage aérien et l'utilisation de certains pesticides « tueurs d'abeilles », les néonicotinoïdes, le tout nouveau Ministre de l’Agriculture soit monté au créneau, toujours sur RMC, pour affirmer que la porte restait ouverte à des aménagements. La législation française « n'est pas conforme avec le droit européen » qui est plus souple, a déclaré Stéphane Travert sur RMC-BFMTV, le ministre estimant que certains pesticides « n'ont pas de produit de substitution ».

 

Aussitôt sur les réseaux sociaux les « on vous l’avait bien dit », les pourfendeurs patentés ou non des oligarques, du néo-libéralisme, les adorateurs du leader maximo qui, par son simple verbe chasserait tous les pesticides de notre beau terroir, s’en donnèrent à cœur joie.

 

Nicolas Hulot (@N_Hulot) sur Twitter répliquait :

@RMCinfo les interdictions de neonicotinoides & épandage aerien ne seront pas levées, les arbitrages ont été rendus en ce sens

 

12h29 : Le gouvernement ne reviendra pas sur l'interdiction des pesticides néonicotinoïdes à partir de septembre 2018, annonce un communiqué du Premier ministre Edouard Philippe

 

 

 

Fin de la séquence, qui pour moi n’a rien de cacophonique, ne relève pas d’un disfonctionnement, d’un défaut de communication entre Ministres, leurs cabinets, mais relève à mon sens de la méthode Macron.

 

Ce n'est que mon point-de-vue mais je le partage.

 

Le petit soldat Travert selon moi est monté au créneau pour montrer aux dirigeants agricoles officiels, plus particulièrement ceux des grandes cultures, que leur bon Ministre de tutelle n’était pas sourd, qu’il prenait en compte leurs revendications.

 

Le Hulot, lui, campant sur son Olympe ne pouvait que se mettre en travers, si je puis dire, des irresponsables demandes de son collègue de la rue de Varenne.

 

Rappelons au bon peuple que le 9 février, le directeur général de l'ONG environnementale WWF, Pascal Canfin, posait au candidat d'En marche une  question très précise sur les néonicotinoïdes :

 

  • Est-ce que vous revenez sur la règle actuelle, c’est-à-dire l’interdiction en 2020 ?
  • Non, répondait Emmanuel Macron.
  • Est-ce que vous la confirmez ? relançait Pascal Canfin.
  • Oui, assurait le futur président de la République.

 

Sauf à ce que brave Travers eut des intentions suicidaires je ne le vois pas mettre en doute la parole présidentielle, il a simplement joué son rôle de « Ministre des agriculteurs » en marchant sur des œufs.

 

Nos chers journalistes, pour la plupart ignorants du cambouis de l’interministérielle sont tombés dans le panneau. Il va falloir qu’ils se penchent d’un peu plus près sur le pragmatisme macronien.

 

Pour ce faire il leur faudra se faire envoyer par des gorges profondes des bleus de Matignon, qui ne sont pas une variété de patates ou un fromage persillé mais le marbre de la décision interministérielle.

 

Dans le jargon administratif, le bleu de Matignon est le document qui rend compte de l'arbitrage du Premier ministre rendu à l'issue d'une réunion interministérielle. Le bleu est le symbole de l'autorité d'un chef de gouvernement. C'est son sceau. C'est également ce qui marque sa capacité à trancher. Une fois publié, plus rien ne peut le changer. La décision du Premier ministre s'impose à tous: aux ministres, à leurs cabinets, aux directeurs d'administrations centrales. C'est une incarnation du pouvoir.

 

Concrètement, en cas de désaccords, et ils sont fréquents, entre Ministres, le cabinet du Premier Ministre convoque les cabinets des Ministres concernés à une réunion dans une soupente de Matignon. Selon l’importance du sujet, ce sont des conseillers techniques ou le directeur de cabinet en personne, entourés des spécialistes de leur administration qui s’y rendent. Un membre du cabinet du Premier Ministre préside la réunion. Chacun expose son bout de gras, ferraille, défend son point-de-vue, le verbatim de la réunion est tenu par un membre du Secrétariat Général du Gouvernement, instance méconnue, non politique, qui est au cœur du fonctionnement du gouvernement.

 

Suite à cette réunion, le cabinet du Premier Ministre présente à celui-ci, ou à son directeur de cabinet, la proposition d’arbitrage qui, une fois entérinée par le Premier Ministre fera l’objet du fameux bleu de Matignon.

 

Entre les mains du SGG, toujours dans sa relation directe avec le Premier ministre et les membres de son cabinet, figure un instrument déterminant : le monopole du bleu. Ainsi exprimée, l’expression a de quoi surprendre. Elle fait référence à la couleur du papier sur lequel sont présentés et diffusés les relevés de décision. « Bleuir » est donc devenu une expression courante. Elle est celle de l’authentification.

 

 

Rien n’existe, rien n’est définitif, qui n’ait été « bleui ». Même un accord formel et personnel entre des ministres et leur chef ne produira d’effets qu’une fois enregistré sous cette forme. C’est dire le pouvoir qui s’attache à ce monopole que Matignon détient seul, et dont le SGG est le lieu d’exercice.

 

Lire LES NOUVEAUX BLEUS DE MATIGNON

 

Serge Lasvignes , Secrétaire général du Gouvernement ICI

 

 

GUY CARCASSONNE CE QUE FAIT MATIGNON ICI

 

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