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13 juin 2017 2 13 /06 /juin /2017 06:00
Péchés de chair : d’un côté, des vegans, de l’autre, des éleveurs, entre les deux, des consommateurs qui ne savent plus trop à quel saint se vouer…

Le jour de la fête des mères, Lolita Lempicka, styliste de mode engagée dans la cause animale, écrit sur un blog du HuffPost :

 

Renoncer aux produits laitiers, c’est épargner les vaches qui sont aussi des mères

 

« En cette fête des mères, n'oublions pas que l'industrie du lait arrache aux vaches leurs bébés pour que les humains puissent boire le lait qui leur était destiné.

 

Il n'y a rien de tel que l'amour d'une mère pour ses enfants. Avant de devenir moi-même une maman, je ne comprenais pas tout à fait à quel point l'amour maternel nous remplit d'un instinct protecteur, d'un sentiment puissant qui nous engage à nourrir, réconforter et protéger nos enfants à tout prix. Mais maintenant que je connais ces sensations, je ne peux pas nier que d'autres mères les ressentent aussi, et c'est pour cette raison qu'il m'est impossible de consommer en bonne conscience des produits laitiers.

 

Laissez-moi m'expliquer. Entre les mères vaches et leurs veaux, c'est le grand amour dès la première seconde, exactement comme ça l'est entre les mères humaines et leurs bébés. Dès les premières minutes qui suivent la naissance, un lien très fort se développe et celui-ci dure toute la vie. Leur attachement et leur affection l'un pour l'autre est si profond que la mère et son petit endurent une détresse extrême s'ils sont séparés. Malheureusement, c'est ce qui arrive tous les jours dans les élevages où les vaches sont utilisées pour produire du lait.

 

Ce déchirement est une souffrance qu'a très bien connu Clarabelle, une vache dont l'histoire a fait le tour d'internet il y a deux ans. Épuisée à force d'être exploitée par l'industrie du lait, Clarabelle allait être abattue car sa production de lait avait commencé à décliner, mais elle fut sauvée par un sanctuaire. »

 

La suite ICI

 

« D’un côté, des vegans qui voudraient que l’homme cesse toute exploitation animale et multiplient les vidéos chocs et les happenings macabres ; de l’autre, des agriculteurs qui défendent becs et ongles une activité vieille de plus de 10 000 ans. Entre les deux, des consommateurs qui ne savent plus trop à quel saint se vouer… Peuvent-ils encore manger de la viande sans culpabiliser, se délecter d’un steak sans prendre de risque pour leur santé, avaler une côtelette sans mettre la planète en danger ?

 

Eh bien oui, malgré les injonctions, les stigmatisations, la culpabilisation, les Français continuent de manger de la viande, cette dernière restant un marqueur culturel fort de notre société. Mais moins qu’avant et de manière différente, et avec cette inquiétude croissante des conditions d’élevage et d’abattage des animaux. Une tendance qu’il ne faut ignorer, car elle signe un véritable changement de notre rapport aux animaux. »

 

  1. Un changement de notre rapport aux animaux.

 

Manifestation étrange, ce samedi 25 février 2017 : face à l’entrée du Salon de l’agriculture et dans un silence de mort, des femmes et des hommes vêtus de noir, les yeux bandés, laissent couler de leur bouche un filet de (faux) sang. Au-dessus de leurs têtes, des pancartes parlent pour eux : « leurs hurlements sont silencieux, leur souffrance est réelle ». Le malaise est palpable. Les parents jusque-là ravis de montrer les « animaux de la ferme » à leurs bambins pressent le pas. Plus dur encore, la semaine suivante, des militants de 269 Life mettent en scène, dans un happening choc, un dîner sanglant exposant tout à la fois de la viande et de l’humain. Jusqu’au-boutistes, en 2012, ces activistes s’étaient fait marquer au fer rouge, en hurlant de douleur, le numéro 269, en signe indéfectible de leur solidarité et de leur empathie envers les animaux, qu’ils considèrent comme leurs égaux. Le but ? Secouer les consciences et convertir les mangeurs de viande, déjà pas mal chamboulés par les images insoutenables d’abattoirs ou d’élevages intensifs diffusées par L214.

 

Bête noire des abattoirs, cauchemar des éleveurs

 

A quelques semaines des élections présidentielles et législatives, les associations de protection ou de libération des animaux elles-aussi mettent les bouchées doubles. La goutte de trop qui fait exploser les agriculteurs, lesquels traversent déjà une crise qui voit, tous les deux jours, l’un d’entre eux se suicider. Contre toute attente, de la Conf à la FNSEA, les quatre principaux syndicats agricoles signent une « alliance sacrée » et dénoncent dans une déclaration commune les campagnes de « culpabilisation des consommateurs » et de « stigmatisation des éleveurs ».

 

Dans ce contexte, difficile de percevoir les aspirations et craintes des consommateurs. Jean-Pierre Poulain, sociologue de l’alimentation (Certop), a dirigé, de 2009 à 2016, une étude permettant justement d’écouter à bas brut la voix des consommateurs, masquée par ces « bulles médiatiques considérables ». Porte d’entrée originale : non plus le risque, mais l’inquiétude. Un terme soigneusement choisi qui a permis de redonner, dans ce monde saturé par les questions sanitaires depuis la vache folle, une légitimité à des questions relevant « de choix de société et d’éthique, jusque-là considérées comme secondaires, quand il ne s’agissait pas de “conneries” de bobos. » Pour preuve, la crise des lasagnes de 2013 a rappelé qu’une crise alimentaire n’est pas forcément mue par des craintes d’intoxication. Avec cette fraude, les consommateurs sanctionnent désormais aussi la non-sincérité d’un acte de commerce, comme l’appellent les juristes. Et refusent d’ingérer malgré eux des produits qu’ils jugent symboliquement non mangeables ou devenus comme tels, ce qui est le cas de la viande de cheval.

 

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  1. Au nom d’une humanité carnivore.

 

Pourquoi l’homme mange-t-il de la viande et comment s’arrange-t-il avec ce que Pythagore nommait déjà le meurtre alimentaire ? Comment l’humanité pourrait-elle changer radicalement de cap et préférer les végétaux aux animaux ? C’est à toutes ces questions que Florence Burgat, philosophe, directrice de recherche à l’Inra, détachée aux Archives Husserl de Paris, répond dans « L’humanité carnivore », un livre érudit et accessible, qu’elle vient de publier au Seuil. Catherine Larrère, également philosophe et membre du comité d’éthique de l’Inra, a accepté de lui porter la contradiction. Résultat : un débat passionnant, stimulant et exigeant…

 

  • Florence Burgat, pourquoi avoir écrit ce livre et pourquoi ce titre, « L’humanité carnivore », alors que l’on dit de l’homme qu’il est omnivore ?

 

F. Burgat : Ce livre s’inscrit dans le prolongement de recherches que je mène depuis une vingtaine d’années. J’ai essayé d’écrire un ouvrage de fond qui pose une question qui, à mon avis, n’est pas véritablement posée : pourquoi l’humanité est-elle carnivore ? Nombre de disciplines comme la nutrition, l’histoire et la sociologie de l’alimentation ont répondu à cette question et apportent des éclairages mais, malgré cela, il m’a semblé qu’il restait un noyau qui n’était pas interrogé et qui le mérite pourtant.

 

C. Larrère : La consommation de viande, la condition animale sont des sujets sensibles, et le livre de Florence est un travail de très grande qualité, accessible à beaucoup. Extrêmement clair et très argumenté, il va dans le sens de mon travail sur la nature. Il est très important que sur des questions d’actualité, on ne cède pas sur l’importance d’une réflexion de fond.

 

F. Burgat : Ma question est « Pourquoi l’humanité mange-t-elle des animaux ? », et non « pourquoi mange-t-elle de la viande ? » Je ne parle pas ici d’un régime alimentaire, qui est effectivement omnivore, mais bien du fait que l’humanité a institué l’alimentation carnée. Par ailleurs, l’humanité carnivore est un thème qui apparaît dans la littérature, dans les mythes…

 

C. Larrère : Je rappellerai la distinction entre carnassier et carnivore. Si l’humanité ne mangeait que de la viande par besoin physiologique, comme le sont les loups, les chats, elle serait carnassière. Carnivore signifie que l’on mange de la viande, avec une référence qui dépasse de beaucoup l’apport de protéines dans un régime omnivore. D’où la question que se pose Florence : alors que l’humanité est omnivore, pourquoi la consommation de viande a-t-elle un rôle central, et non anecdotique ou passager ? Elle l’aborde philosophiquement, comme une question sur l’humanité dans son unité et son rapport ou son absence de rapport à sa nature.

 

F. Burgat : C’est cela. Car même si l’humanité était physiologiquement carnassière, elle pourrait souhaiter moralement s’écarter de cette nature, comme elle le fait par exemple pour la reproduction. Mais il n’en est rien. Alors que l’humanité peut désormais choisir son régime et où elle peut se passer de viande, puisque que nous disposons des connaissances en nutrition et de savoir-faire, pourquoi choisit-elle de manger des animaux dans des proportions qui vont de façon croissante ? L’institution de l’alimentation carnée se radicalise, se développe et s’universalise. La question de l’humanité carnivore se pose donc encore plus nettement aujourd’hui. C’est là que l’on s’écarte d’une question simplement biologique ou nutritionnelle.

 

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  1. Adieu, veau, vache, cochon, couvée ?

 

Certes, la consommation de viande ne cesse de baisser depuis des années. Mais tout se complique dès lors que l’on cherche à savoir pour quelles viandes, en quelles proportions et selon quels modes d’achats et de consommation. Précisions avec Philippe Chotteau, directeur du département économie des filières à l’Institut de l’élevage.

 

Consommation de viande en 2015, par habitant et par an, pour l’UE 28 et la France

 

Bœuf : respectivement 11 kg en UE et 17,3 kg en France

Porc: respectivement 32,7 kg et 26,3 kg

Volaille : respectivement 23.1 kg et 26.4 kg

Mouton : respectivement 1.9 kg et 2.6 kg

 

Soit une consommation totale de viande par an-habitant de 68,7 kg dans l’UE-28 et de 72,6 kg en France. (1)

 

Toutefois, P. Chotteau précise qu’il s’agit là de chiffres de kg de viande consommés et non d’équivalent-carcasse, qui incluent les os et les déchets. Par exemple, chez les bovins, seuls 68% de la carcasse sont directement consommables par l’homme.

 

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  1. Au nom de la souffrance animale

 

En mars 2017, le premier procès pour actes de cruauté et maltraitance sur des animaux s’est ouvert en France, suite aux vidéos tournées dans un abattoir par l’association L214. Des images insoutenables qui ont également fait bouger le politique. Retour sur ces lieux jusque-là ignorés de la société, où manque de formation et cadences infernales expliquent en partie cette souffrance partagée par les animaux et les hommes.

 

« L214 nous a volé la vedette ! » ironise Jean-Pierre Kieffer, le président de l’Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs (OABA). Une association reconnue d’utilité publique, créée il y a 50 ans, qui fut très longtemps la seule à s’occuper de la protection des animaux d’élevage. Au conseil d’administration, des vétérinaires, des avocats. Pas de vegans dans les locaux.

 

Concernant les vidéos diffusées par L214, Jean-Pierre Kieffer est partagé. Pour lui, d’un côté la violence des images stigmatise nombre d’éleveurs et de directeurs d’abattoirs qui s’interrogent quant au bien-fondé de se décarcasser s’ils ne sont perçus que comme des assassins. De l’autre, le buzz médiatique a poussé les politiques à réagir, « ce que nous n’avions pas réussi à faire par le dialogue, malgré nos alertes répétées quant au besoin de prendre davantage en compte les demandes de l’OABA et des autres associations de protection des animaux. Nous savions qu’un scandale éclaterait. » C’est fait.

 

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  1. Au nom du paradis perdu.

 

Quand les plus pauvres parlent d’élevage et de consommation de viande…

 

Quelque 6 millions d’hommes, de femmes et d’enfants vivent en très grande pauvreté, cachés du regard des autres, dans des tentes de fortune, des caravanes en lisière de forêt ou des HLM. C’est avec une quinzaine d’entre eux qu’ATD Quart Monde planche actuellement au sein d’un laboratoire d’idées santé sur le thème « Se nourrir dignement et durablement avec 57 € par mois ».

 

57 €, ce qu’il reste du RSA une fois payés le loyer, pour éviter l’expulsion et les enfants à la rue, l’eau, le gaz, l’électricité.

 

« Seuls les plus pauvres pourront trouver des solutions pour les plus pauvres », explique Huguette Boissonnat-Pelsy, responsable du département santé à ATD QM. Il faut « accéder à leur expertise, elle est essentielle à la compréhension du sujet dans sa complexité ». Et de se rappeler combien ils furent humiliés, quand l’idée fut émise de leur distribuer les lasagnes à la viande de cheval que nous autres consommateurs ne voulions pas. Pourtant, assure-t-elle, « le cheval n’est pas tabou. Au contraire, c’est le top du top. Avec un steak de cheval, on a des protéines pour ses enfants pour la semaine, disent les familles pauvres. »

 

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commentaires

P
La mode est une chose légère c'est bien connu ; légèreté qu'il est souvent difficile de dépasser. C'est ce qu'illustre les propos de miss Lolita qui ferait mieux de s'inspirer de son homonyme Tamara de LEMPICKA peintre "art deco" tombé dans l'oubli et redécouvert dans les années 70 et dont l'oeuvre a une autre consistance que le "packaging mercantile" Cette légèreté qui sait par ailleurs ne pas être dépourvu de charme amène , avec le plus grand sérieux hélas, à proférer des perles qui ne résistent pas à l'analyse. Quelle sottise que cet " instinct " maternel . Des gens aussi respectable que l'historien Philippe ARIES ou Elisabeth BADINTER philosophe féministe ont démontré qu'il s'agit la d'une invention accompagnant l'essor de la bourgeoisie dans nos sociétés et qui, poussée à l'extrême donne ,en Allemagne,ce statut social de la femme dont le rôle est réduit au 3 K : Kinder - Kuche - Kirche ( Enfant,cuisine,église ) et qui traite de Rabenmutter les mères qui n'entendent pas se soumettre à ce diktat social ( Mère corbeau - celle qui comme ce volatile, abandonne ses enfants aux nids les livrant à eux mêmes.) N'oublions pas non plus que cette "fête des mères" moderne est une récupération du très honorable régime de Vichy relayée par la suite par le commerce.<br /> Et puisqu'il s'agit ,dans cette chronique, d'animaux il faut savoir qu'autre fois dans le tiers état , la mort d'un nouveau né était ressentie comme moins grave ( une bouche de moins à nourrir ) que la mort du cochon ( qu'allons nous manger cet hiver) Cet anthropomorphisme me gonfle comme disait l'autre.<br /> Quant au fond du problème évoqué par cette riche et dense chronique je reconnais être quelque peu<br /> perplexe et je vais me jeter sur la littérature proposée pour me faire une idée. Mais quelques soient les conclusions que je pourrais en tirer je ne renierais pas ma fascination pour la tauromachie autre sujet clivant s'il en ait. Na !
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